de Thomas Cailley ****

A la mort de leur père, Arnaud et son frère reprennent l'entreprise familiale de menuiserie. Et alors qu'il installe une cabane de jardin chez un couple... leur fille Madeleine déboule avec sa hargne et son agressivité.

Peu concernée par les abris de jardin, Madeleine se montre immédiatement blessante vis-à-vis d'Arnaud et de son travail. Malgré cela, le jeune homme tombe immédiatement sous le charme. Et on le comprend. Quoi qu'elle dise, quoi qu'elle fasse, on sait d'emblée qu'Adèle Haenel...euh... Madeleine, n'est pas une fille comme les autres. Vive, impatiente et convaincue que la fin du monde est pour bientôt et qu'il faut s'y préparer, Madeleine est une tornade difficile à comprendre et à suivre. Et pourtant le doux, rêveur et indécis Arnaud va approcher, affronter et peut-être apprivoiser la belle.

Le réalisateur dont c'est le premier et admirable film le dit : "Arnaud et Madeleine c’est une collision, la rencontre brutale entre deux éléments contraires."  Et malgré le tempérament impulsif et bouillonnant d'Adèle Haenel, le jeune Kévin Azaïs tout en douceur et délicatesse occupe parfaitement l'espace et l'histoire.

Pour se préparer à survivre à la fin du monde actuel Madeleine s'inscrit à un stage de préparation militaire afin d'acquérir les éléments de base pour assurer sa survie. Impressionné par la détermination de Madeleine et à sa grande surprise, Arnaud la rejoint. Le garçon docile et appliqué devient rapidement chef de section. Quant à Madeleine, forte tête, insubordonnée, elle ne cesse de contredire les ordres. Il faut dire que cette préparation militaire est une grosse déception pour elle. Comment apprendre à survivre dans des conditions extrêmes si l'on vous sert des repas copieux trois fois par jour, si l'on vous offre des barres chocolatées et vitaminées lors des exercices, si les lits sont trop confortables..? Alors Madeleine s'échappe et Arnaud la suit.

Et leur escapade en pleine nature, sans vivres, sans but fait basculer le film. Ce film n'est d'ailleurs que cela, une succession de basculements, de revirements  vers autre chose, une autre histoire, un autre style pour la raconter... Comme si les personnages passaient successivement des étapes pour éprouver leur résistance, leur idéal, leur soif d'absolu, d'authenticité. L'osmose de ce couple tellement dissemblable, tellement opposé fait des merveilles, des miracles. Il y a parfois des acteurs, des actrices qui surgissent dans le paysage et l'on se dit que le cinéma, que la caméra ont été inventés pour eux, qu'ils les attendaient. Kévin Azais et Adèle Haenel sont de cette trempe, irrésistibles de drôlerie, de sincérité, de beauté. Des évidences.

Adèle Haenel est un ovni, une extra-terrestre. Tout chez elle attire, surprend, enthousiasme. Sa présence, sa voix, son débit inimitable, son allure, ses rares sourires irrésistibles. 

Et quand on s'y attend le moins, le réalisateur nous balance une scène quasi apocalyptique d'une beauté et d'une force inouïes, absolument inoubliable. Et ce que réussit le frêle Kévin Azais à ce moment là est époustouflant.

A voir donc, toute affaire cessante.