BLACKBIRD de Jason Buxton ***(*)
Sean ne ressemble pas aux autres élèves de son lycée.
Avec et à cause de son look gothique (oeil, cheveux, ongles, blouson noirs et piercing) il est la risée et le souffre douleur des autres plutôt dans le trip "je suis grand, blond très con, très viril et je joue au hockey sur glace" (nous sommes dans une petite ville canadienne). Sean intrigue et irrite mais aussi il attire par sa différence. Pendant que les autres se regroupent en paquets pour affirmer leur appartenance à un groupe, il s'isole, préfère lire et écouter sa musique industrielle. Manque de bol, c'est justement Deanna, la petite amie du capitaine très con de l'équipe de hockey qui s'intéresse à lui. Les moqueries se transforment alors en coups. Sean s'isole alors davantage et répand sur son blog le récit programmé de sa vengeance. C'est une fiction mais Big Brother regarde et la police débarque un matin chez Sean, perquisitionne la maison et découvre par ailleurs que son père, chasseur, possède des armes chargées chez lui. Le jeune garçon est immédiatement soupçonné de planifier une tuerie identique à celle de Colombine d'autant qu'il n'est pas avare de détails et cite les noms de ceux qui feraient l'objet de sa vengeance.
Nous, spectateurs, savons que Sean n'écrit que pour se libérer de toute cette hostilité. qui l'éloigne des autres. C'est une échappatoire car Sean est un ange, incapable de faire le moindre mal à quiconque et a les armes à feu en horreur. Mais dès l'irruption de la police dans sa vie il se trouve pris au piège d'une machine judiciaire hallucinante et dès lors tout ce qu'il fait et dit se retourne contre lui. Il devient un paria et toute la "communauté" de cette petite ville immédiatement soudée et acharnée à appliquer le principe de précaution s'entête à voir en Sean le coupable idéal.
Le système judiciaire aberrant propose deux alternatives invraisemblables à Sean. Soit il se déclare coupable d'avoir eu le projet de faire un carnage, mais s'il s'excuse devant la Cour, il rentre chez lui ! Soit il se déclare innocent et dans ce cas, il doit affronter le procès. Il choisit la seconde solution contre l'avis de son père et de son avocat. Sean veut dire et faire admettre sa vérité, LA vérité. Il est donc incarcéré. Et là, c'est pire encore. La jeunesse sous les verrous ressemble fort aux crétins hockeyeurs que Sean devait affronter en liberté. Entre passages à tabac, humiliations et harcèlements, la vie de Sean est un enfer. Il croit prendre la bonne décision en choisissant de se faire volontairement "punir" pour se retrouver à l'isolement. C'est l'horreur. Lessivé, déprimé Sean revient sur sa décision, s'accuse, demande pardon au Tribunal et à la société et recouvre la liberté. Un mot étrange car il est devenu un paria et ne peut plus approcher celle qu'il aime et qui l'aime... Une nouvelle trahison le ramènera en prison car il est difficile de stopper l'engrenage infernal dont il est prisonnier.
Je ne peux que vous encourager à voir ce premier film de Jason Buxton même si on en sort complètement sonné devant tant d'absurdités. On reste sans voix devant ce non-sens d'enfermer des innocents et de libérer des coupables qui s'excusent ! Devant la bêtise véhiculée par les groupes toujours prompts à malmener le plus faible.
Sean est sans doute ce BlackBird, ce bel oiseau noir inoffensif mais différent qui réclame de ses semblables tolérance et intelligence.
Pour l'interpréter, le réalisateur a tiré le gros lot en la personne du jeune Connor Jessup d'une beauté, d'une douceur et d'une intensité affolantes.
Entouré de Michael Buie, père totalement dépassé mais toujours présent même maladroitement, d'Alexia Fast touchante et obstinée dans le rôle de la petite amie et d'Axel Ozerov magnifique petite gouappe... on peut dire que le casting est un sans faute.
La dernière réplique, drôle, chargée de fatalisme et d'espoir vaut presque à elle seule le déplacement...
Commentaires
encore un que je n'aurai pas le temps d'aller voir. Superbe critique, qui pourtant me dicte de foncer voir ce film, toutes affaires cessantes...Grrr...
oh oui essaie de voir cet ange noir !