SNOW THERAPY de Ruben Östlund ***
Ebba, Tomas et leurs deux enfants forment une famille suédoise idéale. Ils sont beaux et blonds comme des dieux nordiques mais dès la première scène on sent le sourire imposé par le photographe qui les met en scène quelque peu forcé.
Et puis Madame ne se prive pas de dire à une femme qu'elle rencontre pour la première fois que son beau mari doit profiter de ces quelques jours de vacances dans les Alpes françaises pour s'occuper ENFIN de sa famille car le cher homme travaille trop ! Y'aurait-il du mou dans la corde à nœud de la famille Johansonn ?
Dans cette station de sports d'hiver, chaque jour des avalanches artificielles sont provoquées pour éviter qu'une véritable avalanche se produise. Alors qu'ils sont à la terrasse d'un restaurant en altitude, une masse colossale de neige se dirige vers eux à la vitesse d'un cheval au galop. Alors qu'Ebba se jette sur ses enfants pour les protéger, Tomas se sauve seul en sens contraire malgré les cris de sa femme et de ses enfants... Personne n'est blessé, la neige s'arrête au pied du restaurant, la vie reprend tout ce qu'il y a de plus normalement, mais un malaise persistant s'installe au sein de la famille parfaite.
Alors que le doute et la perplexité rongent Ebba, Tomas fait montre d'un déni total de ce qui s'est passé. Bien qu'ils tentent de se mettre d'accord sur une version commune : "nous avons eu tous très peur mais tout le monde va bien", Ebba déçue, s'éloigne de plus en plus de Tomas qui tente maladroitement de reprendre sa place au sein de sa famille. Et finalement la catastrophe évitée s'immisce dans le couple (métaphore ???).
Le réalisateur est parfaitement doué pour mettre le spectateur mal à l'aise. L'ambiance aseptisée, claustrophobique de l'hôtel luxueux glace le sang (le mien en tout cas, quel endroit horrible !!!) et les soirées avec d'autres couples rencontrés sur place accentuent l'embarras et les troubles.
L'image idéale et chimérique de la famille qui ne l'est pas moins, en apparence, la figure paternelle et celle du mâle dans sa toute puissance en prennent un fameux coup dans l'aile. Et face au désarroi du père et du mari qui finit par admettre qu'il ne s'est pas montré à la hauteur de ce qu'on attend de lui, on assiste avec ironie et effroi à la désagrégation progressive et rapide du couple à travers le regard de plus en plus dégoûté que porte la femme sur son homme.
On apprend des choses aussi j'imagine sur la famille suédoise. Le moutard y est roi plus que partout ailleurs et peut avec beaucoup de mépris et de hurlements prier ses parents de quitter leur propre chambre d'hôtel parce qu'il en a décidé ainsi. Deux baffes, un suppo et au lit putain !
Et alors que le film semble s'acheminer vers son épilogue, le très habile réalisateur qui veut absolument filmer une catastrophe nous en remet deux couches pour le plus grand plaisir de nos yeux ébahis.
A voir absolument !
P.S. : et comme l'Internet mondial sait tout sur tout. J'ai pu découvrir où j'avais déjà vu cette tête de beau gosse !!! Preuve qu'acteur, c'est un métier...
Commentaires
Hier une amie m'a dit s'être ennuyée devant ce film. Visiblement ce n'est pas ton cas !
alors là pas du tout !
Petite longueur vers le milieu comment souvent mais excellent.
C'est le premier avis positif que je lis sur ce film qui se fait beaucoup éreinter, et comme souvent tu me convaincs, je verrai ce film ! (Mais quand ? :))
Ereinté ? Ah bon ? J'en ai entendu grand bien dans MON France Inter à plusieurs reprises. C'est même eux qui m'ont incité à y aller. Je n'ai pas regretté.
Moi j'ai aimé.
Moi aussi.
Hypnotisé est le seul mot qui me vient à l'esprit pour expliquer les deux heures passées devant ce film. Le pitch est parfaitement expliqué ci-dessus et même si on peut avoir l'impression parfois que le réalisateur en fait des tonnes, l'effet miroir est saisissant. J'ai bien aimé ce film même si je n'en étais pas sûr à la fin, mais j'y repense depuis quelques jours et c'est bon signe pour une oeuvre, elle ne laisse pas indifférente.
Les films qui ont un deuxième effet kiss cool sont les meilleurs :-)