Comme souvent c'est le cinéma qui m'apprend quelque chose. Je ne savais pas qu'il existait un concours National de la Résistance et de la Déportation. Et pourtant il semblerait que c'est le cas depuis 1961 !!! 

Ce Concours annuel est destiné aux élèves de 3èmes ainsi qu'à tous les élèves de lycées d'enseignement général, technologique, professionnel, agricole ainsi qu'à tous les jeunes placés dans les centres éducatifs fermés ainsi qu'aux mineurs et jeunes majeurs placés en détention.

Je suis assez agacée voire scandalisée de n'avoir JAMAIS entendu parler de ce Concours durant ma loooooooooongue scolarité (ni même en dehors), aucun prof' ne l'a jamais évoqué et donc encore moins permis d'y participer... Et pourtant j'aurais eu de la matière puisque j'avais un grand-père qui fût Résistant et Déporté à Buchenwald. Ce concours a pour objectif de : "Perpétuer la mémoire et l'histoire de la Résistance et de la Déportation, afin de permettre aux jeunes générations de s'en inspirer et d'en tirer des leçons civiques dans leur vie d'aujourd'hui". Quel programme ! C'est sûr c'est autre chose que de nous faire ânonner sur Vercingétorix, Clovis et le vase de Soissons. Entre autres niaiseries que d'ailleurs on n'oublie jamais tant elles ont été rabâchées.

Le film nous narre donc la success et true story d'une classe du Lycée Léon Blum de Créteil dont les élèves sont peu enclins à s'intéresser spontanément à quoi que ce soit et la prof d'histoire particulièrement inspirée et passionnée par son métier d'enseignante. Le genre de prof comme on en rencontre une voire deux dans toute sa scolarité.

L'affaire n'est pas gagnée puisque la prof propose le Concours à la classe la plus faible de l'établissement. Elle n'est pas encouragée par son proviseur et les élèves eux-mêmes doutent d'y arriver, soupçonnent même la prof de vouloir se moquer d'eux en leur infligeant un échec supplémentaire. On leur a attribué le titre de cancres, ce qui semble parfaitement leur convenir. En effet, ces ados de toutes origines, le Proviseur dira à un moment que le lycée est composé de 29 "communautés", n'ont aucun respect de rien ni de personne pas plus que d'eux mêmes. Les cours se transforment parfois en bagarres,  les insultes fusent à longueur de cours et à tout propos. Les seuls moments de cohésion sont ceux où ils s'unissent pour chahuter ou faire pleurer les profs complètement démunis et réduits au rôle de surveillants chargés de faire régner l'ordre. Une prof leur prédira qu'ils n'auront jamais leur bac à cause de leur comportement. Seule la prof d'histoire réussit à maintenir l'ordre durant ses cours et parfois à capter l'attention des enfants. Il faut dire que son calme, sa douceur, sa patience, sa pédagogie ont de quoi dérouter les fauteurs de troubles.

Alors évidemment, on frôle parfois l'angélisme et la métamorphose de ces minis loubards en manque de repères, d'affection, de considération est spectaculaire. La prof semble trop belle, trop bonne, trop merveilleuse pour être vraie. Et pourtant, on se laisse prendre, attendrir voire bouleverser par cette histoire pleine de fraîcheur et d'enthousiasme. Enfin un film positif et optimiste. J'espère que de nombreux profs emmèneront leurs élèves le voir et à n'en pas douter ce sont eux qui réclameront de participer au Concours.

Le summum de l'émotion est atteint lors de l'intervention de Léon Zyguel devant ces ados peu à peu gagnés par les larmes. Ce juif déporté mais survivant des camps de Buchenwald (il a peut-être connu mon grand-père) et d'Auschwitch raconte le cauchemar qu'il a vécu avec un calme et une intelligence impressionnants. Il raconte pour que l'on sache, pour que l'on oublie pas ce que certains hommes sont capables de faire subir à d'autres hommes mais aussi pour témoigner comment cette partie de sa vie l'a transformé et rendu plus fort plutôt que de l'abattre. Un grand et très beau moment.

Je vous invite à le regarder et à l'écouter ICI, il est vraiment impressionnant.