Synopsis : Pierre et Manon sont pauvres. Ils font des documentaires avec rien et ils vivent en faisant des petits boulots. Pierre rencontre une jeune stagiaire, Elisabeth, et elle devient sa maîtresse. Mais Pierre ne veut pas quitter Manon pour Elisabeth, il veut garder les deux.

Un jour Elisabeth, la jeune maîtresse de Pierre, découvre que Manon, la femme de Pierre, a un amant. Et elle le dit à Pierre… Pierre se retourne vers Manon parce que c’est elle qu’il aimait. Et comme il se sent trahi, il implore Manon et délaisse Elisabeth. Manon, elle, rompt tout de suite avec son amant. On peut supposer que c’est parce qu’elle aime Pierre.

Il m'est bien difficile d'aimer ce film malgré les bonnes choses que j'y ai vues : un noir et blanc et une lumière magnifiques, des cadres sublimes, le sourire exceptionnel et rare de Stanislas Merhar, la toute dernière scène enfin vibrante, la seule qui le soit, puisqu'il s'agit d'amour !

Mais comme le dit l'un des personnages : "tout ça pour en arriver là ?" En effet ! Et cette heure 10 m'a paru bien longue par moments ! Un cinéma hautain qui se prend très très au sérieux et qui m'a irritée au plus haut point tant il m'a semblé affirmer exactement l'inverse de ce qu'il prétend démontrer. Un film où les personnages sont "pauvres". Mais que veut dire "pauvres" pour Garrel ? Que ses personnages vivent effectivement dans un taudis (car quand on est pauvres, on arrache le papier peint des murs, on laisse l'appartement à l'abandon...) mais qui sent la petite bourgeoisie à plein nez ! Pierre est cinéaste mais surtout faible et velléitaire : il a des projets. Comment survivent ces gens ? Mystère ! Manon a un travail mais s'engouffre surtout dans son sac de couchage dès que possible !

Stanislas Mehrar en sous jeu permanent et Clotilde Coureau dont ont ne sait jamais si son sourire est naturel ou si elle minaude semblent convaincus dans leurs guenilles de tourner LE chef d'œuvre !

Mais surtout, avec ce titre et cette démonstration qui se voudraient féministes, Garrel m'a assommée du film le plus misogyne qu'il m'a été donné de voir depuis longtemps. Si son personnage est bien la caricature d'être humain décrit par Alfred de Musset : "tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux, et lâches, méprisables et sensuels...", ses "femmes" ne sont effectivement pas : "perfides, artificieuses, vaniteuses, curieuses et dépravées..." toujours selon Musset, mais sont, selon Garrel, pires encore : victimes, faibles, souffreteuses, pleurnicheuses, dépendantes, soumises, indiscrètes...

et "l'union de ces deux êtres si imparfaits et si affreux" est vraiment moche !