MON AMIE VICTORIA de Jean-Paul Civeyrac *
Victoria n'a vraiment pas de chance. A huit ans, elle vit avec sa vieille tante gravement malade qui ne tardera pas à la laisser seule sur terre.
Elle passe une nuit chez un copain de classe, Thomas. Et alors qu'elle vit dans un deux pièces misérables, la famille de Thomas possède un appartement vaste et luxueux. Bouché bée, elle fait aussi la connaissance du grand frère Edouard, qu'elle n'oubliera jamais. Devenue adulte elle a une brève relation avec Thomas. Les deux jeunes gens ne s'aiment pas vraiment et Thomas part à l'étranger sans que ça les bouleverse le moins du monde. Victoria est enceinte, décide de garder l'enfant et de ne pas prévenir Thomas. 7 ans plus tard, alors qu'elle a eu un autre enfant d'un autre homme, elle décide de présenter Victoria à la famille de Thomas !!! Accueillie à bras ouverts, la petite fille passe de plus en plus de temps chez ses grands-parents qui sont fous d'elle.
Bon... Comment dire ! Plusieurs "fautes" m'ont rendu la vision de ce film parfois éprouvante. En tout premier lieu, la voix Off. Du début à la fin, l'amie de Victoria, Fanny nous raconte à la fois ce qui se passe à l'écran et dans la tête des personnages. Il est vrai que l'atonie de l'actrice principale belle mais absolument inexpressive ne nous aide pas à savoir ce qui se passe dans sa tête et dans son cœur, si toutefois il s'y passe quelque chose. Mais on n'est pas si idiot, on se doute un peu face aux événements. Par ailleurs, la personne qui lit le commentaire omniprésent semble réciter son texte comme un enfant du CP qui apprend à lire. Insupportable.
Ensuite, la mollesse, l'apathie, l'impassibilité de Victoria qui semble absolument détachée de tout ce qui lui arrive dans l'histoire et absente au film lui-même fait qu'on se demande parfois si elle est idiote, inconsciente ou insensible. C'est très gênant pour une histoire censée nous tirer des larmes et sans doute de la révolte.
Quant à la grande amitié entre Fanny et Victoria, à aucun moment on n'en ressent l'intensité.
On voudrait sans doute également nous faire avaler que les grands-parents brusquement amoureux de cette petite fille noire, jouent les affreux colonialistes réacs blancs convaincus de leur supériorité. Mais l'interprétation convaincue et convaincante de Catherine Mouchet et Pascal Greggory en font des papy/mamie complètement gâteaux.
Et puis dommage que le beau rôle de papa très investi alors que la mère lui a caché l'existence de son enfant pendant 7 ans soit complètement mis de côté.