A GIRL AT MY DOOR de Julie Jung ***
Young-Nam, jeune commissaire de Séoul, a été mutée dans un village de Corée pour raisons disciplinaires. Nous connaîtrons la raison beaucoup plus tard dans le film et elle vaut son pesant d'imbécillité.
Dès son arrivée elle roule dans une flaque d'eau et éclabousse une petite fille qui jouait sur le bord de la route et qui s'échappe. Après avoir fait connaissance de ses nouveaux collègues et pris la mesure du monde qui sépare la grande ville de ce village de bord de mer, elle découvre son appartement et ses propriétaires qui la jugent immédiatement prétentieuse. L'ambiance est bonne.
Le même jour, elle surprend une bande de collégiens qui maltraitent une fille. Il s'agit de la même qu'à son arrivée. Et le soir, un père bat sa fille violemment sous ses yeux... Aucun doute, la petite Dohee est le souffre-douleurs de ses camarades de classe et martyre chez elle car sa grand-mère ajoute des coups à ceux du père alcoolique et ne s'adresse à elle que par des bordées d'insultes. Young-Nam explique à Dohee qu'elle ne doit pas se laisser ainsi maltraitée et de l'avertir si elle est encore confrontée aux coups. Elle menace par ailleurs le père en lui rappelant que la maltraitance des enfants est un crime. Dohee vient se réfugier chez Young-Nam qui découvre son dos couvert de plaies.
La complexité des personnages, les situations inextricables dans lesquelles ils s'engluent, les pièges qui se referment et les rebondissements en cascade de ce premier film captivant m'obligent à ne pas en dire davantage. En tout cas, on peut dire que la réalisatrice brosse un portrait peu flatteur de la Corée, pays du matin calme tout en maîtrisant un scénario à tiroirs... Intolérance, alcoolisme, bêtise, homosexualité sont au cœur de ce thriller étonnant et audacieux. Oui, il va y avoir un mort et donc enquête, quoique... Et l'épilogue assez machiavélique est surprenant.
Les deux actrices principales sont extraordinaires dont la subtile Doona Bae, déjà remarquable dans le sublime Air Doll de Hirokazu-Kore-Eda.
Commentaires
On ne sait pas vraiment ce qui s'est passé pour qu'elle soit mutée. On connaît le problème, mais il y a eu sûrement un épisode qui reste obscur, d'ailleurs elle demande pardon à sa copine à un moment du film. Ceci dit, j'ai été assez déroutée par cette histoire, je me suis demandée comment fonctionnait la police et les services sociaux là-bas, il y a des trucs bizarres à tous les niveaux. En tout cas c'est la Corée profonde ! ils sont vachement bas de plafonds tous. C'est très bien joué et on joue aussi avec nos nerfs.
Ben moi j'ai compris qu'il suffit qu'elle soit ce qu'elle soit... (je ne veux pas spoiler) pour qu'elle soit mutée... car effectivement ils ont tous l'air vraiment ras du bulbe.
Quand le piège se referme sur elle c'est vraiment super stressant.
Et la réaction machiavélique de la petite m'a assommée...
Je suis d'accord avec toi @AIfelle sur la raison pour laquelle elle a été mutée. D'où les bouteilles d'eau minérale... Je ne comprends pas non plus pourquoi les services de police n'interviennent pas concernant Dohee. Je me demande si ça se passe vraiment comme ça dans la "Corée profonde". Ca explique d'ailleurs la réaction "machiavélique" de Dohee... A mon avis, c'est déjà arrivé dans certaines affaires judiciaires que la victime qui subit depuis des années une maltraitance réagisse ainsi.
Je pense que la police n'intervient pas parce que le père... enfin le beau père de Dohee est en cheville avec la police et qu'il a plusieurs dossiers sur le dos : travailleurs clandestins... Bref, il faut marcher l'économie locale alors qu'il cogne la petite c'est pas bien grave !!!
Oui c'est pas mal du tout, et la fin est particulièrement culottée !
J'ai imaginé une relation mère/fille et toi ?
Je pense aussi qu'il s'agit d'une relation mer/fille. En fait, j'ai l'impression que la réalisatrice veut nous en convaincre tout le long du film... Et c'est le spectateur qui se retrouve à "juger" cette relation. A la fin, je trouve que la relation mère/fille s'impose (d'ailleurs la scène se passe au bord de la mer).
Oui je n'ai pas imaginé autre chose...