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LUNDI 4 AOÛT 2014 - DEUX MOIS...

Tout à l'heure, je parlais avec Marlène (ma voisine). Elle a voulu voir mes "œuvres"... Oui, je bricole beaucoup depuis quelques semaines. Moi qui n'avais jamais tenu un pinceau et un marteau, qui n'avais jamais mis les pieds sauf contrainte et forcée chez Leroy Merlin ou Brico Dépôt... je peins, je couds, je découpe, je colle et je maroufle.

Exemple : j'ai refait l'entrée qui était moche, crade et sombre. Elle est belle (en tout cas elle me plaît), propre et claire :-)

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Et je ne vais pas en rester là...

 

Et puis évidemment, nous avons parlé de Mouche. Parler de Mouche, c'est ce que je préfère faire sur la terre aujourd'hui ! Il y a des gens avec qui c'est facile et c'est bon. Avec d'autres, on ne l'évoque même pas. Et ça me fait mal. Lorsque des personnes qui l'ont connu, apprécié ne m'en parlent pas, ne prononcent même pas son nom, je suis déçue voire choquée. C'est terrible.

 

Jamais nous n'avions été séparés aussi longtemps. Deux mois. Huit semaines. Les hospitalisations n'avaient jamais dépassé sept semaines. Alors voilà, nous avons dépassé notre limite de séparation. Sauf qu'à l'hôpital, j'y allais chaque jour.

 

Le matin, les tous premiers temps, je me réveillais et j'étais obligée de refaire la mise au point sur les événements... au bout d'un petit laps de temps je pensais : "ah oui, c'est vrai, c'est fini. Cette fois, il ne reviendra plus". Jamais. Aujourd'hui déjà, après si peu de temps ou après tout ce temps, je sais dès que je me réveille qu'il n'est pas là. Que sa place est à jamais vide. Je dis "Mouche" chaque jour en me réveillant. J'ai besoin de prononcer son nom... enfin, son pseudo, de caresser son beau visage sur la photo et de lui sourire en retour. De l'implorer de m'envoyer sa force parce que ce vide, son absence, son silence assourdissant sont parfois insupportables. C'est une douleur mystérieuse, qui m'était jusqu'alors inconnue. Une sensation d'oppression au niveau de la poitrine.

 

Certains s'inquiètent j'imagine. Se demandent si je m'ennuie ! Non jamais. Je ne m'ennuie jamais. A aucun moment je n'ai ressenti l'ennui et le désoeuvrement. C'est bien autre chose, une impression effroyable : le manque. Encore bien différente du besoin.

 

Le manque.

 

Ne plus le voir, ne plus le toucher, ne plus le sentir, ne plus l'entendre. C'est comme une entaille profonde dans ma chair. Une plaie qui ne cicatrise pas.

 

Je n'ai pas de mode d'emploi. Je ne sais pas comment je dois me comporter ni comment les "autres" doivent se comporter. Je vais à l'aveuglette, au jour le jour. Je sais simplement que certains comportements, certaines attitudes me choquent et me blessent. Que certains, des voisins, des soi-disant amis ou connaissances ne se soient même pas donnés la peine de me manifester leur sympathie me choque. Que certains m'inquiètent et m'importunent avec des faits bassement matériels sans respecter cette période de chagrin intense me choque.

 

Je comprends à quel point il doit être difficile de parler à quelqu'un qui comme moi vit un tel choc, une telle tragédie. Mais je crois que je préfère toutes les maladresses au silence. Chacun fait ce qu'il peut, comme il le peut. Je n'en veux à personne finalement. Je constate plus que jamais à quel point la sélection des personnes dont je dois m'entourer se fait naturellement. Avec certaines personnes chères qui ne savaient plus comment m'approcher sans craindre de me déranger ou de m'offenser les choses ont été mises au point simplement. Et je sais sur qui je peux compter désormais. J'ai constaté que certains dont je n'attendais rien se montrent délicats et attentionnés et d'autres dont je pensais qu'ils seraient présents disparaissent... C'est ainsi, c'est le moment où jamais. De toute façon, rien ne peut me faire autant de mal que la mort de Mouche.

 

Pour mes relations "virtuelles" que j'entretiens depuis des années parfois, elles me sont toujours aussi précieuses comme toutes celles qui sont ou sont devenues réelles. Chacune se reconnaîtra.

 

J'ai de longs, très longs moments de solitude comme je n'en avais sans doute jamais connus auparavant, ou je les ai oubliés. Des journées entières à ne voir personne, à ne pas ouvrir la bouche pour parler à quiconque. C'est sans gravité même si je m'interroge sur la nécessité de cette vie parfois. Même si je me demande comment je parviens à continuer à vivre alors que Mouche n'est plus là et qu'il a tant souffert. Et puis égoïstement je m'imagine malade à mon tour... puis mourante. Le seul "avantage", s'il est possible d'en trouver un... est que je n'ai plus peur de la mort alors qu'elle me terrifiait. Mais de la maladie, plus que jamais... Et Mouche est mort dans mes bras. Et je me demande qui me tiendra la main le moment venu, qui m'"accompagnera" et recueillera mon dernier souffle et ces pensées me terrorisent...

 

Hier j'ai appris la mort de son "copain de greffe" Joseph... juste un mois et demi après lui, de la même saloperie de bactérie pulmonaire. Le même âge. Ils étaient devenus amis. J'étais effondrée.

 

Les moments les plus terribles surgissent sans être invités. J'aimerais effacer le souvenir des derniers jours, voire des dernières semaines, si éprouvant. Le revoir ne plus pouvoir marcher, ne plus pouvoir se lever, ne plus pouvoir lever le bras sauf au prix d'un effort surhumain, et son pauvre visage émacié, son corps décharné quand il n'était plus lui-même. Et son agonie... Comment faire pour échapper à ça ? Pourquoi la mémoire impose t'elle parfois de revivre toute cette souffrance ?

 

Je pensais ne pas pouvoir le revoir à l'hôpital et puis je suis tombée sur cette vidéo. Et j'ai ri. Le voir, l'entendre. Je pensais que ce ne serait pas supportable. Et ça l'est. C'est même un plaisir. C'était l'année dernière, il venait d'être greffé et il riait.

 

D'ailleurs à propos de rire... ça me manque énormément de ne plus rire. C'est la personne la plus drôle que j'ai connue je vous l'ai déjà dit. Dès le réveil, il me faisait rire. C'est incroyable ce que tout le monde me semble fade, sans humour. Il n'avait pas le sens du ridicule, il se fichait de l'être, il aimait que je ris, que j'aille bien. Il voulait mon bonheur. Et moi je l'aime, j'aime son rire qui n'explosait jamais et son sourire, merveilleux, unique ! Jamais je n'ai vu un tel sourire chez personne. Cette lumière était le reflet exact de ce qu'il est. Un homme magnifique dont je suis tellement fière...

 

Commentaires

  • Ma Pascale, nous déménageons bientôt. Tu refais ton entrée, on se rapproche de Montmartre... alors viens nous voir !
    Ton texte est beau, comme à chaque fois. Je sors de Boyhood, c'était beau aussi.
    je t'embrasse

  • J'irai à Paris c'est sûr, mais je ne sais quand.
    Encore plus près de Montmartre ???
    A bientôt.

  • Oui ! Tout près de Lamarck, donc davantage derrière Montmartre :)

  • Jamais facile de trouver les mots (peur de réveiller les souvenirs tristes, aussi... mais je sais que tu le comprends).
    Même sans l'avoir connu "pour de vrai"... Mouche me manque à travers tes mots. J'imagine le trou que tu ressens (bon... ça ne se dit pas vraiment) et ça fait mal...

    C'est beau ce que tu fais chez toi ! Plein de lumière.

  • Oui c'est clair, c'est lumineux.
    Le blanc, y'a rien de tel !

  • Les gens qui ne te parlent pas de Mouche, qui ne donnent même plus de nouvelles, on va dire que tu ne perds rien, ils ne sont pas intéressants. Il y en a peut-être qui n'osent pas t'en parler, de peur de te faire du mal. Alors n'hésite pas à leur dire que tu veux, que tu as besoin de parler de lui.

  • Oui je sais qu'il y a d'une part ceux qui ne sont pas intéressants et ceux qui n'osent pas mais c'est déroutant.

  • C'est toi qui en parle le mieux.
    Je pourrais en lire des pages et des pages ... même si évidemment je préfèrerai que tu n'aies pas à en parler.

    Les vidéos de Mouche, j'en regarde régulièrement. Une bougie j'en allume chaque soir. Sa photo je la regarde chaque jour. C'est ma façon à moi de faire, de ne pas oublier et de me souvenir du Monsieur qu'il a été.

  • Toi aussi tu en parles bien.

    Tu l'as peu connu mais bien.

    Les vidéos, je les regarde au hasard et rarement.
    Pour l'instant, une à la fois, ça me fait rigoler.

  • La plus belle preuve d'amour que tu lui donnais, et en plus tu ne calculais pas !, lui donner l'impression d'être marrant. Car finalement, il était si humble qu'il n'en était pas sûr. Pourtant il m'a fait marrer moi aussi ! et je m'étonne moi-même, mais j'ai pu la regarder jusqu'au bout cette vidéo et sourire.
    Et toi aussi tu me fais marrer, et tes collages ils sont plus que réussis. Oui tu m'épates, je vais me mettre à la déco moi aussi, mais ne suis pas sûre de pouvoir rivaliser.

  • T'es gentil mon Dada.
    C'est vrai qu'il trouvait que j'étais particulièrement bon public et que du coup ça le valorisait. Mais putain, il était VRAIMENT drôle. La preuve, c'est que personne me fait rire comme ça.
    D'ailleurs, si par hasard (ça a dû arriver trois fois) il m'entendait m'esclaffer et qu'il n'était pas "responsable" de l'esclaffage... c'est la seule raison qui le rendait jaloux.

    Mais si, tu vas y arriver. Franchement... j'avais jamais fait de travaux manuels avant !

    Là, je suis en train de coller des feuilles sur des cadres abîmés :-)

  • La vidéo sans le son...
    ça le fait aussi.
    Qu'il est beau !

  • heureusement que les vidéos sont la : c est un trésor pour toi , sa voix son sourire ses fous rire, j ai toujours admiré votre amour, qui pour moi ne pouvait jamais mourir ,cet amour n est pas mort, mais il a fallu que l un de vous deux tire sa révérence et laisse l autre qu avec ses souvenirs, ses angoisses, et sa solitude, c est vrai que l on pourrait te lire pendant des heures......mais j aurai préféré ne jamais avoir a le faire et de continuer a le suivre, a vous suivre, dans le silence !ben oui je sais : toi aussi, et de toutes tes forces! Ton entrée est très jolie, et le reste j adore , c est le thème de chez moi! Tu vas pouvoir faire décoratrice!! je suis contente que tu arrives a t occuper, tu fais honneur a monsieur mouche qui serait fier de toi! Je t embrasse tendrement

  • Il n'en reviendrait pas de me voir faire tout ça !

  • Je suis une lectrice silencieuse depuis plusieurs années mais je romps le silence aujourd'hui pour vous présenter mes plus sincères condoléances. Vous avez beaucoup de courage. Je vous souhaite de retrouver le bonheur et que ce manque insoutenable devienne plus doux au fil du temps.
    Je vous embrasse

  • Merci beaucoup.

  • coucou Pascale
    tu sais quoi ? sans jouer dans le mélo ... il m'arrive très souvent de penser à Mouche - dernièrement pendant la nuit des étoiles J'ai beaucoup pensé à lui en regardant le ciel étoilé - Va savoir il continue à bien se marrer là haut
    Je suis très admirative de ton courage Bravo bravo
    Tu es fière de lui - C'était un sacré bonhomme - et pourtant je le connais qu'à travers ce blog
    Mais franchement il serait très fier de toi aussi - Trop classe ton entrée ! des envies de voyage ?
    Continue à nous parler de lui - il est encore là parmi nous
    Je t'embrasse fort fort

  • Il ne me quitte pas un instant.
    Et je suis contente qu'il ait marqué les esprits.

    Non aucune envie de voyage.

  • C'est vrai c'est complique d'en parler, tu vis quelque chose que peu de gens connaissent et peuvent aprehender, je me souviens en avoir voulu a ceux qui ne s'etaient jamais manifeste quand Loic est tombe malade. En tout cas, bon boulot pour la peinture, elle est bien claire cette entree!

    C'etait bon les terrines? tu as reussi a ouvrir les couvercles ? :)

  • Oui le silence de certaines personnes est impardonnable je trouve.
    De toute façon, le tri se fait encore plus facilement quand l'irréparable est arrivé ! Et quand la maladresse ressemble à de la bêtise, là... je ventile :-)

    Terrine délicieuse. J'ai dû EXPLOSER les couvercles :-)

  • Je pourrais te lire parler de lui pendant des heures... votre amour est si vivant !
    Ce manque, c'est terrible, je n'ose l'imaginer.

    C'est vrai qu'elle est belle ton entrée :)

  • Ce manque c'est comme pénétrer le monde du silence, le vide. C'est étrange.
    Oui mon entrée est chouette et je continue dans les changements !

  • J'adore le support de micro ....

  • gnihihihihi il a pas pris mon lien !!!

    http://youtu.be/TuzYyzwp9kc?

  • Perso je ne vois QUE le pieddmicro... et j'entends la castafiore !!!

  • Pas pris le temps depuis trop longtemps de te faire un petit signe, de te demander comment tu allais car débordée par le boulot en ce moment, qui me bouffe tout mon temps et mon énergie, mais je pense toujours à toi, à lui aussi... bravo pour tes travaux déco, je t'embrasse !

  • Oui t'es en plein boum tralala toi.
    Je sais bien que tu ne nous oublies pas.

  • En effet, je fais partie des gens qui n'osent pas parler. Et pourtant, je pense beaucoup à toi, je savais que tu t'ennuierais pas (jolie entrée par ailleurs), je me demande surtout si tu manges bien. Oui ça paraît bête mais Mouche le bogosse faisait du super manger. Et tu étais sa meilleure cliente.
    Du coup, je viendrais peut-être te causer de Mouche très prochainement, le chômage me laissera sûrement suffisamment de temps pour passer chez toi un de ces 4. :-)
    Et sinon toujours bons ces trous de balle carrés ?
    Je t'embrasse !

  • Les trous de balle sont toujours délicieux et ils n'ont pas fait long feu mais je ne suis pas contre le fait de goûter une autre spécialité.

  • Pas de problème, je viendrai avec d'autres trucs la prochaine fois. :-)

  • bonjour pascale,

    tout est dit et si bien dit.... le manque, cette douleur sans nom et que l'on ne peut exprimer ou définir ... et bien entendu les " amis" qui... hoplà ont bien d'autres choses à faire que venir te faire un coucou pour savoir comment tu vas ..ou alors juste pour te demander si la banque a bien payé le crédit de la maison pour te répondre "ha ben c'est déjà ça" (véridique !!)
    en parler est la meilleure des thérapies alors ....continue.. continue à nous parler de lui, nous faire partager tes vidéos.., c'est avec tes billets que nous avons appris à connaître mouche.L'autre jour en discutant du dons d'organe, je me suis surprise à dire "je connais quelqu'un" en pensant à toi et à mouche.. donc même si nous lectrices ne restons que des "oreilles" virtuelles, nous sommes de tout coeur avec toi..
    bizzzzz

  • ha j'oubliais.. tu sais que tu as du talent ? j'aime beaucoup ton entrée.. claire lumineuse ...parfait !
    bravo ...tu n'a plus qu'à créer un nouvel article "avant/après"

  • Merci, c'est gentil tout ça.
    Et l'idée que des "inconnus" parlent de Mouche, tu ne peux imaginer le bien que ça fait.
    Il vit à travers nous tous.
    Merci.

    Oui je vais faire un avant/après pour ce que j'ai encore "réalisé" :-)

  • Tu en parles si bien...
    C'est toujours triste mais tellement émouvant ...
    Ne t'arrête surtout pas...
    Je t'embrasse fort

  • C'est un sujet illimité je crois.
    Bises.

  • Jamais connu qu'à travers ce blog . Je ne suis pourtant pas une grande fan de cinéma mais j'aime votre façon d’écrire . Je penses souvent à lui . Sa force et son courage dans ce long combat m'inspire dans ma vie de tous les jours .
    J'aimerai vous apporter plus qu'un simple mot dans un commentaire ....

  • Un mot c'est déjà beaucoup.

  • Malheureusement dans ces moments là, les gens confondent pudeur et maladresse. Ils ne comprennent pas que le fait de parler du disparu apporte un bien être essentiel.
    Je parle souvent de mes absents, le manque me saisit encore à des moments inattendus, il est poignant, il est fort, il me terrasse.
    Parfois mon entourage me demande de "passer à autre chose".... quelle horreur cette phrase ! je ne supporte déjà pas de l'entendre, alors le faire, ou imaginer le faire...
    Mon mari a parfois l'impression que d'en parler me fait du mal, parce que ça me fait pleurer, mais au contraire, ça fait du bien. Il ne comprend pas toujours ce besoin, car il s'agit bien de besoin.
    Je pense à Mouche souvent, c'est aussi la raison pour laquelle je reviens ici constamment, il fait désormais partie de mes absents, ceux qui m'aident aussi à apprécier ce que j'ai sous la main.
    Tiens bon Pascale, ça ne changera rien, mais tiens bon quand même.
    Chienne de Vie

  • C'est très juste ce que tu dis.
    "Passer à autre chose"... C'est encore trop tôt pour qu'on me l'ait dit mais j'imagine que ça viendra. ça dépendra de qui. Quant aux maladresses, je les comprends quand elles ne se transforment pas en bêtises ou en méchanceté... et là je zappe en me disant que je ne peux continuer à fréquenter des gens bêtes ou méchants. C'est assez facile en fait.
    La maladresse peut être touchante.
    Mais oui, parler de l'absent et laisser libre court au chagrin, c'est... vital !

  • En ne découvrant ce texte que ce matin, j'ai deux pensées. Une affectueuse pour Mouche. Une autre affectueuse pour toi.

    J'y joins mes respects et la promesse de revenir ici, de temps à autre.

  • C'est gentil, ça me touche.
    Repasse quand tu veux :-)

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