DALLAS BUYERS CLUB de Jean-Marc Vallée ****
A 35 ans en 1986, Ron Woodroof est tout ce qu'on fait de plus calamiteux en matière de texan.
Addict au sexe, à la drogue et au rodéo, ce cow-boy pure bouse est surtout raciste, mufle et homophobe. Un beauf intégral, de ceux qu'on cherche à éviter ! Une véritable caricature de pedzouille arrogant. En résumé : un con intégral, infréquentable, indécrottable. Jusqu'au jour où le résultat d'une prise de sang inopinée le déclare porteur du HIV en stade terminal. Le médecin lui diagnostique un mois à vivre. Le premier choc passé, dur à encaisser (on peut le comprendre), pour ce macho invétéré d'avoir contracté cette "maladie de pédé", Ron découvre que les traitements proposés ne font que l'affaiblir davantage. Il rencontre un médecin rayé des tablettes de l'ordre qui propose des traitements alternatifs et mieux adaptés.
En tout premier lieu, il abandonne le fameux AZT, premier antirétroviral approuvé aux Etats-Unis dans le traitement du sida, dont on saura que les doses administrés au début de la pandémie étaient souvent trop élevées. Puis il rencontre Rayon, transsexuel séropositif et une jeune femme médecin très compatissante Eve Saks. Ensemble, ils fondent le Dallas Buyers Club, un des premiers "clubs" au fonctionnement très original. Le club se fournit au Mexique en médicaments non autorisés sur le territoire américain, selon un rituel très bien rodé pour passer la frontière. Après une adhésion annuelle, chaque malade a droit à sa dose mensuelle de médicaments alternatifs. Evidemment devant le succès et les résultats de ces clubs, les laboratoires pharmaceutiques et les fédéraux s'en mêlent pour mettre des bâtons dans les roues de l'organisation qui pourtant sauvent des vies ou les prolongent. Mais rien n'arrête l'obstination de Ron. Et son sursis d'un mois se transforme en 8 années où il vivra tout en combattant pour cette cause. Autant dire une nouvelle vie pour lui : s'occuper des autres !
Jean-Marc Vallée (C.R.A.Z.Y., Café de Flore) a un don exceptionnel pour nous raconter des histoires et nous faire aimer ses personnages, même si au départ ce Ron n'a vraiment rien de sympathique. Il le fait sans nous brusquer, sans chantage à l'émotion. Pas d'agonie tire-larmes, pas de scènes racoleuses. Il s'appuie et s'abandonne totalement à ses deux acteurs remarquables qui donnent ici des compositions magistrales bien au-delà et pas uniquement à cause de leur spectaculaire amaigrissement.
La cohabitation de Ron (Mathieu McConaughey encore une fois fabuleux), homophobe pur et dur et de Rayon (Jared Leto, sublime) transsexuel doux et fragile, pour venir en aide aux autres malades, fournit l'occasion de scènes cocasses mais aussi de moments d'une intensité et d'une émotion rares. Ron ne résistera pas à la douceur de Rayon et le défendra contre les attaques homophobes de ses anciens compagnons de beuverie. Et c'est beau. Les regards échangés entre Mathew-Ron et Jared-Rayon valent mieux que de longs discours signifiants. L'humour n'est pas absent de cette chronique déchirante de morts annoncées.
L'histoire de cet homme qui se bat pour sa survie et de cette naissance à la compassion et à la tolérance d'un homme foudroyé dans ses certitudes aurait pu engendrer un pathos dégoulinant. Jamais Jean-Marc Vallée (je suis fan, définitivement) ne cède à cette facilité. Et ses deux acteurs fabuleux sont bouleversants sans jamais surjouer ou cabotiner.
Par ailleurs, instructive et didactique, l'histoire d'un épisode de cette tragique maladie laisse encore percevoir à quel point la santé et les profits qu'elle génère en font un foutu business bien lucratif.
La seule critique que je ferais de ce film est le mis-casting de Jennifer Garner en toubib (qui aurait dû être un personnage inoubliable à l'instar des deux garçons), mais le film s'en relève aisément grâce à ces deux garçons magiques :
Commentaires
Comme d'hab, d'accord avec toi. Si on m'avait un jour que je serais scotchée par l'interprétation de ce bellâtre de Matt. Mais force est de constater qu'il est fabuleux dans le film et que depuis deux ans, il a eu des rôles qui lui ont permis de démontrer tout son talent d'acteur. Je m'en vais d'ailleurs visionner la série "True Detective" d'HBO qui est paraît-il formidable. Bon ce qui m'ennuie dans l'affaire, c'est que je pense que Matt va ravir le 2 mars prochain la statuette de l'oncle Oscar à la barbichette de Léo,le plus grand acteur du monde mais loser question prix !!!
Oui il paraît que cette série est géniale grâce à lui encore une fois.
Je l'ai toujours aimé. Dès Lone Star... et je ne comprenais pas qu'ensuite il ait joué tant de bellâtres.
Oui je crois que Leo repartira encore bredouille. Les américains aiment les performances avec transformation... Sauf quand il s'agit de Leo puisqu'il était pas mal transformé dans J.Edgar !!!
Toi et Jean-Marc, c'est une longue histoire d'amour, car si je me souviens bien tu avais mis 5 étoiles à "Café de Flore" ! Je l'ai vu en interview récemment, il a cité "Singing in the rain" comme référence ciné, je ne l'aime que d'autant +... et ce Matthew, un vrai régal à chaque film !
Oui j'avais mis ***** au café de Flore... film peu vu et mal apprécié qui me fait fondre de bonheur. Je l'avais "rencontré" à Venise :-)
Matthew : enfin une valeur sûre !