ILO ILO d'Anthony Chen ***
Jiale, petit garçon d'à peine 10 ans est une teigne comme on en voit beaucoup et pour qui on demanderait bien le rétablissement des châtiments corporels.
Sa mère, autoritaire, enceinte jusqu'aux yeux, pas tendre pour deux sous est secrétaire et son boulot consiste à taper des lettres de licenciement. Son père, ex cadre, perd son emploi, se remet à fumer en cachette. Cela se passe à Singapour et la crise économique est le miroir de la crise familiale. Comme souvent quand tout va mal, les enfants trinquent et Jiale est un peu le bouc-émissaire de toutes les tensions et l'on comprend que son comportement soit finalement l'unique façon pour lui de tenter d'attirer l'attention et quémander, qui sait, on peut rêver, un peu d'affection. Dépassés par le tempérament turbulent de l'enfant, ses parents engagent Teresa, une jeune philippine pour s'occuper de lui. L'enfant doit partager sa chambre avec celle qu'il considère comme une intruse et qu'il va d'abord traiter comme son esclave. Entre autres particularités, Jiale passe beaucoup de temps à établir des statistiques de résultats du loto en les collant sur un cahier afin de trouver la formule gagnante.
Premier film singapourien d'un tout jeune réalisateur de 29 ans, ce portrait tendre et cruel d'un enfant victime, souffre-douleur est très émouvant. Jiale n'est pas maltraité, au contraire, on peut même dire pour faire court "qu'il a tout pour être heureux". Mais il lui manque l'essentiel, l'amour et l'attention de ses parents. Trop préoccupés par leurs tracas et le quotidien qui risque chaque jour de s'obscurcir davantage. Le constat n'est pas réjouissant pas plus que l'avenir et l'ensemble, malgré quelques rares embellies, plutôt pessimiste.
Cependant Jiale va trouver une complice, une alliée en Teresa. Elle-même pour pouvoir gagner quelque argent est obligé de confier son enfant qui n'a pas encore un an. Lorsque Jiale lui lance : "comment tu peux travailler au loin alors que tu as un bébé ?", Teresa lui répond : "et ta mère, comment elle peut te confier à une inconnue ?" Voilà, tout est triste dans ce film et pourtant il est beau. Pendant que la mère se laisse piéger par un pseudo gourou escroc (pléonasme ?) qui clame qu'il faut prendre son destin en mains, le père cache son licenciement. Chacun dissimule son désarroi à l'autre, se renferme et pendant ce temps Teresa et Jiale s'attachent l'un à l'autre.
C'est finalement la crise qui va décider de l'avenir de ce lien nouveau. Teresa, malgré son affection sincère pour l'enfant reste une employée à la merci de ses employeurs.
Le réalisateur réussit pleinement et avec beaucoup de finesse un témoignage sur son pays en crise et le portrait sensible d'un enfant triste qui s'autorise enfin à pleurer.
Commentaires
#chiant
#mesuisennuyésévère
#bofbof
pffff
Je crois que tout le monde est à plaindre, en fait, et pas seulement Jiale. Les parents ne sont pas très démonstratifs et franchement tendus par moments, mais bon... ils rament pour s'en sortir, eux aussi, et leurs soucis ne les aident pas à faire abstraction de la fatigue.
Comme toi, j'ai bien aimé. Et comme c'est grâce à une place que j'ai gagnée chez toi que j'ai pu y aller gratos, je te dis merci ! Et merci à ceux qui m'ont permis de gagner, aussi !
ah oui je suis d'accord, ils sont tous malheureux mais le petit en prend plein la tronche.
Et bravo d'avoir gagné.