LE QUATUOR de Yaron Zilberman ***
Depuis 25 ans Juliette, son mari Robert, Peter et Daniel forment un célèbre quatuor à cordes.
Déjà très affecté par le décès de sa femme cantatrice, l'année précédente, Peter découvre et doit annoncer à ses amis qu'il est atteint de la maladie de Parkinson. Leur prochain concert sera son dernier. D'abord anéantis par cette nouvelle brutale, les amis sont bien vite confrontés à la perspective inévitable du remplacement de Peter au sein de l'ensemble. Dès lors, et de façon tout à fait inattendue, les jalousies, frustrations, rancoeurs surgissent. L'amitié n'aurait-elle été qu'une façade ? L'unique lien entre ces quatre personnes persuadées pourtant d'être indissociables, indispensables les unes aux autres n'aurait donc été "que" la musique ! C'est beaucoup mais pas suffisant et Beethoven ne peut rien pour eux !
Un événement imprévisible vient enrayer la belle machine bien huilée et tout l'édifice s'effondre. Après une petite période d'adaptation où Robert, Juliette et Daniel accusent le coup et semblent réellement ébranlés par la sinistre nouvelle, rapidement c'est uniquement l'avenir du groupe qui devient préoccupant. Comment rester unis et continuer de répondre aux exigences imposées quand l'unité du groupe fait place à l'expression des aspirations individuelles ? Profitant de cette opportunité soudaine, Robert exprime le désir de prendre la place de Peter. Il découvre ainsi le mépris de sa femme et de Daniel qui le considèrent incapable d'être un leader. Chacun s'isole en lui-même et les répétitions deviennent de plus en plus chaotiques jusqu'à l'explosion d'autant que d'autres faits troublants, perturbants, trahison, ambition... vont encore ajouter à la confusion.
Atypique, intelligent et bouleversant ce film imprégné du Quatuor à cordes numéro 14 en ut dièse mineur, op. 131 de Beethoven dont Schubert aurait dit "Après cela, que reste t'il à écrire ?", ne ressemble à aucun autre. Les sentiments exprimés y sont aussi complexes que cette oeuvre parfois réputée comme étant le chef d'oeuvre du compositeur.
Derrière les instruments, le quatuor d'acteurs ne ménage pas sa virtuosité.
Il est évident que fan de Philip Seymour Hoffman, je l'ai une nouvelle fois découvert dans un registre inattendu. Pathétique, désappointé puis furieux, il est extraordinaire.
Mais le Stradivarius de ce quatuor c'est évidemment, l'immense, le phénoménal Christopher Walken. Accablé de douleur, poignant de dignité, il y a une éternité qu'on ne l'avait vu si émouvant, humble, discret, sobre ! A des années lumière de ses rôles (néanmoins géniaux) de barjo psychopathe, il est bouleversant.
Et maintenant, musique :