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LES RÈGLES DU JEU de Claudine Bories et Patrice Chagnard ***

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Lolita, Kévin, Hamid, Thierry et les autres sont au chomage dans le Nord de la France et à ce titre ils peuvent bénéficier des services d'Ingeus une boîte privée qui peut les aider à trouver un emploi.

Le problème et le point commun de ces jeunes gens sont leur âge, environ 20 ans et le fait qu'ils ne possèdent aucun diplôme.

Le choix des protagonistes de ce film incroyable, en recherche d'emploi est sans doute représentatif de cette jeunesse sans réelle formation, sans beaucoup d'énergie parfois mais il est aussi exceptionnel. A force de les suivre pendant plusieurs mois, il me semble évident qu'on a envie de donner sa chance à chacun d'entre eux tant il est évident qu'ils sont incapables en un seul entretien de se mettre en valeur.

Tour à tour agaçants, touchants voire bouleversants, on craint le pire pour ces jeunes qui souhaitent entrer dans un monde dont ils ne connaissent pas les codes. On sait gré aux réalisateurs de ne pas nous infliger de commentaires "off" horripilant qui nous expliqueraient ce que l'on voit et que l'on doit penser.

La première prise de contact avec un type qui se donne en exemple, se croit propre sur lui (alors que son col mal repassé et sa barbe mal taillée laissent à désirer) est assez incroyable. Il leur dit en tout premier lieu qu'il faut être en costume cravate pour se présenter à un entretien d'embauche et leur demande s'ils sont "job ready". C'est drôle et pathétique. Il faut voir les yeux écarquillés des jeunes qui n'ont pas dû faire anglais 1ère langue bien longtemps.

La prestation téléphonique d'un "commercial" chargé de "placer" les jeunes dans des entreprises est elle aussi assez consternante. Avec son discours formaté et pas bien efficace : "je vous rappelle pour savoir où nous en sommes sur le dossier untel...", il laisse tomber au premier argument de la responsable de l'entreprise qu'il a jointe.

Quant à la simulation d'entretiens devant deux personnes dont une affirmera qu'il ne faut pas se présenter à un entretien en baskets est révoltante. Elle se penchera même sous la table pour vérifier la tenue du jeune homme, décidera sans autre forme de procès "pour moi ce serait non"... alors que nous pouvons constater avec elle que les baskets sont en parfait état et propres. On leur demande donc de se déguiser et de se présenter en costume pour un emploi dans le BTP !!! Aberrant.

Par contre, dès que les jeunes gens sont pris en charge par la personne qui va les accompagner pendant un an, tout est différent. Ces accompagnatrices (nous ne voyons que des femmes) sont d'une patience, d'une gentillesse, d'un professionnalisme exceptionnels. Devant parfois faire office de Nounou, d'assistante sociale, de psy. Une relation presqu'intime se noue avec leurs protégés dont certains se comportent aussi pour leur faire plaisir.

On est bouleversé par Lolita qui traîne un lourd secret familial dont elle ne voudra pas parler, qui se dit foutue d'avance à 20 ans et qui masque mal son dégoût de la vie par une agressivité quasi permanente. Elle est pourtant la seule dont on sent une véritable envie de travailler, une rage de s'en sortir. Mais sa façon de s'exprimer (on comprend mal ce qu'elle dit) surtout au téléphone, son manque de soin, sa présentation et sa brutalité parfois sont sûrement des obstacles.

Thierry est fou de joie lorsqu'il décroche un CDI dans une entreprise qui le faisait rêver mais déchantera rapidement lorsqu'il réalisera que pour le même nombre d'heures effectué il gagne moins qu'un intérimaire.

Kévin dit à qui veut l'entendre qu'il ne sait pas se vendre et cache sa timidité en bravant ses interlocuteurs : "je vous écoute" leur lance t'il lors d'une simulation d'entretien. Et sa conseillère a fort à faire avec lui car il manque ses rendez-vous, les oublie ou arrive en retard et par naïveté ou excès de confiance en son accompagnatrice qui l'attend et l'appelle à 10 heures du matin il dit : "ben j'étais au lit là, vous me réveillez !"

Quant à Hamid, charmeur incroyable, il ramène ses problèmes de famille à chaque entretien, déclare qu'il va tuer son frère et finit par renoncer à cet accompagnement.

La paresse, la colère, le désespoir, le renoncement tout cela est traité frontalement sans effets. Le constat est plutôt alarmant

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