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ALAIN RESNAIS

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 3 juin 1922 - 1er mars 2014

alain resnais

La nécro je ne sais pas faire. Les professionnels de la profession s'en chargeront. Mais lorsque j'ai entendu cette nouvelle dans le poste ce matin, j'étais triste. Pourtant un vieux monsieur de 91 ans...

Mais ils ne sont pas tous aussi exceptionnellement "jeunes" et créatifs. Ses nombreux amis, sa "troupe" va peut-être s'imaginer ou rêver qu'il va leur refaire "le coup" d'Antoine d'Anthac, même si je n'avais guère approuvé, apprécié le procédé... Mais je ne pense pas que ce rêve de cinéma puisse se réaliser, Alain Resnais est bel et bien mort et nous découvrirons son dernier et hélas ultime film Aimer, boire et chanter très prochainement.

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Alain Resnais c'est donc plus de cinquante ans de cinéma et quel cinéma ! 

Un cinéaste considérable, majeur, à la filmographie d'un éclectisme qui pourrait paraître déroutant mais qui prouve que jamais il n'a cessé de se renouveler et de proposer un cinéma totalement fou et original qui sortait des sentiers battus.

En regardant sa riche filmo, je découvre que j'ai uniquement dû "rater" Muriel, ou le Temps du retour et L'an 01.

Mes préférences vont donc à Hiroshima mon amour, Je t'aime, je t'aime, Stavisky, On connaît la chanson...

et si on me demandait de choisir ou de conseiller un titre pour un hommage à Alain Resnais, je sélectionnerais sans hésitation ce film que je vous recommande donc entre tous :

 

LES HERBES FOLLES ... vertige indiscutable de 2009...

alain resnais

Marguerite s’achète de nouvelles chaussures mais se fait voler son sac à la sortie du magasin. Georges trouve le portefeuille de Marguerite que le voleur a jeté dans un parking sous terrain. Il hésite puis le ramasse et après avoir comparé la photo sur la carte d’identité puis celle sur une licence de pilote d’avion, et en avoir tiré conclusions et analyses… il se met à fantasmer sur sa propriétaire. De retour chez lui, il trouve le numéro de Marguerite dans l’annuaire, essaie de lui téléphoner et décide finalement de porter l’objet au commissariat. Plus tard, Marguerite cherche à remercier Georges d'avoir rapporté son portefeuille…

Ce qui suit tient de l’improbable, de l’invraisemblable, du magique, du farfelu et du bonheur de tous les (im)possibles !

Comment faire pour vous envoyer, toutes affaires cessantes, voir ce bijou ? Le meilleur Resnais depuis « On connaît la chanson » quoique très très différent. De la première à la dernière seconde, j’ai été embarquée par cette histoire exaltante, angoissante et drôle, dont on a du mal à percevoir de quel côté elle va nous pousser et nous emmener.

Pour une fois, je ne me suis pas précipitée pour écrire cette note pour savoir quelle impression subsisterait après une nuit ! Y aurait-il une sensation persistante de bien-être ou au contraire l’effet soufflet qui retombe « tout ça pour ça ? ». Et non, ce film est de cette espèce délectable : encore meilleur quand on y repense, de celle qui donne envie de retourner le voir pour en saisir toutes les nuances, toutes les subtilités… et à quels moments l’entourloupe finale, réjouissante et facétieuse aurait pu être visible.

Ce film est exaltant, vertigineux, on retient son souffle en permanence alors qu’assez paradoxalement un sourire persistant reste accroché au visage. Jusqu’où, jusqu’à quelle folie irrémédiable les personnages vont-ils aller ? Vont-ils résister, céder, hésiter encore, se perdre, se calmer ?

Comment puis-je m’y prendre pour que, comme moi, vous vous jetiez dans les bras de ce film qui ne ressemble à aucun autre, heureux, différent, jouissif, grave, espiègle ? Un film dont l’écran devient noir tout à coup, comme pour laisser au spectateur le temps de reprendre son souffle, de rassembler ses émotions en lisant la phrase de Flaubert :

 « N’importe, nous nous serons bien aimés » !..

 

J’espère que comme moi vous éprouverez le bonheur d’être face à un film qui frôle la perfection où tout est accompli, en harmonie : les couleurs, la lumière, la musique, les dialogues et… évidemment l’interprétation haut de gamme.

C’est Edouard Baer qui se charge de la narration en voix off. Et sa voix a le charme suranné, désuet le second degré qui convient à ce texte décalé.

Quelques seconds rôles de choix complètent avec bonheur l’équipe du duo de tête, Emmanuelle Devos de plus en plus déroutée par sa meilleure amie, Roger Pierre en vieux monsieur dragueur, Anne Consigny en femme (presque…) trompée et compréhensive (et chuchotante), Sarah Forestier, Nicolas Duvauchelle, Annie Cordy, Michel Vuillermoz et surtout Mathieu Amalric, absolument hilarant en flic compatissant.

Mais évidemment, ce sont les deux stars, devenus pratiquement indissociables des films de Resnais depuis de longues années, qui sont ici en Majestés. Sabine Azéma, convient parfaitement au rôle et surtout au titre échevelé, elle est plus sobre et profonde qu’elle ne l’a plus été depuis bien longtemps.

Quant à André Dussolier, que dire sinon qu’il est au top du sommet. D’une classe insensée… un peu moins (mais hilarant) la braguette ouverte ! Qu’il est drôle tout en ayant perdu ses tics de bon gars un peu lunaire, un peu farfelu. Bien qu’on ne sache pas grand-chose de lui, sinon qu’il a perdu ses droits civiques (ce qui ne le contrarie guère), qu’il est peut-être au chômage… on est sûr d'une chose, il est « border line », constamment inquiet et parfois, parce que cela arrive aussi brutalement qu’il était calme et doux l’instant d’avant, inquiétant, menaçant avec les drôles d’idées de meurtres qui lui passent par la tête. Son inquiétude permanente, son impatience et ses obsessions installent un malaise et une vive appréhension : quand va-t-il passer à l’acte ?

Mais ce qui le rend absolument fabuleux c’est son charme dévastateur, sa voix, sa diction, son pouvoir de séduction, son élégance. Lorsqu’enfin il croise Marguerite en vrai, son regard, les mots qu’il prononce… (j’ai failli les écrire, et puis non, je vous laisse découvrir !!!) le rendent à jamais inoubliable ! Ah ces mots, ah cette intonation !!!

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Etourdissant, chaleureux et déroutant, ce film libre, léger et fou comme les herbes de son titre vous enverra en l'air... car il est MERVEILLEUX !

 

Pour vous donner une idée du ton inédit, je vous invite à découvrir les premières pages du roman du roman L'incident de Christian Gailly : ""Elle n’avait pas prévu qu’on lui volerait son sac à la sortie du magasin. Encore moins que le voleur jetterait le contenu dans un parking. Quant à Georges, s’il avait pu se douter, il ne se serait pas baissé pour le ramasser"

N’entendez-vous pas la voix d’Edouard Baer qui vous appelle ???

Commentaires

  • comme je suis atteinte de chansonnite aiguë, maladie incurable mais pas grave, le film de Resnais que je préfère est On connaît la chanson...

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