LES AUTRES FILMS D'OCTOBRE 2015
ASPHALTE de Samuel Benchetrit ***
Synopsis : Un immeuble dans une cité. Un ascenseur en panne. Trois rencontres. Six personnages.
Sternkowtiz quittera-t-il son fauteuil pour trouver l’amour d’une infirmière de nuit ? Charly, l’ado délaissé, réussira-t-il à faire décrocher un rôle à Jeanne Meyer, actrice des années 80 ? Et qu’arrivera-t-il à John McKenzie, astronaute tombé du ciel et recueilli par Madame Hamida ?
Cette petite pépite rare et fauchée n'a pas dû attirer les foules et c'est bien dommage car c'est un film qui réchauffe, qui fait du bien au cœur et à l'âme et dont on sort avec un sourire béat sur la face. C'est doux, drôle, absurde et un peu triste. Pourtant on rit, beaucoup mais pas trop fort. Lorsque Sternkowtiz (inénarrable Gustave Kervern) refuse de mettre la main au porte-monnaie pour que soit réparé l'ascenseur de l'immeuble régulièrement en panne (il habite au premier étage), le ton est donné. On est chez les barjots ! D'autant que suite à un accident, le même Sternkowtiz se retrouve en fauteuil roulant et aurait du coup bien besoin de l'ascenseur. Que de ruses pour pouvoir entrer chez lui ! Il tombe amoureux d'une infirmière dépressive (normal c'est Valeria Burni-Tedeschi...) et la scène où il se lève de son fauteuil pour la rejoindre en... boitant, rampant, se contorsionnant est à mourir de rire.
Le jeune Charly sympathise avec sa nouvelle voisine, une actrice célèbre. Les scènes qu'ils ont ensemble sont magnifiques, tendres, folles et follement cinéphiles. Isabelle Huppert et Jules Benchetrit sont à croquer.
Mais aussi, un astronaute américain atterrit par erreur sur le toit de l'immeuble et s'installe pour quelque temps chez Madame Hamida en attendant que la NASA vienne le récupérer. Les rapports entre cet américain (Michaël Pitt, ADORABLE !) et cette dame qui a le cœur sur la main mais ne parle pas un mot d'américain (et l'américain pas un mot de français) donneraient presque espoir et confiance en l'espèce humaine.
Seule fausse note... Valeria Bruni-Tedeschi, sa voix de gamine, ses hésitations, ses bredouillages, ses racines noires, ses cheveux gras, ses tenues de mémère genre "j'suis trop une fille du peuple"... c'est INSUPPORTABLE, je n'en peux plus. Cette actrice confond toujours fille simple et fille crado. Tout, absolument TOUT sonne faux chez cette fille. J'ai juste envie de lui acheter une bouteille de shampoing. Oui je fais une fixette sur les cheveux propres et alors... En tout cas, elle arrive à plaire à Gustave Kervern, et à eux deux ils ne coûteront pas cher en savon.
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FATIMA de Philippe Faucon ***
Synopsis : Fatima vit seule avec ses deux filles : Souad, 15 ans, adolescente en révolte, et Nesrine, 18 ans, qui commence des études de médecine. Fatima maîtrise mal le français et le vit comme une frustration dans ses rapports quotidiens avec ses filles. Toutes deux sont sa fierté, son moteur, son inquiétude aussi. Afin de leur offrir le meilleur avenir possible, Fatima travaille comme femme de ménage avec des horaires décalés. Un jour, elle chute dans un escalier. En arrêt de travail, Fatima se met à écrire en arabe ce qu'il ne lui a pas été possible de dire jusque-là en français à ses filles.
Un encarté a dit : "Fatima" est un film si délicat qu’il est difficile d’en parler sans l’abîmer." Et je suis d'accord. Je sais, c'est un peu facile comme avis mais c'est un film qui parle d'intégration comme jamais ça n'a été fait je trouve. Cette femme seule avec ses deux filles différentes est un modèle. On est loin des clichés habituels. Evidemment elle couvre ses cheveux lorsqu'elle sort et tente d'expliquer à sa fille que son ti-shirt est trop échancré. Mais aussi, elle est divorcée et s'assume seule. Le père des deux filles a "refait sa vie" mais il continue de s'occuper de ses filles. Et ça, c'est totalement inédit. Le père est présent. Il est là quand il faut recadrer la plus jeune qui a honte de sa mère. Là aussi quand il faut lui acheter des chaussures. Le couple est divorcé mais se respecte. Et Fatima fait des ménages, subit la condescendance d'une de ses employeurs dont le fils a bien du mal à passer sa première année de médecine alors que la fille de Fatima réussit le concours. Puis elle se met à écrire, parle de sa vie, ses sentiments, de ce qu'elle ressent. C'est beau, c'est fort, c'est indispensable. Et l'actrice Soria Zeroual, on a envie de la prendre dans ses bras.
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ELSER, UN HEROS ORDINAIRE d'Olivier Hirschbiegel **(*)
Comme chaque année en ce 8 novembre 1939 Hitler célèbre sa tentative de prise de pouvoir avortée de 1923. Il était comme ça Adolph, il aimait commémorer aussi ses ratages. Tout s'explique peut-être. C'est donc ce soir là que Georg Elser choisit pour poser sa bombe artisanale qu'il a mis au point seul grâce à ses connaissances en horlogerie. Chaque soir pendant plus d'un mois il est venu installer son engin près du pupitre d'où Hitler doit s'exprimer. Cette bombe aurait dû éliminer d'un coup d'un seul, Hitler, Goebbels, Himmler et toutes les huiles nazies présentes pour l'occasion. C'est dire si Elser aurait pu être un héros mondialement vénéré au lieu de cet obscur anonyme. Sauf que le führer ce jour là, fut moins bavard et a quitté l'endroit plus tôt que prévu. La bombe n'a donc fait que des victimes moins illustres. Et alors qu'il tentait de s'échapper vers la Suisse et qu'il détenait sur lui des preuves qu'il était le responsable de l'attentat, Elser est arrêté.
Merci à Olivier Hirschbiegel de nous parler de ce résistant allemand, l'un des rares sans doute à avoir pris la mesure de ce que Hitler préparait. L'histoire est donc passionnante. On admire cet homme qui s'oppose seul. Le Führer et ses sbires sont persuadés qu'Elser n'a pas agi seul, qu'il est même un agent des services britanniques. Mais les séances de torture orchestrées par les SS démontrent qu'Elser était bel et bien seul. Cet homme que l'on prétendait communiste (forcément) n'a jamais adhéré au parti. Il explique le plus simplement du monde qu'il déteste les dictateurs, qu'Hitler ne tient pas ses promesses faites aux travailleurs, qu'au contraire le salaire moyen a considérablement baissé et que plonger le pays dans la guerre est inacceptable.
Un héros absolument fascinant parce qu'insaisissable, qu'hélas le réalisateur gâche un peu/beaucoup en ayant cru bon d'en faire un séducteur invétéré (les filles tombent comme des mouches ce qui n'a strictement aucun intérêt dans l'histoire et n'apporte rien à la personnalité du personnage) et avoir choisi un acteur dénué de tout charisme. N'ayons pas peur des mots, Christian Friedel est un mochtron avec un grand M !
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VIERGE SOUS SERMENT de Laura Bispuri **
Synopsis : Hana a grandi dans un petit village reculé d’Albanie où le sort des femmes n’est guère enviable. Pour ne pas vivre sous tutelle masculine, elle choisit de se plier à une tradition ancestrale : elle fait le serment de rester vierge à jamais et de vivre comme un homme. Vierge sous serment suit la trajectoire d'une femme vers sa liberté, par-delà les écrasantes montagnes albanaises et jusqu'en Italie.
Terriblement austère, ce film a au moins l'avantage de nous relater une nouvelle façon aberrante mais salutaire dont les femmes peuvent s'affranchir de la domination masculine dans une société où la misogyne semble être une tradition.
Et puis, il y a la grande Alba Rochwacher, capable de s'engouffrer dans n'importe quel rôle et d'y être crédible.
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BOOMERANG de François Favrat **
Synopsis : Boomerang : nom masculin, arme de jet capable en tournant sur elle-même de revenir à son point de départ… En revenant avec sa sœur Agathe sur l’île de Noirmoutier, berceau de leur enfance, Antoine ne soupçonnait pas combien le passé, tel un boomerang, se rappellerait à son souvenir. Secrets, non-dits, mensonges : et si toute l’histoire de cette famille était en fait à réécrire ? Face à la disparition mystérieuse de sa mère, un père adepte du silence et une sœur qui ne veut rien voir, une inconnue séduisante va heureusement bousculer la vie d’Antoine…
Les histoires de famille c'est souvent réjouissant. Il y a beaucoup de poussières sous les tapis voire des cadavres dans les placards. Alors qu'Antoine flaire qu'on leur a menti depuis l'enfance, Agathe ne veut rien savoir et estime que tout va bien pour elle et que son frangin est un peu trop parano.
La révélation finale est assez déstabilisante et on suit avec intérêt la progression de l'enquête d'Antoine qui l'emmène parfois sur des fausses pistes. Ses relations avec un père autoritaire qui joue admirablement de cette autorité qui ne lui a jamais été contestée donnent lieu à plusieurs scènes d'une grande intensité.
J'aime aussi la force d'émotion de Mélanie Laurent. Cette fille pourrait faire pleurer un caillou.
Par contre le personnage d'Audrey Dana m'a peu convaincue. La fille parfaite qui a toujours le bon mot, la bonne attitude au bon moment, ça me fatigue !
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REGRESSION d'Alejandro Amenabar °
Synopsis : Minnesota, 1990. L'inspecteur Bruce Kenner enquête sur un crime révoltant dont la jeune Angela accuse son père, John Gray. Lorsque John avoue sa culpabilité de façon tout à fait inattendue et sans garder le moindre souvenir des faits, le docteur Raines, un célèbre psychologue, est appelé à la rescousse. Il va devoir aider John à retrouver la mémoire, mais ce qu'ils vont découvrir cache un terrifiant mystère qui concerne le pays tout entier...
ATTENTION JE SPOILE !
Donc on essaie de nous faire croire que le diable n'existe pas ! Et si le diable n'existe pas, dieu non plus. Car que serait l'un sans l'autre ? ça c'est pour les bonnes nouvelles.
Sinon, et bien, disons qu'Ethan fait magnifiquement bien palpiter ses mâchoires, qu'Emma Watson pointe son joli petit menton de menteuse vers l'avant, que David Thewlis est mochtron comme une armée de poux, que les théories et pratiques de régression en psychologie donnent lieu à une hystérie et des hallucinations collectives, qu'Amenabar a perdu son mojo, que tout ceci fait pschiiiit et qu'on s'en fout comme de l'an quarante.
Commentaires
"Et Fatima fait des ménages, subit la condescendance d'une de ses employeurs dont le fils a bien du mal à passer sa première année de médecine alors que la fille de Fatima réussit le concours." Bah tiens ça me rappelle un autre film, ça.
Je n'en ai entendu que du bien, je le note pour quand il sera dispo en vidéo.
Quel film ?
Difficile d'en dire du mal.
Difficile d'en dire du mal.......n'est pas....
Je ne suis pas allée beaucoup au cinéma ce mois-ci, je n'ai vu que "boomerang" que j'ai aimé plus que je ne pensais.
Oui c'était une pas désagréable surprise ce boomerang.