L'ATTENTAT de Ziad Doueiri ***
Amine et sa femme Siham vivent une belle histoire d'amour. Leur rencontre, leur coup de foudre et leur passion réciproques, leur situation sociale, leur bel appartement,
tout semble n'être que réussite et épanouissement pour ce beau couple qui vit à Tel Aviv. Siham est chrétienne, Amine est arabe mais a obtenu un passeport israëlien. Il est un chirurgien réputé et l'histoire commence alors qu'il obtient un prix prestigieux couronnant son travail. Une bombe explose. Un kamikaze s'est fait exploser dans un restaurant. Bilan : 17 morts dont 9 enfants qui fêtaient un anniversaire et 8 blessés graves. Amine est réquisitionné pour soigner les victimes. La nuit suivante, il est appelé pour un motif mystérieux. La police lui demande d'identifier le corps de sa femme et lui annonce sans ménagement qu'elle est responsable de l'attentat. Amine s'effondre et, totalement incrédule tente de convaincre de l'innocence de sa femme. Après trois jours et trois nuits d'interrogatoire, il est relâché mais doit se rendre à l'évidence, c'est bien Siham, cette femme qu'il pensait connaître depuis 15 ans, celle pour qui il n'avait aucun secret et qui ne lui cachait rien, qui a accompli cet acte monstrueux.
Après une période de rejet et d'accablement, Amine est bien décidé à comprendre comment cette femme belle, intelligente et douce a pu s'accrocher une ceinture d'explosifs autour de la taille et commettre ce massacre fou. Qui a pu lui laver le cerveau au point d'en faire une criminelle ? Comment n'a t'il rien vu du changement et des projets de celle qui partageait sa vie ? Peu à peu, les pièces du puzzle se mettent en place et Amine découvre abasourdi tous les signes indiscutables qu'il n'a pas décryptés Lui qui jusque là s'était tenu à l'écart de toute considération politique. Ignorant un conflit toujours aussi brûlant entre deux peuples dont la réconciliation semble n'être toujours qu'un rêve fou est obligé de se rendre à l'évidence : la haine et l'incompréhension entre les juifs et les arabes sont toujours aussi vives et violentes. Sa confiance en l'humanité va en prendre un sacré coup. Il se rend dans les territoires, découvre que sa femme est devenue un symbole, une martyre idéale, d'autant plus adulée qu'elle est une femme. Il rencontre l'Imam sans doute responsable de la conversion de Siham. Comme toujours il s'agit d'un bigot planqué, d'un calme impressionnant qui déverse son discours formaté sur la dignité et la liberté et parvient à désespérer ses semblables au point de les pousser au suicide, au nom de Dieu.
Ce premier film d'un réalisateur libanais n'est pas un pensum sur un nouvel épisode de ce conflit qui semble à jamais dans l'impasse. Il se garde bien de tout manichéisme et les représailles touchent les deux peuples. Il réussit à insufler un souffle romanesque dans une histoire éminemment dramatique dans un contexte oppressant. Et il nous laisse complètement impuissant et misérable, comme son héros (magnifique Ali Suliman) face à tout ce gâchis permanent et sans cesse renouvelé. On se dit en sortant de la projection que quelques hommes de bonne volonté ne viendront jamais à bout de cette haine endémique.
Commentaires
j'ai adoré le livre, et j'appréhende de voir le film. Mais j'irai.
Le livre me tente du coup.
Je dis OUI, OUI et OUI ! Totalement d'accord avec toi (ça fait du bien des fois)
:-)
Cette critique m'a convaincu de voir ce film.