LA MAISON AU TOIT ROUGE de Yoji Yamada ***
La vieille Taki vient de mourir, son petit neveu trouve dans sa maison les mémoires qu'elle avait écrites à sa demande. En flash-back on parcourt donc quelques moments clé de la vie de Taki depuis ce jour de 1936 où elle a quitté sa campagne pour devenir "bonne" d'une famille bourgeoise dans la banlieue de Tokyo jusqu'à sa mort, de nos jours.
Taki est une personne humble et renfermée mais d'emblée la maîtresse de maison Tokiko l'accueille avec joie et bonne humeur. Le fils de 6 ans tombe sous son charme et l'adopte immédiatement. Quant au mari, surtout préoccupé par son travail et sa chère personne, il semble ne jamais s'apercevoir de ce qui se passe sous son toit. C'est pourtant lui qui va introduire le loup dans la bergerie en la personne d'un collègue Masaki, jeune homme sensible, attentif et délicat.
Parfois je m'interroge sur ce qu'est la poésie, notion particulièrement abstraite et souvent employée sans que je comprenne réellement où elle se situe et à quoi elle correspond. En voyant le titre de ce film et cette petite maison au toit rouge (incroyable d'ailleurs qu'elle ne figure pas sur l'affiche... et ceux qui me connaissent savent à quel point je suis rouge addict), le mot poésie m'est immédiatement venu en tête. Alors c'est peut-être ça la poésie, une invitation au rêve et à l'imaginaire. Cette maison, j'ai eu envie d'y pénétrer et de voir ce qui s'y passait.
Taki évoque donc l'une des périodes les plus sombres de l'histoire du Japon : les années de guerre avec la Chine, la prise et le massacre de Nankin, la seconde guerre mondiale, les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki... mais elle le fait de façon totalement subjective et sans se préoccuper jamais de politique ou de réalisme et de précisions historiques. Cette grande histoire, elle l'a vécue à l'intérieur de cette petite maison et était plus concernée par la petite histoire qui s'y déroulait. Son attachement et son dévouement à cette famille lui ont permis de traverser cette période troublée à l'abri des catastrophes mais non des émotions. Un peu comme si elle vivait par procuration l'amour interdit entre Yokiko et Masaki.
Et c'est par cette astuce scénaristique que le réalisateur nous convie à explorer un mode de vie révolu en opposition avec la modernité représentée par le jeune neveu très surpris que sa grand-tante ait pu être une "bonne" et qu'elle ne soit pas plus concernée et révoltée par certains épisodes sanglants de son pays.
J'imagine que certains pourront trouver le procédé et le film désuets, j'ai moi été au contraire transportée par les anachronismes, par le parti pris de rester concentré sur la maison, la rue qui y mène alors qu'au loin le bruit des bombes résonnent et sur les personnages qui vivent bien des troubles et des tourments. Magnifique.
Commentaires
Les horaires ne sont pas très pratiques chez moi pour ce film, mais je vais essayer de trouver un créneau. Il me tente.
Tard le soir peut-être ?
Moi non plus je n'aime pas le cinéma le soir.. Alors que quand j'étais jeune je préférais.
Ce film te plairait je pense.