Il y a des jours où l'on réveille et où l'on pourrait se dire : "c'est pas mon jour".

Et bien ce jour là n'est pas celui de Niko, berlinois lymphatique, sans contrainte (mais ça risque de changer...) et complètement passif. Sa nonchalance désabusée le rend infiniment sympathique et l'on compatit devant l'avalanche de petites catastrophes qui vont ponctuer ces 24 heures et les rendre pas comme les autres.

Le réveil auprès de sa petite amie n'est pas des plus réjouissants, son rendez-vous avec un psy sadique chargé d'évaluer son comportement vis-à-vis de l'alcool et de lui rendre éventuellement son permis de conduire va virer au désastre... Et puis il y aura sa carte bleue avalée par le distributeur, sa ballade avec un ami comédien sur un plateau de tournage, l'affrontement avec son père qui décide de lui couper les vivres pour lui rendre service et lui permettre d'avancer enfin, la rencontre avec son nouveau voisin dépressif, celle avec une ancienne copine d'école primaire qu'il a jadis humiliée et qui va se charger de le lui rappeler... Tout dans cette journée va virer à la cata et Niko affichera la même attitude indolente, apathique et molle.

C'est drôle et aussi infiniment mélancolique. Il faut dire que l'ambiance de ce beau noir et blanc baigné de sonorités jazzies offre un écrin idéal à l'acteur Tom Schilling (un petit côté James McAvoy pour les amatrices...) qui parvient à exister intensément malgré son allure, son humeur, son comportement flegmatiques... Le réalisateur réussit à rendre fluide sans lasser jamais cette errance jalonnée de rencontres disparates et fugaces. Et il évoque en deux scènes pas commodes mais délicates le passé nazi du pays qui semble être toujours un sujet pénible et embarrassant.

Mais au fond, tout ce que Niko aurait voulu ce jour-là c'est un café NORMAL !!!