Lulu subit un entretien d'embauche qui se révèle plus qu'une épreuve, une humiliation.

Son abruti de mari se charge de lui faire remarquer qu'une nouvelle fois elle s'est ridiculisée. Elle rate son train par inadvertance, avertit son abruti de mari et ses trois enfants qu'elle ne rentrera que le lendemain. Et le lendemain, en pleine conscience elle ne prend pas le train, elle s'accorde quelques jours de vacances, seule. Malgré tous les efforts de son bovin de mari, puis de sa sœur et de sa fille aînée (qui reviendront plus tard à de meilleurs sentiments) pour la culpabiliser, Lulu décide de vivre quelque temps pour elle-même. Trois belles rencontres vont l'aider à ranimer la petite flamme qui sommeillait en elle. Rencontrer, aimer, aider, partager... toutes ces notions elle va les redécouvrir au contact de Charles, Marthe et Virginie.

Après un consternant Queen of Montreuil qui avait réussi l'exploit de rendre Florence Loiret Caille mauvaise, Solveig Anspach nous éblouit et nous émeut avec sa Lulu, l'histoire simple d'une femme en pleine tourmente. A force de ne s'être occupée que de sa famille au point de s'oublier, Lulu en a perdu jusqu'à l'estime d'elle-même. En deux répliques assassines dont il n'imagine même pas la portée, le "recruteur" suffisant et sot, de l'entretien d'embauche flingue le peu d'assurance qui restait à Lulu.

Lors de son errance au bord de la mer en hiver, Lulu respire, s'aère, ouvre ses poumons et son esprit. Evidemment il n'y a pas ici de "vrais" méchants, juste un mari très con et irrécupérable et les diverses rencontres semblent providentielles. Je suis persuadée que des tas de gens pourraient partir s'isoler en Vendée et resteraient désespérément... seuls. Mais on s'en fiche, ce qui compte ici est que les bons sentiments ne sont pas niaiseux et qu'ils donnent une pêche d'enfer et qu'on sort de la salle bienheureux.

Charles est un brave nounours que la vie a pas mal chahuté mais son grand numéro de générosité puis de charme (voir Bouli Lanners danser, sourire en coin le rend irrésistible) va faire succomber Lulu.

- "Lulu ? Comme Lucienne ?

- Non comme Lucie ?

- Si je m'appelais Lucie, je ne me laisserais pas appeler Lulu".

Et ils tombent amoureux comme à 15 ans. Et c'est beau.

Charles est constamment accompagné de ses deux frères, deux baltringues aussi grandes gueules que froussards mais tellement heureux de voir leur grand frère amoureux ! Et c'est hilarant. Et à ce propos Pascal Demolon, si tu me lis : je t'aime d'amour. Ce garçon me fait mourir de rire !

Autres rencontres. Virginie une jeune employée du café du coin constamment houspillée voire tyrannisée par sa patronne (grand numéro de Corine Masiero) et Marthe, une très vieille dame, très seule vont accompagner Lulu dans son vagabondage, sa rêverie et sa renaissance.

Et c'est beau, c'est bon, c'est doux, tendre, frais, drôle et ça fait un bien fou.

Karin, Bouli et tous les autres sont impeccables.