GINGER ET ROSA de Sally Potter ***
Au moment où la bombe atomique est larguée sur Hiroshima le 9 août 1945, à des milliers de kilomètres de là à Londres, deux amies, Natalie et Anoushka accouchent quasiment main dans main.
Leurs filles, Ginger la rousse et Rosa la brune passent leur enfance main dans la main. Et quand on les voit ainsi être si proches, si complices, si fusionnelles, si complémentaires et indispensables l'une à l'autre, on ne peut s'empêcher de penser que ça doit être beau l'amitié. Mais lorsque l'insidieuse et fourbe adolescence pointe son nez, les deux gamines prennent insensiblement des chemins opposés. Et si s'aimer consiste à regarder ensemble dans la même direction, l'affiche du film démontre clairement que Ginger et Rosa s'opposent et se séparent. Et c'est beau, et c'est triste.
Si les deux amies vivent ensemble leurs premières cigarettes, leurs premiers baisers et s'opposent brutalement à leurs mères, leurs choix de vie divergent peu à peu pour devenir irréconciliables. Rosa rêve du grand amour éternel et pense même un bref instant se tourner vers Dieu. Ginger quant à elle écrit des poèmes et devient une activiste anti-arme atomique. Il faut dire que la guerre froide, la "crise" des missiles de Cuba, la menace d'une guerre nucléaire en cette année 1961 sont particulièrement pesantes et Ginger ne comprend qu'on puisse chercher à être heureux alors que la catastrophe est imminente.
Autour des jeunes filles gravitent des adultes dépassés par leurs rejetonnes ou trop préoccupés par leur propre histoire pour s'inquiéter des changements qui s'opèrent. Le père de Rosa est parti depuis longtemps et elle ne supporte pas sa mère. Ginger assiste aux conflits permanents qui opposent ses parents. Sa mère (Christina Hendricks, fragile et blessée) femme au foyer déçue et délaissée et son père (Alessandro Nivola, complexe, touchant et agaçant), prof séducteur coincé dans une vie qu'il n'a pas choisie et qui refuse de se faire appeler papa. Mais il y a aussi le parrain confident ouvert et bienveillant (adorable Timothy Spall).
Et lors de l'avant-dernière scène MAGNIFIQUE, et alors qu'on ne l'avait pas vu venir, tous les personnages se retrouvent dans la même pièce par le miracle d'une mise en scène fluide et le drame peut éclater.
Elle Fanning traverse et illumine le film, son sourire est un cadeau. Enfantine, radieuse, douloureuse, cette petite a tout d'une grande. A peine quinze ans et déjà une filmographie impeccable et impressionnante (sauf Super 8 °°°), Somewhere de Sofia Coppola ****, Twixt de Papa Coppola ****...
Commentaires
j'irai aussi pour Elle Fanning, elle est jeune, mais déjà, je me déplace sur son seul nom à l'affiche...
Elle est incroyable, mais le film aussi ! Je ne dis pas tout, il y a des surprises...
Elle a quelque chose d'un rayon de soleil, cette petite Elle. Je lui souhaite de ne pas se laisser tourner la tête par son succès trop précoce et tout foutre en l'air comme tant d'autres jeunes talents avant elle.
Mais ils ont l'air d'avoir la tête sur les épaules dans cette famille.
Et Rosa alors, rien à en dire ?
Vu la qualité de ses choix, elle est sans doute bien conseillée, bien entourée, bien solide. J'espère qu'on ne la verra pas dans des âneries comme American Pie...
Rosa : très jolie...