TALE OF TALES
de Matteo Garrone ***
Une Reine se désespère dans son château de ne pouvoir enfanter. Un sorcier venu de nulle part lui donne la solution : consentir un sacrifice, arracher le cœur d'un dragon, le faire cuire par une vierge et le manger. Ainsi le miracle s'accomplira.
Dans le Royaume voisin, un Roi plein de divertissements couche avec tout ce qui remue et se laisse surprendre par une voix enchanteresse. Il veut savoir qui se cache derrière cette voix et mettre la belle dans son lit.
Un peu plus loin, un Roi vit seul avec sa Princesse de fille. Alors que la belle se morfond d'ennui ne rêvant que d'épousailles, le Roi se prend de passion pour une puce qui deviendra monstrueuse à force d'être nourrie. Il offrira sa fille à un ogre pour ne pas perdre la face devant ses sujets.
Qu'est-ce qui relie ces trois histoires ? A peu près rien et pratiquement tout. Des histoires tristes de rois et de princesses dans un univers peuplé de sorciers, de monstres, de beautés idéales, de maléfices et de sortilèges. Chacun insatisfait de son sort rêve d'ailleurs, de mieux, de différent et tous en paieront le prix fort. Ces histoires sont tirées d'un ouvrage italien du XVIIème siècle de Giambattista Basile publié à titre posthume : Le Pentamerone ou Conte des Contes, recueil de cinquante contes populaires napolitains. Il semblerait qu'ils aient en partie influencé plus tard les incontournables et beaucoup plus illustres chez nous Charles Perrault et frères Grimm.
Voilà un film qui a ce que j'appelle un double effet kiss-cool... vous savez l'effet qui survient après le premier effet. J'adore ça. Lorsque je suis sortie de la salle, j'étais moyennement satisfaite et donc aussi moyennement déçue. Déçue qu'il ait cette facture internationale (beaucoup de stars avec accents puisque tout le monde s'exprime en anglais...) au lieu d'avoir été tourné dans son pays d'origine l'Italie avec surtout des acteurs et la langue du cru. J'ai aussi eu l'impression que c'était un peu long et que les histoires n'avaient pas toutes trouvé leur épilogue. La sensation que certains personnages avaient disparu sans qu'on connaisse leur destin.
Finalement, deux jours plus tard, je dois reconnaître, que la plupart des personnages ne m'ont pas quittée et reviennent peupler mes pensées (sauf le Roi (Toby Jones) et sa puce géante : eurcke !), et c'est bien bon. Et je retournerais bien dans ces pays imaginaires oniriques et cauchemardesques où il se passe de bien étranges choses. Et je me laisserais mieux porter par ces atmosphères déconcertantes, baroques, inhabituelles où l'on est jamais bien loin de l'horreur quand on croit s'approcher de l'inaccessible étoile.
L'amour est l'objet de bien des tourments, celui d'un roi pour son épouse, d'une mère pour son fils, de deux faux frères l'un pour l'autre, d'un père pour sa fille, d'un roi pour la beauté, de filles pauvres pour l'éternelle jeunesse !
Saltimbanques généreux et épanouis, noblesse insatisfaite, lavandières désespérées, ogre amoureux, jumeaux albinos... tout ce monde évolue dans des décors que l'on jugera hideux ou féerique. J'ai choisi mon camp.
Commentaires
Ce film est un véritable petit bijou ! Pour moi, c’est la preuve que Matteo Garrone est un cinéaste ingénieux… J’ai adoré !
Oui c'est beau mais on ne doit pas être nombreux à l'avoir vu.