Jiro rêve de voler, dans tous les sens du terme.

C'est un rêveur qui s'échappe dès qu'il peut. A cause de sa mauvaise vue, il ne pourra devenir pilote. Lors d'une rencontre onirique avec Giovanni Caproni, ingénieur italien de talent, ce dernier convainc Jiro qu'il doit poursuivre ses rêves et qu'il n'est pas nécessaire d'être pilote pour construire de beaux avions. Devenu l'un des plus grands ingénieurs mondial en aéronautique, il est à l'origine de la construction des fameux Chasseurs Zéro japonais pilotés par des kamikazes lors de la seconde guerre mondiale. Parallèlement à sa réussite professionnelle, Jiro retrouve Nahoko, une jeune fille rencontrée quelques années auparavant. Mais leur grand amour est menacé par la tuberculose dont est atteinte Nahoko.

Jiro n'est pas belliciste mais lorsqu'il prend conscience que ses avions serviront uniquement à faire la guerre, son ami Honjo le rassure : "on ne tue pas de gens nous, on est des ingénieurs, on construit juste des avions". Et Jiro se satisfait de cette affirmation, met ses scrupules en veilleuse, même s'il se désolera plus  tard : "aucun des pilotes n'est revenu vivant".

Jamais depuis Le (bouleversant) tombeau des lucioles de Isao Takahata, on n'avait vu de film d'animation si beau et si triste. Le chant du cygne de Miyazaki  évoque quelques épisodes sombres de son pays : le séisme de 1923 à l'origine de plus de 100 000 morts et d'un incendie qui détruisit la plupart des maisons en bois de l'époque, la crise économique, l'alliance à l'Allemagne Nazie, l'entrée en guerre. Et à la périphérie de la Grande Histoire, celle de Jiro et Nahoko amants infortunés pris dans la tourmente des événements privés et collectifs.

Le titre du film tient son origine du magnifique poème de Paul Valéry Le cimetière marin,

"Le vent se lève !... il faut tenter de vivre !"

C'est magnifique, d'une tristesse sans nom et sans doute pas destiné aux enfants !