PARTISAN d'Ariel Kleiman **(*)
Gregori se rend dans une maternité, il entre dans une chambre, offre une fleur à une femme... On croit qu'ils se connaissent. Pas du tout. On voit que la jeune femme porte des marques de violence sur son visage. Gregori la recueille avec l'enfant qui vient de naître : Alexandre.
On croit que Gregori est un philanthrope. Absolument pas. Alors que dire puisqu'il faut environ une demi-heure avant que le spectateur comprenne ce qu'est réellement Gregori et encore plus de temps pour comprendre ce qu'il veut ou plus précisément ce qu'il fait...
A ce titre, la première heure du film est absolument formidable parce qu'intrigante et mystérieuse. Dans une ville imaginaire d'un pays non identifié dont on perçoit qu'il vient d'être ravagé par une guerre ou simplement des privations, Gregori a créé une sorte de communauté dont il est le chef, le gourou, le père ! L'originalité de cette collectivité est qu'elle n'abrite que des mamans et leurs enfants qui ont manifestement été victimes. On n'aura jamais de précisions sur ce qu'ils ont subi.
Gregori est donc le seul homme. Le jeune Alexandre est son "fils" préféré. On comprendra beaucoup plus tard pourquoi en lui souhaitant son 11ème anniversaire, il lui susurre à l'oreille "ne grandis pas trop vite". Tout le monde vit en parfaite harmonie mais surtout en totale autarcie, complètement coupé de l'extérieur et "éduqué" par Gregori qui dispense éducation, tendresse, amour et distractions dans la plus exemplaire entente. Mais il faut bien subvenir aux besoins de la communauté et il serait criminel de révéler comment s'y prend Gregori...
Il s'agit d'un premier film et il est en bien des points vraiment brillant mais comme souvent trop de mystère tue le mystère et on ne sait pas très bien ce qu'Ariel Kleiman veut réellement montrer ou dénoncer. Un monde totalitaire, celui des sectes, l'emprise d'un esprit malade sur plus faibles que lui ?
En tout cas, on se sent souvent mal à l'aise devant ce qui se passe mais on est fasciné par la prise de conscience et la révolte du garçon. Le jeune Jérémy Chabriel qui joue l'enfant affronte avec beaucoup de grâce, de sérénité et une force tranquille impressionnante, qui vont bien au-delà de son évidente beauté, la star Vincent Cassel, monstre de douceur et d'autorité paisible mais inquiétant et imprévisible qui perd peu à peu de sa superbe devant cet enfant devenu insoumis.