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JE N'ÉTAIS PAS À CANNES

comme chaque année, et comme chaque année j'ai suivi le Palmarès à la télévision. Il s'agit d'une émission courte d'environ 3/4 d'heure.

 

Rien à voir avec l'interminable soirée des César par exemple.

 

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Très exceptionnellement de rares agitateurs viennent quelque peu troubler ou chahuter les ronrons de cette remise de prix...

 

Le point levé de Maurice Pialat en 1987 "Si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus" répondant aux sifflets d'une partie de la salle à l'annonce de sa Palme d'Or pour Sous le soleil de Satan, 

 

le bonheur de Roberto Benigni en 1998 se jetant aux pieds du Président Martin Scorsese pour le remercier de son Prix du Jury pour son film La vie est belle,

 

l'improbable discours de Sophie Marceau en 1999, interrompu par Kristin Scott Thomas,

le beau duo improvisé de Jeanne Moreau et Vanessa Paradis interprétant main dans la main le Tourbillon de la vie en 1995, 

 

les propos malheureux de Lars Von Trier en 2011 le rendant persona non grata à Cannes et le faisant sans aucun doute manquer la Palme pour son merveille Melancholia... et j'en oublie quelques uns.

 

Mais vraiment pas une quantité phénoménale de moments rock-and-roll !


Et puis hier... il y eut d'abord les adieux on ne peut plus discrets comme l'est sans doute l'homme, comme l'a été sa Présidence, de Gilles Jacob. Délégué, sélectionneur puis Président du Festival... pendant 38 ans il a marqué de son infatigable présence, de sa bienveillance, de son intelligence et de sa curiosité le Festival de Cannes. Pas de discours larmoyant hier pour céder sa place. Juste un petit signe "au revoir"... Bien plus touchant et fort que toutes les allocutions interminables.

 

Et puis aussi, et puis surtout, il y eut Xavier Dolan venu recevoir son Prix du Jury qu'hélas il partage avec cette vieille barbe de JLG. Et son discours tranchait notamment énormément avec celui de Timothy Spall (Prix d'interprétation pour M. Turner de Mike Leigh) plein "de merde et de cambouis" égocentrique et à l'humour douteux.

 

Xavier Dolan, tombant ensuite dans les bras de Jane Campion la Présidente

 

festival de cannes 2014,xavier dolan

 

a prononcé un discours vibrant d'une rare intelligence. On est encore "obligé" de rappeler l'âge de ce tout jeune réalisateur (acteur, producteur, scénariste, costumier, monteur...), puisqu'à 25 ans il en est déjà à son 5ème film en tant que réalisateur dont au moins un chef d'œuvre (car je n'ai pas encore vu évidemment Mommy qui je l'espère sortira rapidement...).

 

J'ai tué ma mère

Les amours imaginaires

Laurence Anyways

Tom à la ferme

 

A la fois très ému et très émouvant (ce qui n'est pas toujours le cas... l'émotion n'est pas forcément contagieuse et facilement transmissible), il a vraiment marqué à lui seul cette cérémonie.

 

festival de cannes 2014,xavier dolan

Voici son discours :

 

"Je suis désolé je suis très nerveux et ému, donc je vais dire ceci au mieux de ma capacité. L'émotion qui me gagne en contemplant cette salle mythique est bouleversante. Je suis éperdu de gratitude devant la reconnaissance de votre jury, la quantité d’amour aussi qu’on a reçu au cours de la dernière semaine me fait réaliser que c'est vrai : on fait ce métier pour aimer et être aimé en retour. C’est la revanche de nos amours imaginaires. Je vais aller très rapidement. Je voudrais remercier Nancy Grant, ma productrice, Patrick Roy, les Karmitz, les gens chez Diaphana, tout le monde chez E One. 

Quel bonheur de travailler avec vous, de me sentir compris malgré mes défauts et mes doutes.

Merci à Thierry Frémaux d’avoir cru en mes films, et surtout d'avoir cru en moi de m'avoir porté de m'avoir confronté, de m'avoir protégé. Merci à Christian Jeune pour son amitié et sa complicité. 

Merci à Anne Dorval, à Suzanne Clément, et Antoine-Olivier Pilon, vous êtes des acteurs, mais surtout des créateurs, je vous admire je vous aime.

Je voudrais remercier ma famille mes amis pour leur écoute leur amour. Je suis sûr que j'oublie tellement d'alliés. 

Je veux profiter de cette tribune pour m’adresser à ma génération et à Jane Campion. En anglais. Le français c'est ma langue première, la plus belle langue au monde pour moi, c'est vrai. Mais je veux que tout le monde m’entende.

D'aussi loin que je me souvienne, La Leçon de piano est le premier film que j’ai pu voir quand j'ai demandé à ma belle-mère "Quel film puis-je voir ?". Elle m'a dit La Leçon de piano. 

C'est un film qui a défini ma vie, ma carrière. Peu de films m'ont autant déterminé que La leçon de piano. Et me retrouver face à vous, sur une scène... Vous avez écrit des rôles pour des femmes magnifiques, avec de la volonté et une âme... Je n'ai pas terminé... 
Des femmes avec une âme, de la volonté et de la force. Pas des victimes, pas des objets. Et je serai très bref. Il me reste quelques noms.

Une note pour les gens de mon âge, les jeunes de ma génération. Ce sont les notes des dernières années dans ce monde de fous. Malgré les gens qui s'attachent à leurs gouts et n'aiment pas ce que vous faites, mais restez fidèles à ce que vous êtes. 

Accrochons nous à nos rêves, car nous pouvons changer le monde par nos rêves, nous pouvons faire rire les gens, les faire pleurer. Nous pouvons changer leurs idées, leurs esprits. Et en changeant leurs esprits nous pouvons changer le monde.

Ce ne sont pas que les hommes politiques et les scientifiques qui peuvent changer le monde, mais aussi les artistes. Ils le font depuis toujours. Il n'y a pas de limite à notre ambition à part celles que nous nous donnons et celles que les autres nous donnent. En bref, je pense que tout est possible à qui rêve, ose, travaille et n'abandonne jamais. Et puisse ce prix en être la preuve la plus rayonnante".

 

Ou ici à la 35ème minute :

 

Commentaires

  • Je n'ai pas vu Xavier Dolan à la télé, j'écoutais la radio en direct "le masque et la plume" et l'émotion passait fortement. Il m'a touchée ce jeune garçon, on sentait une grande sincérité.

  • Je le trouve extraordinaire en tout point.

  • Très content pour ma Julianne (hélas absente) et notre Xavier (je partage!), dont le discours était fort, audacieux et franchement émouvant, waow (ah, et puis cet accent!...). Et dire que ce mec n'a que 25 ans!
    Vivement la sortie de la "Mommy"! Non, je ne parle pas de Sophia Loren...

  • Ah Sophia !!!!
    Moins pire que cte pauvre Kim Novak quand même !

  • Merci pour ton article, c'était très intéressant!

  • Ta gueule.

  • Qu'il en profite
    Il a bien le temps de vieillir et de jouer les faux modestes ou les méprisants

  • Je crois qu'il part avec un bon "bagage" humain et intellectuel ! (en plus du reste).

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