Ismaël étudiant en sociologie réalise des sondages pour la SNCF pour payer ses études.

Mathilde se rend régulièrement à l'hôpital pour subir des chimios avant d'être opérée. Joan, agent immobilier partage sa vie entre Paris, Lille et Londres pour son boulot et délaisse son mari et ses enfants. Sacha cherche sa fille adolescente récemment disparue.

Lorqu'Ismaël et Mathilde se rencontrent, on y croit un peu. Il prépare sa thèse, elle est une ex prof d'histoire, ils vont avoir des choses à échanger. Mais non, Mathilde tombe amoureuse comme une midinette de ce garçon qui a deux fois moins que son âge. Il lui met sa langue au fond de la gorge, lui donne rendez-vous pour le lendemain et ne vient plus aux rendez-vous. Mathilde est triste, Ismaël l'observe de loin. On se pince pour tenter d'y croire encore.

Et tout le film sera comme ça. Claire Simon entame des histoires, n'en finit aucune. Ah si ! Le père retrouve sa fille fugueuse. Ooopsss aurais-je spolié ??? Elle n'explique rien et fait surtout fi de toute logique et cohérence au point qu'on ne croit plus en rien ni en personne. Elle tente d'aborder toute l'histoire de l'humanité qui serait concentrée dans ce lieu de passage qu'est une gare. Et les dialogues... au secours : "la gare est un village. Le village c'est le monde !"

On peut saluer l'exploit, la performance de tourner dans un tel endoit bouillonnant, tumultueux et on imagine aisément les contraintes, les impératifs sans parler des conditions émises par la SNCF. Mais où la réalisatrice aurait sans doute réussi un documentaire passionnant en faisant intervenir les vrais gens de la vraie vie, voyageurs et travailleurs de la gare, elle s'emmêle les pinceaux dans une fiction aberrante où ni les histoires ni les personnages ne tiennent la route. Pour tenter de lier ses quatre personnages principaux, elle utilise de grosses ficelles ou plutôt des câbles scénaristiques tellement apparents que tout devient artificiel, fabriqué et d'une prétention sans nom. Rien n'est naturel et spontané.

En effleurant du bout du regard l'humanité souffrante (oui, tout le monde souffre copieusement Gare du Nord), Claire Simon ne crée aucune empathie, aucune identification avec la foule et les individus. Elle survole mille histoires de la condition humaine avec une telle condescendance que ça finit par devenir gênant : les surdiplomés qui ne trouvent que des petits boulots, les groupes de jeunes désoeuvrés qui zonent appuyés sur les balustrades, les divers petits trafics juteux, la violence, les vieux messieurs homosexuels qui viennent faire leur marché auprès de très très jeunes garçons, le prétendu trafic de jeunes filles, les émigrés qui ne pensent qu'à rentrer chez eux, les contrôles systématiques pour déli de faciès, une manif qui bloque le trafic, la mendacité "pour manger les bébés", sans parler des fantômes et des sorcières ridicules, et j'en oublie ! Et au milieu de cette humanité vraie... Mathilde (Nicole Garcia) passe ses journées dans la gare entre deux chimios, fait ses petits malaises sans que personne ne s'en retourne (l'humanité est mauvaise), Ismaël (Reda Kateb, grand acteur par ailleurs) auquel on ajoute ici une paire de lunettes pour faire intello... n'oublions pas qu'il est thésard (on y croit), Joan (pauvre Monia Chokry) arpente la salle des pas perdus dans l'attente d'un client auquel elle doit remettre 80 000 euros de dessous de table, et Sacha (François Damiens) dont le métier est star d'une émission de caméra cachée. Lol.

Prétentieux, parisiano-parisien, ce film interminable, ennuyeux, est au mieux raté, au pire risible. Et la fin... je ne vous la révèle pas mais MDR !