CAMILLE CLAUDEL 1915 de Bruno Dumont **(*)
Camille Claudel internée de force par son abominable famille survit tant bien que mal, accablée de chagrin, à l'asile psychiatrique de Montdevergues près d'Avignon. En 1915, elle est enfermée depuis deux ans et attend la visite de son frère dont elle espère qu'il la fera sortir dès la fin de la guerre. On sait qu'elle y passera 30 ans, qu'elle y mourra, que son méprisable frère, l'illuminé Paul Claudel, ne lui rendra que quelques visites alors même que le directeur et médecin de l'hôpital lui assure qu'elle serait en état de sortir.
Le destin de Camille Claudel artiste de génie, détruite par sa passion dévorante pour Rodin dont elle imagine toujours qu'il veut la tuer et s'approprier son oeuvre, anéantie par son frère le détestable Paul, est bouleversant. Le sort réservé à Camille est un crève-coeur. Certes paranoïaque, l'artiste n'avait rien perdu de son intelligence et de son indépendance. Elle appelle au secours, supplie son médecin, écrit des lettres, implore Paul. Personne ne l'écoute, personne ne l'entend. Abandonnée de tous, elle s'interroge sans cesse. Pourquoi est-elle enfermée ainsi, privée de liberté, privée de son "cher travail", surveillée en permance, comme une criminelle ? Et son frère, ce mystique dévot, sans doute effrayé par l'ombre que son illustre soeur aurait pu lui faire, incapable de la moindre humanité envers elle, n'en est que plus ignoble.
Habitué des tournages avec des non professionnels, Bruno Dumont choisit pour une fois de se confronter à une star. Et Juliette Binoche s'oublie totalement derrière la douleur et la solitude de Camille. Elle devient Camille. Sans artifice, visage livide, émacié, elle exprime mieux qu'avec des mots toute la souffrance, l'incompréhension et la révolte parfois de son personnage. Et on retrouve ainsi la Juliette qu'on aimait, sensible et expressive, loin des compositions hystériques et pédantes de ces dernières années qui semblaient crier "regardez la grande actrice que je suis !" Ici, elle est une grande actrice, bouleversante, triste, tragique et troublante dans cette intense et injuste douleur. Sa solitude et sa peine sont un supplice. La voir pétrir un peu de terre puis la rejeter suffit à nous faire comprendre que se remettre à sculpter (ce qu'elle ne fera plus jamais) reviendrait à se résigner à sa situation inacceptable. Pas besoin de discours, le visage de l'actrice, ses larmes, ses rares sourires suffisent à exprimer tous les doutes et les tourments.
Alors pourquoi Bruno Dumont n'a t'il pas suffisamment fait confiance à son actrice en la plaçant au milieu de véritables malades ? D'autant que ces femmes dans un état de délabrement physique et mental impressionnant mettent plus mal à l'aise qu'autre chose. Il y a d'un côté de "vraies" malades et de l'autre une actrice. La connexion entre les unes et l'autre ne se fait jamais selon moi. Dommage.
Commentaires
J'attends les vacances.
J'irai peut-être
Rien que de voir son air j'ai envie de frapper
Bon
Bref
ça me faisait ça aussi en voyant l'affiche...
mais franchement, elle n'a JAMAIS cet air (hautain)dans le film, elle est vraiment touchante, vraiment Camille. ça m'a réconciliée avec elle depuis le puant Copie Conforme.
Un film que je pense aller voir bientôt, Dumont étant un cinéaste assez dérangeant et surprenant.
Sinon, en passant, y'a jeu par chez moi !
aaaaaaaaaaaaaaaaah j'y vole !
Alors là, je ne comprends pas. Mais pas du tout. Je crois que c'est la seule et unique fois que j'ai voulu quitter la salle, et ce au bout de 40min. Je me suis forcée à rester. Et pas par curiosité. Uniquement car Flo ne voulait pas déranger les gens pour sortir. Mais franchement, c'était presque un supplice. Je n'y ai pas cru un instant contrairement à toi, et n'ai ressenti qu'un malaise avec ces personnes autour d'elles, malades et même sœurs.
Je suis d accord pour les malades bavants qui mettent mal à l aise et le personnel qui joue comme une savate ms Juliette m a émue.
Bon, tant mieux alors ! Et maintenant tu nous dis que Queen of Montreuil est nul. Merde alors je voulais y aller, mais pas 2 films nuls d'affilée, it is not possible
ah j'ai détesté ! J'ai trouvé ça bête. Et Florence Loiret Caille que je trouve souvent formidable n'est pas bonne ici en dépressive qui ne sait pas quoi faire de sa peau. Le côté farfelu m'a laissé de marbre, je l'ai même trouvé ridicule et forcé... et l'actrice suédoise est catastrophique !
The place beyond the pines est par contre un GRAND GRAND Film !