Liliane et son mari forment un couple qui n'a plus rien à se dire. Les soirées devant la télé succèdent aux repas silencieux. La solitude, l'ennui, les regrets voire les remords semblent peser sur eux. Seul leur travail les sort de leur torpeur résignée.

Et puis un coup de massue s'abat sur eux. Leur fils unique qui vit en Chine et avec qui ils n'ont aucune relation, meurt dans un accident. Eliane s'effondre mais fait face avec patience à la lourdeur administrative. Rapatrier un corps de l'étranger est un parcours du combattant. Elle décide donc de se rendre seule en Chine pour ramener son fils. Elle n'en dit rien à son mari qui propose plus tard de la rejoindre. Elle refuse, doucement : "tu n'as jamais été là pour lui, ça ne va pas commencer aujourd'hui".

Il faut une bonne part d'inconscience pour aller en Chine, pays aussi mystérieux et éloigné de nous qu'une planète. Et la première barrière est celle de la langue. Avec calme et persévérance, Liliane va toutes les franchir mais surtout découvrir et peu à peu comprendre pourquoi son fils a choisi de s'installer dans cette région  éloignée de la ville. Elle va faire la connaissance de ses amis et d'une fiancée bien triste. Partager leur quotidien, s'intégrer, se faire accepter et respecter les coutumes locales. Choisir de finalement célébrer les obsèques sur place et constater qu'une cérémonie peut être apaisante, bienfaisante.

Et surtout elle va écrire une lettre d'amour posthume à son fils bien-aimé, lui déclarer son amour, son admiration, avouer ses torts et ses regrets, mais sans reproche, se réconcilier pour toujours. Et admettre trop tard mais sans culpabilité que les gens qu'on aime il faut les aimer tant qu'ils sont vivants, et leur prouver, et leur dire !

Et forcément c'est beau, c'est magnifique parce que la Chine est un pays sublime dont le réalisateur ne montre que la douceur et l'humanité. Et qu'il s'appuie sur une actrice, Yolande Moreau, qui porte en elle, dans son beau visage lisse et rond, dans la candeur azure de ses yeux, dans sa massive et nonchalante stature, toute la douceur, la tendresse, tout ce que la maternité a de beau et de rassurant.

Réussir un film dont on sort calme et apaisé sur un des thèmes les plus douloureux du monde, la perte d'un enfant, est une performance.