PAS SON GENRE de Lucas Belvaux ***
Clément est professeur de philosophie. Catastrophe pour ce parisien très très parisien et très intellectuel, il est muté à Arras pour un an. Pour lui, il s'agit d'une punition.
Jusqu'à ce qu'il rencontre Jennifer, "il faut dire Djénifeur c'est américain" précise t'elle rapidement, jeune coiffeuse enthousiaste et épanouie. Elle partage sa vie entre son fils, son travail, ses copines et les soirées karaoké.
Et ce garçon très rationnel, incapable de s'engager, de dire "je t'aime" est tout surpris de tomber sous le charme de cette fille qui va le faire un peu cavaler avant de lui céder et de vivre avec elle l'histoire d'amour la plus surprenante et stimulante qu'il ait connue jusque là.
Quelle surprise de trouver Lucas Belvaux aux commandes d'une comédie sentimentale, lui qui nous avait habitués à un cinéma plus ancré dans le social, le thriller ou le drame ! Néanmoins puisqu'il s'agit de Lucas Belvaux, sa romcom prend le contrepied d'à peu près tout ce qu'on a connu jusqu'alors en matière de comédie romantique. Ni vraiment comédie, ni vraiment drame mais un subtil mélange des deux où alternent élégamment moments légers et d'autres beaucoup plus sombres ou mélancoliques.
Et le premier mot quand on pense à ce film est : irrésistible. Et le terme s'adresse également aux deux interprètes rayonnants que sont Emile Dequenne et Loïc Corbery. Et il est plutôt rare voire unique que l'on tombe amoureux à la fois du personnage féminin et du personnage masculin, que l'on soit fille ou garçon.
Evidemment rien n'est tout à fait simple pour les tourtereaux et l'on se demande s'ils vont réussir à contourner ce qui les oppose. Les préjugés, leurs différences sociales et culturelles. Mais le réalisateur réussit habilement à ne pas accumuler les clichés. Bien sûr Jennifer lit des magazines people, a toujours rêvé d'être coiffeuse, connaît par cœur toutes les chansons populaires tandis que Clément lit Proust et ignore même l'existence de Jennifer Aniston ! Mais Jennifer préfère lire des pavés à des romans de 200 pages, elle conseille Anna Gavalda à Clément qui ne la connaît que de nom et Jennifer se fend d'une belle explication de textes après avoir lu son premier Zola. Pourquoi l'intellectuel parisien connaîtrait-il davantage les intentions de Zola que la coiffeuse ? Et Clément en arrive même à découvrir la dimension kantienne de Jennifer, un peu comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir, et comme pour se persuader que cette fille n'est pas idiote.
Tout est charmant, optimiste, enthousiaste voire euphorique parfois. Clément semble découvrir l'insouciance et la joie de vivre. Le regard qu'il pose sur Jennifer est amoureux, un mélange de surprise et d'adoration parfois. A aucun moment Belvaux ne juge, ne se moque, ne dénigre. Il adore ses personnages. Et pourtant, le cœur serré, on pressent la tension et on redoute l'issue que le titre semble suggérer.
Tourné à Arras, ville superbe et méconnue pour les "sudistes" parisiens, et au bord de la mer lors de deux scènes, Belvaux démontre qu'au Nord il n'y a pas que les corons, mais aussi des fêtes, des carnavals, de la joie, des fanfares et de la bière évidemment.
Loïc Corbery déploie un charme irrésistible... décidément ce mot colle au film. Mais Emilie Dequenne, surprenante, excellente chanteuse lors de longues scènes de karaoké, troublante, charmante, drôle, émouvante, positive, à l'énergie et à l'optimisme communicatifs est magnifique et exceptionnelle.
Commentaires
Je vais y aller. Au moins pour Émilie.
Et Loïc vaut le détour aussi.
Quel enthousiasme, ça donne envie. C'est pas adapté d'un livre, ça ?
Je crois que si !
Une comédie intelligente c'est pas tous les jours.
Je vais y aller très vite ..
Bien.
J'avais envie de le voir, je crois que je vais me laisser tenter.
M'étonne pas. Une love story :-)
En effet, irrésistible... Mais où avaient-ils caché Loïc Corbery pendant tout ce temps ?
Oui ça mériterait vraiment qu'on fasse grève !!!!
Mais Monsieur fait du théââtre !
Rha la la, ces parisiens intellos !
Oh oui... qu'il vienne à Arras merde !
J ai adore ! Un vrai moment de bonheur .
Encore un beau film signé Belvaux. Comme tu le dis bien, pas d'accumulation de clichés, mais une approche assez fine des différences sociales, culturelles. Aucun n'est ridicule, et chacun apporte à l'autre. Un vrai plaisir de cinéma, avec une réhabilitation de I will survive, magnifiquement interprété par Emilie Dequenne !
Oui qu'est ce qu'elle chante bien !!!
Je crois que j'ai oublié de le dire !