EASTERN BOYS de Robin Campillo ***
Quarantenaire solitaire mais bien dans sa peau, Daniel tombe littéralement en arrêt lorsqu'il croise le regard de Marek dans une gare parisienne.
Le jeune homme se prostitue, il est ukrainien, ne parle pas français et propose à Daniel de le rejoindre chez lui le lendemain. Daniel, ébloui par la douceur et la beauté du jeune homme donne imprudemment son adresse à Marek. Le lendemain c'est une bande de russes sans papiers qui débarquent et dévalisent l'appartement bourgeois de Daniel. Marek vient pourtant s'acquitter de sa dette et une relation régulière et tarifée s'établit entre le jeune homme et l'homme mûr. Puis évolue vers autre chose...
Robin Campillo installe son film en une très longue scène inaugurale où il suit à la manière d'un documentariste l'étrange et pas toujours rassurante "faune" qui traîne dans les gares parisiennes. Il découpe d'ailleurs son histoire en plusieurs chapitres qui sont autant de longues scènes en totale opposition avec le cinéma trop souvent frénétique. La forme est belle et élégante, le fond est profond et déroutant.
Dans un état de totale hébétude, Daniel se laisse dépouiller sans réagir, participant même un temps à l'étrange fête que ses cambrioleurs organisent chez lui. Comme lui, le spectateur est fasciné, presque hypnotisé par le chef de la bande, un type magnifique, inquiétant et charismatique autoproclamé "Boss". Et boss il l'est effectivement sans contestation possible. Il domine les autres de son autorité et de son intelligence. Et on saura bien plus tard comment il "tient" sa bande. Le jeune et très bel acteur qui l'interprète (Danil Vorobyev) est étonnant. Durant toute cette longue scène très angoissante, on est comme Daniel, inquiet et totalement incertain quant à son issue, le "Boss", imprévisible et lunatique passant sans transition de la douceur à la violence.
Le coeur du film se concentre sur la relation entre Daniel et Marek (Kirill Emelyanov). Dérangeante au début compte tenu de la grande différence d'âge entre les deux hommes. Emouvante lorsqu'elle évolue et que les sentiments s'invitent et prennent le pas sur les seuls rapports sexuels. Emouvante encore davantage lorsque Marek redoute d'être délaissé et imagine n'avoir que son corps à offrir. Et bouleversante enfin... mais de ça je ne vous dirai rien.
La dernière partie, étonnante encore, se situe dans un hôtel de banlieue qui réserve avec l'appui de la Préfecture, tout un étage à des familles de sans papiers. Et là on entre de plein fouet dans une réalité qu'on a pas coutume de voir. La responsable de l'hôtel autoritaire et empathique est surprenante d'humanité.
Le final saisissant, inattendu, nous cueille à contre-pied. Sans aucun doute le meilleur film français depuis le début de l'année. Avec Olivier Rabourdin, acteur exceptionnel, qui peut enfin dans un premier rôle, déployer tout son charme et son intensité.
Commentaires
Oui "boss" est étonnant
Le comme qui sert à rien sinon à meubler (ce sont les ouacances de Pâques non ? Y a personne)
Et Olivier ????
A Paris seulement je crois.
Mais tout le monde s'en fout de ce blog.
C'est pas grave je continue...
Pour toi :-)
Olivier, on était déjà au courant
oui mais là quand même !!!
Déjà qu'il m'avait rendu dingo en Hommes et Dieux...
On a voulu aller le voir ce soir, mais c'était complet à Paris. Les gens sont en vacances mais restent des cinéphiles avisés ;)
Du coup on a été voir "States of Grace". Bluffée. Le meilleur film que j'ai vu depuis longtemps ! Je te le conseille fortement
Oui c'est prévu.