En intégrant les bureaux du 36 Quai des Orfèvres, le jeune inspecteur Franck Magne se trouve immédiatement confronté au meurtre odieux d'une jeune fille, violée, torturée, poignardée.

Particulièrement avisé il met en corrélation plusieurs autres dossiers, mais face à l'absence de moyens, à la guéguerre que se livrent les différents services, à l'ambition de certains qui veulent s'approprier l'affaire s'ils réussissent à coincer le coupable et à certaines erreurs qui ralentissent l'enquête, il faudra 8 ans pour mettre la main sur Guy Georges, le "tueur de l'Est parisien", coupable du meurtre de 7 jeunes femmes et de l'agression de 4 autres.

On connaît l'issue et malgré cela on reste accroché à la traque de cet homme qui échappa à plusieurs reprises à la justice. Arrêté puis relâché faute de preuves et cela malgré un passé judiciaire particulièrement lourd. Car avec son enfance ballottée d'enfant non désiré, abandonné par ses parents et ses grands-parents Guy Georges se montre parfois violent et aura affaire à la justice dès son adolescence.

On apprend des choses sur le fonctionnement de la P.J., la vétusté des locaux qui permettent néanmoins de respirer en accédant sur les toits et de découvrir Paris : "ça c'est la récompense" dira un inspecteur, l'absence de matériel (c'est un inspecteur qui apportera le premier ordinateur dans le service sur ses propres deniers), la promiscuité, l'absence de fichier ADN national. C'est d'ailleurs à la suite de cette affaire qu'un fichier des criminels sera mis en place permettant depuis la résolution de bien des affaires grâce à des recoupements.

Parallèlement à l'enquête acharnée, sérieuse, consciencieuse durant les années 90, on assiste au procès du criminel en 2001. Tout aussi passionnant car Guy Georges commence à nier en bloc, pas les viols, mais les meurtres. D'autant que les différents tests ADN qu'il accepte, l'empreinte d'un pied qui ne correspond pas au sien, un portrait robot qui identifie le suspect comme étant de type maghrébin alors qu'il est métis, n'imposent pas un verdict de culpabilité. Et puis la personnalité du tueur, un homme calme et doux dont l'enfance brise le cœur, et l'humanité de son avocate (superbe Nathalie Baye) qui cherche l'homme sous le monstre nous feraient presque douter parfois.

Le réalisateur ne cherche pas à nous rendre cet homme sympathique, ni à justifier les atrocités qu'il a commises (chaque crime est particulièrement abominable avec torture et actes de barbarie comme s'il s'amusait avec sa victime) mais il faut reconnaître au vaillant Adame Niane interprète du tueur, le talent d'être terrifiant et de réussir à émouvoir lorsqu'il avoue enfin, lorsqu'il prévient de ne pas le laisser sortir car c'est dehors qu'il est dangereux.