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LE CONGRÈS

de Ari Folman ****

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Robin Wright se fait vertement tancer par son agent,

qui lui reproche ces mauvais choix depuis 15 ans. Mauvais choix artistiques "mauvais films" autant que dans sa vie privée "mauvais mecs". D'ailleurs elle vit seule avec ses deux enfants dans un endroit incroyable... un hangar d'aérodrome. Sa fille aînée est une ado futée, intelligente, rayonnante et le plus jeune un garçon ombrageux, solitaire destiné à perdre la vue à brève échéance. En attendant il joue avec son cerf-volant rouge aux abords de l'aéroport mettant régulièrement la sécurité en danger !

La première scène nous présente donc Robin Wright, gros plan sur son visage défait, en larme (oui, une seule larme) et la voix de Harvey Keitel (immense, magnifique) qui lui assène sans ménagement toutes ses vérités. Robin Wright joue une actrice qui s'appelle Robin Wright et on imagine tout ce qu'il faut d'humilité, d'intelligence et de second degré pour accepter une telle mise en abyme et de se faire traiter ainsi. D'autant que lorsque l'on regarde la carrière de Robin Wright on ne peut que constater qu'elle n'a jamais été ce que son apparition délirante dans "Princess Bride" laissait espérer. Alors effectivement, mauvais choix, mauvais mecs... qui sait ?

Alors son agent lui propose de rencontrer le dirigeant des studios Miramount qui va lui faire une proposition mystérieuse, qu'elle ne pourra pas refuser. Effectivement, ce qui lui est proposé est proprement sidérant. Elle devra accepter de se faire scanner et dès lors c'est son "alias" qui sera utilisé. Elle pourra disparaître totalement des tournages, vivre sa vie et son personnage virtuel jouera tous les films et personnages même ceux qu'elle refusait. Après s'être indignée, elle signe, vend son image mais surtout la moindre de ses émotions, autant dire son âme. La scène où elle passe dans le scanner géant démontre ce qu'est une actrice et comment un agent peut "voler" les expressions, les émotions.

La première partie est passionnante, intense, intrigante, virtuose. Et puis, 20 ans ont passé, Robin se rend au fameux Congrès où elle est l'invitée d'honneur. En passant une sorte de frontière elle... et nous nous retrouvons dans un monde virtuel et le film devient animation. Au début ça fait saigner les yeux il faut le reconnaître. On passe d'un film sublime à une animation colorée, barriolée qui ne ressemble en rien au bel univers ocre et sombre de Valse avec Bachir, le plus beau et plus vertigineux film d'animation de tous les temps et l'un des meilleurs films de 2008. Et puis on s'habitue, même si je l'admets aussi cette partie psychédélique est trop longue. Mais on plonge dans ce délire visuel et virtuel car ce monde parallèle là est à l'image de ce que chacun veut bien en faire. Et Robin ne va pas bien, ne l'accepte pas. On croise Clint Eastwood, Elvis Presley, Michael Jackson... et un acteur idiot "comment il s'appelle déjà celui-là ?" dira le PDG de Miramount (mon voisin m'assure qu'il s'agit de Tom Cruise... je ne suis pas sûre ; si quelqu'un a une idée, merci de me la soumettre). Et Robin rencontre un homme, un sauveur, un amoureux. C'est lui qui depuis 20 ans s'occupe de son personnage. Et c'est beau. Mais on n'y comprend plus rien ou pas tout en tout cas.

Mais ce n'est pas grave.

On est en train de vivre une expérience unique, une aventure de cinéma, futuriste et incroyablement pessimiste où tout ce qui fait qu'on aime le cinéma aurait disparu au profit de la technologie. Loin du redoutable formatage des films parfois, celui-ci retourne les sangs et le coeur. Lors de son retour dans le monde réel dans les dernières minutes, Robin nous crève définitivement le coeur.

Je le répète, la première heure est une apogée, un sommet et prouve qu'Ari Folman est un cinéaste, un vrai, qui sait raconter les histoires, diriger les acteurs. Vite un autre film ! 

Commentaires

  • Bon, encore un à ajouter à ma liste. Ça va être chauuuuuuuuuud !

  • Il va falloir s'y mettre !

  • En tant que fan de Robin Wright, il faut absolument que je vois ce "Congrès" (pas terrible comme titre).
    Je fais comme Martin: je l'ajoute à ma liste qui commence à être dangereusement longue! (Prochaine étape: "Blackbird" vendredi soir).

  • Affreux ce titre !
    ça vend pas du rêve !


    Aaaah Blackbird !!!

  • La deuxième partie, alambiquée et moche au possible, gâche tout le film, qui perd la finesse de son propos et sa subtilité. Dommage, parce que ça commençait pourtant très bien...

  • La deuxième partie surprend mais ne m'a rien gâché !

  • Bon, hé bien, après avoir réussi à le voir, je dois dire qu'une fois encore, je suis d'accord avec toi, Pascale. Même si son esthétisme pose parfois question, la partie animée ne m'a pas gênée, au contraire. Elle permet de mieux accepter ce qui se passe par la suite, je trouve. Filmées "normalement", ces images nous seraient apparues trop irréalistes. Et il y a tout de même de très jolies choses, aux côtés de choses tout à fait incongrues.

    J'ai bien aimé aussi tout le début et la réflexion sur l'avenir du cinéma - ou son présent, et la manière dont, parfois, il exploite sans vergogne l'image des acteurs.

    Enfin, et là, c'est pour moi une sorte de révélation, j'ai trouvé Robin Wright d'une grande beauté. Je crois que c'était un très bon choix pour le rôle et, effectivement, je te rejoins pour louer son humilité à accepter pareille mise en abyme. Content d'avoir revu Harvey Keitel et Paul Giamatti aussi.

  • Oui on tremble pour l'avenir du cinéma tel qu'on l'aime.
    Quant à Robin... je me demandais pourquoi il n 'avait pas choisi une actrice plus "star" voire plus populaire, mais finalement elle est formidable ici et c'est aussi pour moi une révélation !

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