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VERS L'AUTRE RIVE de Kyoshi Kurosawa ***

  Eri Fukatsu, Tadanobu Asano, Yû Aoi

Misuki est veuve depuis trois ans. Elle donne sans passion des cours de piano à des enfants. Elle est triste et seule jusqu'au jour où son défunt mari, Yusuke, pénètre dans l'appartement.

Ce n'est pas d'aujourd'hui que le réalisateur s'intéresse aux revenants, à l'éventualité d'un au-delà qui rejoindrait l'ici-bas et réciproquement. Mais cette fois il frappe en plein cœur car qui n'a pas rêvé au-delà de toute logique faire revenir un cher disparu ? Pas moi. Est-ce qu'à force d'attente, de solitude, de tristesse cela peut arriver ? On ne sait pas. En tout cas le cinéma permet de réaliser ce vœu.

 

Je crois, avec ma petite expérience, que perdre un être cher est différent de perdre L'ÊTRE aimé. Lorsque maman est morte puis papa trois mois plus tard, ce fut un cataclysme, l'incompréhension totale. Ils m'ont manqué plus qu'il n'est supportable et aujourd'hui encore c'est douloureux. Mais je m'aperçois que depuis que l'amour de ma vie est mort, jamais je n'ai souhaité ou pensé que mes parents pourraient revenir. C'est bien différent aujourd'hui que je vis avec un fantôme ! D'ailleurs, on m'a déjà demandé si les manifestations fantomatiques d'un mort me faisaient peur. La réponse est évidente : non ! C'est même l'inverse, c'est le bonheur. Comment avoir peur du fantôme de quelqu'un qu'on aime tant ?

 

C'est dire si ce film me parle et que si Mouche débarquait, même avec un immonde imperméable jaune, je ne lui dirais pas d'enlever ses chaussures... Mais la japonaise n'aime pas qu'on salisse son intérieur. Et les japonais sont moins démonstratifs que nous autres occidentaux. Les retrouvailles de Misuki et Yusuke ne se placent donc pas sous le signe de la passion mais de la réserve et de la douceur.

 

Yusuke embarque sa femme dans un voyage à travers le Japon où il fera le point sur ce qu'il a vécu, sur les personnes qu'il a rencontrées. En acceptant de le suivre sans la moindre hésitation, sans doute sait-elle que le temps qu'ils passeront ensemble leur est compté. Mais elle aura cette fois le temps de s'y préparer, de l'accepter et d'accompagner son homme jusqu'à l'ultime seconde. C'est peut-être cela ce que certains appellent le deuil et que la personne en deuil ne comprend pas, cette délirante opportunité de pouvoir, dès lors que le pire est passé et qu'on a admis que c'est sans retour, faire la paix, enfin, avec soi-même et l'âme du disparu. Mais aussi savourer l'importance, la richesse de moments partagés du quotidien, mais aussi marcher, prendre le bus, préparer des makis.

 

Une histoire d'amour et de fantôme, un road movie en compagnie d'un mort d'un calme et d'une douceur réconfortants, une étreinte enfin et des mots d'amour dans des paysages sublimes.

Commentaires

  • D'habitude j'aime beaucoup les films de Kurosawa mais là je n'ai vraiment pas aimé, le film ne m'a pas touchée (mais bon l'émotion, comme tu le soulignes avec ton histoire, ça ne se commande pas), je me suis vraiment ennuyée (j'avoue m'être endormie à la fin) même si je lui reconnais des qualités.

  • Je n'ai pas été très émue non plus.
    ça m'a beaucoup fait rêver :-)
    Le personnage féminin est particulièrement froid je trouve : enlève tes chaussures !

  • C'est un film qui ne pouvait que te parler très fort, un beau thème et qui incite à la réflexion. Une réflexion vertigineuse d'ailleurs, mais captivante. Je ne sais pas si j'irai le voir, je crains le côté trop contemplatif et le commentaire précédent ne me rassure pas.

  • Effectivement, c'est beau ! Mais je me suis sans doute sentie plus concernée par le thème que par son traitement. En même temps à Hollywood les larmes auraient été convoquées rapidement... Le juste milieu n'est pas évident.

  • Coucou pascale
    Je sors de ce film
    J'ai bien pense à toi et à ta mouche
    Je dirais qu'il est un peu long
    Mais par contre on ressent réellement une atmosphère étrange où l'on côtoie des vivants et des morts
    C'est bien interprèté
    Le réalisateur veut nous amener à nous questionner sur la mort C'est réussi pour ça
    On oublie souvent que l'on est mortel
    Et aussi j'ai bien aimé ce Japon des campagnes dans lequel on se ballade
    Bisous pascale

  • J'ai trouvé que la femme manquait de charme comparée à l'homme.
    Moi depuis 17 mois je pense chaque jour que je suis mortelle et c'est un peu lourd... donc, vaut mieux l'oublier.
    Le Japon est magnifique.

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