Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LA LOI DU MARCHÉ de Stéphane Brizé ***

la loi du marche de stéphane brizé,cinéma,vincent lindon

Synopsis : À 51 ans, après 20 mois de chômage, Thierry commence un nouveau travail qui le met bientôt face à un dilemme moral. Pour garder son emploi, peut-il tout accepter ?

Lorsque le film commence, Thierry a encore la rage. Et il l'exprime sans détour au type de Pôle Emploi qui le reçoit, le comprend... mais ne peut pas faire grand chose. Thierry sort d'un stage de 4 mois. Un stage de grutier qui lui a été proposé par la même administration. 4 mois de perte de temps au cours desquels il n'a plus cherché d'emploi et se retrouve une nouvelle fois sans travail à l'issue de la formation.

 

Qui n'a pas été confronté ou n'a pas connu personnellement une de ces formations qu'on propose et qui n'aboutit à rien ? Dès la scène d'ouverture, on est de plein fouet dans le cinéma vérité. Presqu'un docu-fiction. On sait qu'il y a Vincent Lindon, que c'est bien Vincent Lindon que l'on voit à l'écran, l'acteur connu et pourtant à aucun moment on ne sentira de fossé entre lui l'acteur qui joue Thierry un type de 51 ans au chômage et les autres acteurs non professionnels et forcément plus vrais que nature. On sent l'implication, la sincérité, l'empathie et la colère de cet acteur incroyable qui ne connaît pas les mots tiédeur et neutralité. Dès lors on peut voir ce film comme un document, un témoignage sur ce qui se passe dans les entreprises aujourd'hui. Le seul élément de fiction étant sans doute la réaction finale (mais humainement, dignement compréhensible) de Thierry qu'on ne peut conseiller à quiconque a un emploi.

 

Thierry refuse donc un nouveau stage de formation qui le conduirait à apprendre le métier de cariste sans certitude une fois encore de trouver un emploi. Avant d'accepter le poste de vigile d'un supermarché Thierry subira un entretien d'embauche par Skype et la confrontation avec d'autres chômeurs chargés d'analyser et d'évaluer sa prestation. Terrifiant. Critiqué, malmené et déprécié par tous, Thierry encaisse sans broncher. Le spectateur est sidéré.

 

Lorsqu'il devient un employé de la sécurité chargé à la fois de surveiller les clients au comportement douteux... éventuellement voleurs, mais aussi ses collègues en caisse, Thierry découvre un monde inhumain, violent. Pour faire face au manque de départs en retraite, la direction donne l'ordre de prendre les caissières en éventuel flagrant délit de faute. Ainsi l'une d'elle sera convoquée pour avoir gardé pour elle des tickets de réduction destinés à la poubelle, et une autre pour avoir récupéré des points sur sa carte de fidélité. Chacune réagira différemment, l'une d'elle tentera un timide "ce n'est pas comme si j'avais volé quelque chose...". Et le directeur qui les reçoit debout et les fait mettre contre un mur pour les humilier, les détruire en quelques mots... dira simplement : "vous avez perdu ma confiance".

 

Tout est dur, inhumain et insoutenable. Difficile de ne pas être révolté devant ce qu'on voit. L'hypocrisie, la froideur et la cruauté de la direction, la faiblesse, l'impuissance de certains employés condamnés à se taire pour peut-être conserver leur emploi, ou au contraire bons petits soldats qui acceptent d'exercer sur plus fragiles qu'eux leur petit pouvoir. Cauchemardesque.

 

Mais le point d'ancrage de Thierry c'est sa famille. Sa femme qu'il aime et qui l'aime sans qu'on ait besoin de grandes démonstrations. Simplement deux scènes de danse dont une... drôle et touchante où Thierry/Vincent danse avec son prof. Etait-il nécessaire d'ajouter aux épreuves que rencontre Thierry, un fils assez lourdement handicapé même si les scènes avec ce fils prouvent que là encore, il assure !

 

Vincent Lindon, ovationné à Cannes, obtiendra-t-il le Prix d'interprétation mérité ?

Commentaires

  • Je l'ai vu cet après-midi et me suis sentie aussi dans un docu. Je n'ai pas été surprise par grand chose hélas, mais Vincent Lindon est formidable. Ce qu'on oblige un chômeur à faire, alors que la seule vérité c'est qu'on n'a pas de travail à lui offrir, en tout cas pas de travail décent ! Tout est réaliste dans ce film, sauf en effet la scène finale. J'ai pensé que dans la vraie vie, personne ne pourrait se permettre de le faire.

  • Oui je me suis sentie mal à l'aise presque tout le temps.
    La dernière scène nous rappelle qu'on est au cinéma.

  • Lauriers mérités pour Lindon qui porte un film à la fois saisissant de réalisme et parfaitement nécessaire.

  • Je t'agrée mon canard.

  • Beaucoup trop démonstratif pour moi. Était il utile de grossir le trait à ce point? Au bout d'une heure je n'en pouvais plus...interprétation au top mais réalisation naze.

  • Naze peut-être pas... mais y'a du too much.
    Voilà pourquoi il n'y a que ***
    C'est effectivement une accumulation de tout ce qui se fait de pire dans une entreprise... et le fils handicapé pour en remettre une couche : stop.

  • BRAVO, BRAVO, pour ce film, il faut y passer pour savoir ce que c'est,
    j'ai autour de moi des jeunes et des plus vieux qui ont fait des formations
    qui n'ont abouties à rien, ils perdent confiance en eux et c'est terrible.
    Un jeune qui voulait travailler en boulangerie-patisserie et pendant sa
    formation il s'est défoncé et à donné le meilleur de lui même et au bout du
    compte, le patron lui a dit qu'il ne le gardait pas, enfin de compte il n'avait
    jamais eu l'intention de le garder depuis le début, il a profité du jeune c'est
    tout. C'est dégoutant, il peut faire cela à beaucoup de jeunes encore !

  • Oui c'est affreux ce qui se passe, chacun se sert des autres.
    On a tous des exemples autour de nous. C'est moche.

  • Je pense malheureusement que c'est comme ça, et même pire.
    Le Directeur des Ressources Humaines, on rencontre des mecs comme ça dans tous les lieux de pouvoirs, malheureusement. L'exemple du supermarché, et ses exemples est déjà connu, mais comme nous y allons régulièrement, il a valeur d'exemple universel de traitement humiliant, dégradant, de réactions de soumissions, parce qu'il n'y a pas le choix. Et des gens qui craquent, il y en a. Ils ne partent pas forcément au milieu de leur journée, mais le burn-out, quand qqun ne "peut plus aller bosser", physiquement et moralement empêché, ça existe.

  • Mon ingénieur de mec a eu affaire à la grande distribution... il était outré, scandalisé... et ça remonte avant les crises :-)
    Ils traitent tout le monde comme des chiens, comme des larbins... même les "fournisseurs" extérieurs. Ils n'imaginent pas qu'eux-mêmes sont sur un siège éjectable mais le temps qu'ils ont leur "petit pouvoir", ils s'en donnent à cœur joie.

Les commentaires sont fermés.