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LE TEMPS DE L'AVENTURE de Jérôme Bonnell ***

Le Temps de l'aventure : affiche

Alix joue une pièce à Calais. Son agent lui demande de faire un aller retour à Paris auditionner pour un film. Mais la journée va prendre un tour tout à fait inattendu. Alix n'est pas au mieux de sa forme et de son moral. Elle se sent à une période charnière, capitale de sa vie (on apprendra assez tard pourquoi) et elle s'interroge sur l'avenir de son couple avec Antoine, dont on n'entendra que la voix au téléphone. Un événement va rendre cette journée qui aurait dû être banale, tout à fait particulière, unique puis inoubliable. Dans le train le regard d'Alix croise celui d'un homme triste et sans le comprendre ni se l'expliquer, elle va être comme aimantée à cet inconnu, le suivre, le perdre, le retrouver...

Bien sûr, l'homme observe un peu, discrètement Alice du coin de l'oeil, sans doute intrigué par son regard à elle, insistant. J'avoue que j'ai eu un peu de mal à comprendre l'attitude d'Alix. Comment une femme peut-elle suivre un homme au point d'aller frapper à la porte de sa chambre d'hôtel et lui bouffer la bouche, cet homme qui, sans réellement la repousser, ne l'encourage à aucun moment ? Au cinéma je suis très romantale et sentimentique et je peux comprendre et même souhaiter un coup de foudre réciproque, le genre qui pétrifie les deux protagonistes. IRL beaucoup moins et il faut (fallait !!!) me jouer du biniou suffisamment longtemps avant que je lève un oeil. Ici, pendant un looong temps je me suis dit qu'Alix allait se prendre un rateau et que le monsieur en costume allait lui demander de retourner jouer avec les enfants de sa cour. Oui, je sais, c'est moche. Mais il faut l'avouer, Gabriel Byrne est réfrigérant malgré son charme XXL et indéniable. Il ferme la porte, tourne le dos, disparaît et Alix réapparaît collée à ses basques incapable de prendre le train de retour. On le sait Gab' finira par céder et plus si affinités...

Et il fallait bien le talent d'une actrice exceptionnelle, naturellement décalée pour faire qu'on la suive dans son ivresse, dans ses frémissements. La première demi-heure, on l'accompagne dans son parcours du combattant frénétique. Partir tôt de Calais, prendre le métro, rentrer chez elle, se changer, chercher son homme, appeler sa mère, se rendre au casting où elle doit jouer deux fois le même dialogue débile face un type qui lui donne la réplique excédé (IMMENSE scène où le talent de l'actrice est démontré par A + B sans contestation), aller à la gare, rater son train, se retrouver sans portable (déchargé et chargeur oublié à Calais), sans argent (CB bloquée), courir de cabine téléphonique en cabine téléphonique, décommander sa mère, se prendre un poteau, s'humilier devant sa soeur (autre scène extraordinaire, drôle et angoissante où Aurélie Petit, distribue les baffes)... Le stress et l'accumulation de revers d'Alix sont arrivés jusqu'à mes neurotransmetteurs au point de me provoquer un début d'angoisse. C'est rare au cinéma et c'est dire le pouvoir incroyable de persuasion d'Emmanuelle Devos.

Quand enfin l'homme cède... on est soulagé pour Alix qui vivait sans doute la journée la plus étrange et humiliante de sa vie. Tout enfin prend son sens et la rencontre se fait étourdissante, déraisonnable, à la fois évidente et incontrôlable. Et c'est quand les deux amants éblouis sortent enfin de la chambre que l'on comprend encore mieux leur proximité, leur intimité. L'évidence. C'est un 21 juin à Paris, en pleine fête de la musique. Tout autour d'eux n'est que fête et musique et ils sont blottis l'un contre l'autre, seuls au monde, heureux, bouleversés, étourdis d'eux mêmes. Et Alix parvient à faire de la journée éprouvante de cet homme (raison de son voyage à Paris) une embellie. Faire sourire puis rire Gabriel Byrne (si, si on voit ses dents à deux reprises) c'est dire à quel point Alix/Emmanuelle est une magicienne irrésistible.

Oui cette actrice est une enchanteresse et son réalisateur totalement fou d'elle sublime son visage, son corps, sa voix, sa démarche et comme lui, on sort du film, amoureux d'elle !

Commentaires

  • J'avoue qu'en voyant la bande annonce je me demandais ce que ça valait...

  • ça vaut :-)
    T'as vu la carte Ugc est à 10 balles en ce moment (au lieu de 30).

  • Vous décrivez bien la tension qu'a le spectateur en suivant ces 24h. Faut soit être vraiment électrisé(e) ou être dans un film pour agir telle Alix. Car elle est bien plus que valeureuse face à cet iceberg. J'ai revu la BA ce soir en allant voir un autre film et j'ai repéré un indice. Dans le train, avant de descendre, il lui demande où se trouve l'église Ste Clotilde.
    Leurs synapses devaient être en chamboulement à tous deux au regard de leur situation respective qui a fait que de ce film thriller-romantico-tragi-comique s'opère une belle alchimie.

  • Evidemment elle sait où il va mais on ne peut pas dire qu'il l'encourage.
    Et oui elle est vaillante, quel congélo ce Gabriel.
    Mais quelle actrice !!!

  • Je me rends compte que j'avais adopté principalement le point de vue d'Alix - c'est vrai quelle actrice ! - mais c'est un jour bien particluier pour ce veuf.

  • Ah non il n'est pas veuf ! Sa femme est restée en Angleterre !

  • Mais oui c'est vrai ! J'ai lu et entendu tant de choses sur le film que j'ai intégré ce que disait une personne racontant qu'il avait perdu sa femme, moi dans mon for intérieur je me suis dit mais non (c'est Lucie) mais peut-être avais-je manqué un passage. Ah la la, une véritable éponge !
    Merci Pascal ça me réconforte et j'aime bien cette idée de ne pas savoir vraiment qui était Patricia (cette consoeur était peut-être une maîtresse, une amie, une ex-femme, quelqu'un qu'il aimait en tout cas ?)
    J'aurais pu adopter son point de vue pourtant étant une mangeuse de pommes ;)

  • Oui TOUT LE MONDE aimait Patricia.
    Et donc Ph tu es une flle ! Je croyais que c'était Philippe.
    Et moi je suis une fille aussi. C'est PascalE.

  • Je suis à la rue !! Bien sûr avec un E. Si je dis que c'est la citation sur le présent du beau-frère d'Alix qui m'a perturbée, ça marcherais ?

  • Le présent du beau-frère d'Alix ????

    Pas compris.

  • *rire* la citation de Pascal (Blaise) sur l'appréciation de vivre au présent (vs passé et avenir). Je n'ai pas retenue la phrase mais elle "bastonnait grave"

  • ah oui le Blaise, ça m'en a colmaté une fissure aussi !

  • j ai bcp bcp aimé ce film même si dans la vraie vie c est absolument improbable qu une femme soit aussi entreprenante pour un moment de plaisir
    Ce que j ai adoré c est leurs mains leurs baisers leurs regards au milieu de la foule
    Emmanuelle m a bluffé et Gabriel PAS MAL

  • Elle est extraordinaire cette fille. TOUT passe avec elle.

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