ENEMY de Denis Villeneuve *
Synopsis : Adam, un professeur discret, mène une vie paisible avec sa fiancée Mary. Un jour qu'il découvre son sosie parfait en la personne d’Anthony, un acteur fantasque, il ressent un trouble profond. Il commence alors à observer à distance la vie de cet homme et de sa mystérieuse femme enceinte. Puis Adam se met à imaginer les plus stupéfiants scénarios... pour lui et pour son propre couple.
Deux Jake Gyllenhaal pour le prix d'un, ça ne se refuse pas.
Nous avons donc ici la version Adam, prof d'histoire en fac qui récite son savoir à des étudiants sans passion. Il est voûté, triste, angoissé, mal sapé, mal dans sa peau et il marche comme un ours. En gros il a l'air d'un con. Il vit dans un appartement moche et sa chérie Mary lui rend visite. Ils font l'amour et elle claque la porte.
La version Anthony est beaucoup plus glamour, chemise blanche, scoliose rectifiée, démarche sexy, appartement de rêve très chic. Et sa chérie Helen enceinte jusqu'aux dents est jalouse parce que son queutard de mari file des coups de canif dans le contrat. Le bonheur n'est pas dans la cité.
Adam fait des rêves pas choupis qui font sursauter et si vous n'aimez pas les mygales, fermez les yeux, y'en a une grosse comme l'écran. Un jour, un collègue essaie d'entrer en communication avec Adam qui fait toujours la gueule et finit par lui conseiller un film comique. En le regardant lors d'une nuit d'insomnie il découvre son sosie dans le rôle d'un portier. Ce film ne le déride pas mais lui donne envie de sodomiser Mél... Mary mais elle refuse, elle dit aïe et elle claque la porte.
Retrouver Anthony devient une obsession pour Adam. Lorsqu'ils sont face à face, ils sont tout étonnés. Eux ils ne savent pas, mais nous on sait : c'est Jake Gyllenhaal, deux fois ! Et patati et patata...
Bref, les films à tendance schizoïde on les a vus et revus. Pour en refaire un il faut que le réalisateur s'accroche à un scenario en béton armé. Là, ce n'est pas le cas. Si la première demi-heure est forcément intrigante puisqu'elle met en place les personnages et l'histoire... ça part rapidement en sucette et on se fiche comme d'une guigne de ce qui peut bien leur arriver et même pourquoi ça leur arrive, ce qui est bien pire.
Denis Villeneuve a déjà été mille fois mieux inspirés, surtout ici mais aussi là... cette fois il semble surtout s'être intéressé à l'aspect esthétique de son ouvrage en filmant d'interminables plans de Montréal, ville fantôme rectiligne noyée dans une brume grisouille du gris le plus chic. Ses tirlipotations psy et symboliques m'ont laissée de marbre, la musique de film d'horreur pesante m'a assommée et les deux pauvres actrices Mélanie Laurent et Sarah Gadon m'ont fait pitié à jouer ainsi les utilités.
Il reste donc Jake Gyllenhaal, très bon bien que trop très poilu.
Commentaires
Dans la salle, quatre personnes. La séance commence presque à regret à l'heure, 13h45. L'histoire démarre comme un bon film à suspense. Et puis, curieusement, plus grand chose.
Ces deux-là, qui ne font probablement qu'un, auraient mieux fait de ne jamais se rencontrer.
Je ne me sens évidemment pas qualifié pour proposer une critique qui se tienne, mais, j'ai encore le souvenir de ce silence énorme après la dernière image, une sorte de regret d'être passé à côté de la symbolique. En tout cas, perplexe...
C'est ce que je dis... et patati et patata !
Ah ce Denis ne fera jamais mieux qu'Incendies alors...
Non.
Il avait atteint un sommet !