Les habitants de l'Oise ont peur en cet hiver 1978. Des jeunes filles sont assassinées et le tueur est introuvable. Après une traque de plusieurs mois, le couperet tombe, il s'agit d'un gendarme lui-même chargé de l'enquête...

La piste mène rapidement à l'idée qu'effectivement le coupable ferait partie de la gendarmerie mais elle est tellement inconcevable que la hiérarchie ne donne pas l'autorisation dans un premier temps d'enquêter dans ses propres rangs. Cela donne évidemment des scènes incroyablement cinégéniques puisque le criminel se retrouve à enquêter sur sa propre arrestation. Et notamment cette scène incroyable où équipé d'un portrait robot (le représentant donc), il fait du porte à porte pour présenter le portrait à la population. Et celle où face à lui, un collègue regarde une nouvelle fois le portrait en disant : "je n'arrive jamais à me souvenir de la tête qu'a ce salaud".

Ce type est un malade, sans doute schizophrène, en tout cas misanthrope et pétri de contradictions. Tout ou à peu près le dégoûte chez ses semblables. Il faut le voir pris de panique lorsque les cheveux de celle qui tient absolument à se faire épouser (!!!) se retrouve sur son peigne ! Après chaque crime, particulièrement odieux (en général, il tue sa victime dans sa voiture et la jette littéralement hors du véhicule sur le bord de la route), il rentre chez lui et se punit. Là encore son imagination et son sadisme (enfin masochisme) est sans limite. Puis il se couche et le lendemain il endosse l'uniforme de gendarme. Côtoyer ses collègues pas toujours bien malins est une souffrance pour lui qui n'aime que l'ordre et la méthode. Quelle angoisse c'est pour cette homme lorsqu'un collègue envisage qu'une carte routière pourrait comporter des inexactitudes ! Le dimanche il subit les repas en famille avec des parents pas très hauts de plafond non plus. Personne ne voit à quel point ce type est dérangé, inquiet et inquiétant. Seul son petit frère qu'il emmène régulièrement en forêt suivre des entraînements de commando intensifs jusqu'à le faire vomir, lui demande une fois s'il va bien.

Lui-même surentraîné à survivre en terrain hostile, ce tueur échappe à une battue d'une manière qui fait véritablement froid dans le dos... et ailleurs.

Eprouvant et glacial comme la saison le film souffre d'être trop sombre et répétitif et de ne faire exister aucun personnage secondaire... oulalala Ana Girardot...

Mais cela offre à Guillaume Canet toute la place pour s'emparer d'une interprétation haut de gamme et sans le moindre effet. Son visage est le seul effet spécial qu'il s'accorde. Il porte le film à lui seul. Avec ses chemises impeccables et sa raie plaquée sur le côté, il fiche vraiment la trouille. Et cela claquera peut-être enfin le beignet à ceux qui le voient cantonné dans des rôles de joli garçon, de gendre idéal. Guillaume Canet fout vraiment les chocottes. Il avait raison puisque dans son premier film en tant que réalisateur Ne le dis à personne il s'était donné le rôle pas vraiment aimable de Philippe Neuville. Et Téchiné a confirmé récemment qu'il pouvait être L'homme qu'on aimait trop, même si c'est à tort. Pour Guillaume donc et l'ambiance hivernale qui font peur.