Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs.

Mouarf ! Sans doute parce que Xavier se fait cracher dans la bouche par Pierre-Yves... 

Synopsis : Un jeune publicitaire voyage jusqu'au fin fond de la campagne pour des funérailles et constate que personne n’y connaît son nom ni la nature de sa relation avec le défunt. Lorsque le frère aîné de celui-ci lui impose un jeu de rôles malsain visant à protéger sa mère et l'honneur de leur famille, une relation toxique s'amorce bientôt pour ne s'arrêter que lorsque la vérité éclatera enfin, quelles qu'en soient les conséquences.

Je suis Xavier Dolan addict depuis l'origine et son déroutant J'ai tué ma mère, incroyable déclaration d'amour à sa maman. C'était en 2009, il avait 20 ans à peine. Ce premier essai fut transformé par Les Amours imaginaires, histoires d'amour hilarantes et anxiogènes et la découverte d'une actrice époustouflante Monia Chokri, puis du vertigineux Laurence Anyways (depuis ce 20 juillet 2012 plus aucun film n'a d'ailleurs réussi à atteindre pour moi le sommet des *****...) dans lequel Melvil Poupaud (inoubliable) et Suzanne Clément nous crevaient le cœur.

5 ans plus tard, ce prolifique hyperactif et surdoué en est à son 4ème film alors que le 5ème est déjà en boîte pour gravir les sommets cannois... Xavier Dolan agace beaucoup, parce qu'il a l'insolence et la désinvolture de sa jeunesse et qu'il est à tous les postes de la création d'un film : Producteur, scénariste, monteur, costumier et ici, comme dans ses deux premiers films, acteur, et très bon acteur ! "On" aimerait qu'il se calme, qu'il délègue. Pourquoi faudrait-il qu'il se mette à ressembler à tout le monde ? Je rêve moi qu'il continue de creuser sa singularité. Cette frénésie, cette énergie, ce souffle, cette inventivité permanents ressemblent plus pour moi à une urgence, comme s'il allait lui manquer du temps pour explorer toute l'étendue des possibles qu'offrent le cinéma. Comment oser reprocher à un artiste aussi accompli sa créativité ?

Il s'éloigne ici de sa trilogie axée sur les sentiments et les amours parfois impossibles pour s'attaquer à un cinéma de genre. Un hommage hitchcockien à n'en pas douter et on tremble d'ailleurs beaucoup dans cette ferme, notamment dans un champ de maïs ! Mais "Tom à la ferme" n'est pas "qu'un" thriller où des rapports sado-maso s'instaurent entre un jeune homme de la ville et un péquenaud taraudé par une honte qui l'obsède. Il en profite une nouvelle fois pour dénoncer l'intolérance insupportable et l'homophobie bas de plafond. Les mensonges, les secrets (souvent de Polichinelle), les dissimulations qu'elle induit. Et il offre son physique gracile, son visage d'ange, sa fragilité à ce Tom victime consentante.

Alors évidemment, il y a des faiblesses qu'on avait pas trouvées dans ses précédents films. Le personnage de Sarah (la merveilleuse Evelyne Brochu de Café de Flore) est parachuté un peu abruptement. Et le moment où Tom bascule est un peu confus. Néanmoins, il y a dans ce film flippant des moments extraordinaires en pagaïe, dont une scène de tango et un face à face angoissant entre quatre personnages... qui suffisent amplement à faire de Xavier Dolan un réalisateur incontournable.

Et une réplique, gueulée qui fait froid dans le dos :

"Pourquoi qu'elle prend pas la boîte ? Pourquoi qu'elle fait rien de ce qu’elle devrait faire ? Pourquoi qu'elle est pas venue aux funérailles ? Pourquoi qu'elle a jamais l’air ému ? Pourquoi y'a pas de peine dans ses vêtements ?"