Le père d'Eléonore vient de mourir. Parisienne et sans permis, elle doit se rendre en Bretagne pour vendre la maison familiale. Elle demande à son ex-compagnon Samuel de l'accompagner le temps d'un week-end.

Bien qu'il vive une nouvelle relation amoureuse avec Laure, une fille "estomaquante", retourner dans cette maison où il s'est fréquemment rendu en compagnie d'Eléonore ravive le souvenir de leur amour toujours vif. Entre les visites de la maison organisée par Claire Andrieux, agent immobilier, la réparation de la terrasse, les repas, les promenades... le week-end va se charger de beaucoup d'imprévus et d'émotions pour les trois jeunes gens.

Voilà un grand petit film inattendu qui s'immisce en vous et finit par vous envahir par sa douceur, sa mélancolie, sa tristesse et sa gaité parfois. Un film qui tâtonne, balbutie, se trompe et s'égare comme les trois personnages. Un film  parfois inégal avec des maladresses (la voix off...) mais qui vous laisse le cœur léger empli de rêves et d'espérance en l'avenir.

Et pourtant les thèmes ne sont pas légers. Comment faire le deuil du seul parent qui vous reste quand on est une fille et qu'on lui dit : "papa, c'est toi l'homme de ma vie" ? Comment réagir en découvrant les secrets qu'il a cachés ? Comment supporter de voir la trace qu'il a laissée dans le fauteuil qu'il occupait peut-être encore quelques jours auparavant ? Comment se séparer de cette maison et la vider ? Tous ces petits riens qui rendent l'absence violente, insupportable et auxquels le réalisateur ne donne pas de réponse mais suggère l'apaisement.

Eléonore marche dans les dunes et croise le fantôme de son père, interprété par Alain Chamfort, beau, doux, calme, apaisant, rassurant. Il lui donne les clés de la vie, de l'amour (on est bien au cinéma...) et c'est beau cette relation d'un père et de sa fille qui s'aiment sans conditions. Emma de Caunes, ravissante, charmante et bien plus, offre une interprétation délicate et fragile de cette fille un peu perdue qui essaie de donner le change. Yannick Rénier, beau mais beau, épaule solide et cœur incertain, essaie tant bien que mal de lui résister. Il est lui aussi d'une sensibilité à fleur de peau.

Et autour d'eux papillonne Claire (Jeanne Rosa, une révélation à l'abattage exceptionnel, une fille qui fait des rondades...), l'agent immobilier à l'incorrigible optimisme et gaffeuse comme il est pas permis... Capable par exemple de chanter in extenso à Eléonore qui se décompose peu à peu de tristesse devant elle, cette chanson de Brassens

Un beau film qui aurait pu être triste et maladroit puisqu'il parle de deuil, de la perte des parents, des erreurs que l'on commet, de l'amour que l'on perd par ignorance ou bêtise mais qui se révèle mettre du baume sur les plaies parce qu'il ne joue pas avec les sentiments, parce qu'il est léger aussi, parce que ses beaux interprètes semblent comprendre de quoi ils parlent sans pathos, parce que les embruns de Bretagne flottent alentour et que tant de délicatesse c'est reposant et consolant.