LEOPARDI, IL GIOVANE FAVOLOSO de Mario Martone ***
Synopsis : XIXe siècle. Giacomo Leopardi est un enfant prodige. Issu d’une famille aristocratique, il grandit sous le regard implacable de son père. Contraint aux études dans l’immense bibliothèque familiale, il s’évade dans l’écriture et la poésie. En Europe, le monde change, les révolutions éclatent et Giacomo se libère du joug de son père ultraconservateur. Génie malheureux, ironique et rebelle, il deviendra, à côté de Dante, le plus célèbre poète italien
J'aime quand le cinéma m'offre la possibilité de découvrir une histoire ou un personnage réel dont je n'avais jamais entendu parler, même si la poésie, spécialité de cet écrivain reste toujours pour moi d'une opacité extrême. Leopardi, auteur réputé difficile à traduire, a écrit en prose et en vers. Ses textes sont d'un pessimisme sans fin et sans fond. Tout jeune déjà il affirmait : "Je suis mûr pour la mort."
"Toujours j’aimai cette hauteur déserte
Et cette haie qui du plus lointain horizon
Cache au regard une telle étendue.
Mais demeurant et contemplant j’invente
Des espaces interminables au-delà, de surhumains
Silences et une si profonde
Tranquillité que pour un peu se troublerait Le coeur.
Et percevant Le vent qui passe dans ces feuilles – ce silence Infini, je le vais comparant
A cette voix, et me souviens de l’éternel,
Des saisons qui sont mortes et de celle
Qui vit encore de sa rumeur. Ainsi
Dans tant d’immensité ma pensée sombre
Et m’abîmer m’est doux en cette mer. "
La vie de Giacomo Leopardi est romanesque à plus d'un titre. Elevé par un père rigide et une mère bigote, il a au moins la consolation de partager son enfance et son adolescence studieuses avec un frère et une sœur adorés. Les trois enfants sont astreints par leur père à passer leurs journées entières dans la bibliothèque dont il détient la clé sur lui en permanence. A la manière d'un Léopold Mozart, le père Leopardi exhibe ses enfants dans la bonne société pour faire valoir leurs talents de mathématiciens par exemple.
Giacomo s'ennuie à Recanati et sa vie n'est pas simplifiée par une disgrâce physique (il est bossu) et sa santé ne va cesser de se détériorer au fil des années et son corps devenir difforme. Sa rencontre avec un mentor avec qui il correspond pendant des années lui permet de s'échapper de l'emprise familiale. Devenu athée et hors de la domination paternelle ses parents le rejetteront et il vivra une vie de misère, souvent aidé et logé par un ami.
A Rome, il choque et agace souvent ses pairs qui ne le comprennent pas. Il est considéré comme le philosophe du pessimisme mais refuse violemment de laisser croire que ses ennuis de santé considérables sont à l'origine de la noirceur de sa pensée. "Quant au bonheur des masses, il me fait rire, car mon petit cerveau ne peut concevoir une masse heureuse composée d'individus qui ne le sont pas".
Le réalisateur pare son récit et sa réalisation lyrique d'une reconstitution somptueuse du XIXème siècle et d'une musique anachronique électro aérienne. Et s'appuie sur la composition fabuleuse d'Elio Germano, l'ACTEUR italien depuis une dizaine d'années.
Commentaires
D'accord de A à Z.
Je l'ai vu un peu par hasard, celui-là, j'étais persuadée d'aller voir un documentaire :-) quelle merveilleuse surprise. D'autant que j'aime vraiment beaucoup Elio Germano, et que ce rôle est vraiment différent de ce que j'ai vu de lui jusqu'ici.
Je n'entends rien à la poésie non plus, surtout en langue étrangère, mais je serais assez tentée de lire du Leopardi (il a bien dû écrire un peu de philo ?) Tout pessimiste qu'il était, il m'a semblé positif dans sa façon de chercher la beauté en-dehors de sa douleur.
Elio Germano peut tout faire j'ai l'impression.
Et le pessimisme, ça fait peur, mais ce n'est pas forcément négatif. J'ai adoré sa façon de penser !
Tout faire, je ne sais pas, j'ai du rattrapage à faire sans doute, j'ai dû voir 4 ou 5 de ses films seulement, mais ce n'est jamais désagréable à regarder en tout cas.
En fait je voulais dire qu'il peut passer d'un registre à l'autre, sans plier les genoux... Enfin, là... si... un peu !
:-)