LA LÉGENDE DE LA PALME D'OR d'Alexis Veller (2015) *** - LUMIÈRE 2015 - GRAND LYON FILM FESTIVAL
DANS LA SECTION : DOCUMENTAIRE
En présence de Thierry Frémaux et du réalisateur.
Alexis Veller a choisi et rencontré chez eux quelques illustres palmés pour leur permettre d'évoquer la façon dont ils ont vécu l'avant et l'après cette récompense ultime pour un réalisateur. Et le panel est assez représentatif et varié. Quentin Tarantino fait le show et se livre à une véritable leçon « d'acting ». Drôle et chaleureux comme toujours. Il était tout jeune quand il fut primé pour Pulp Fiction (par Clint...) et tentait de faire un discours tandis qu'une femme en fond de salle criait dépitée « Mikhalkov, Mikhalkov ! ». Personne ne connaissait Kusturica lorsqu'il a eu sa palme à 30 ans pour Papa est en voyage d'affaires. Tout le monde a cru que le producteur qui s'est présenté sur scène était lui. Il paraît que le discours mémorable de ce dernier est encore culte dans son pays... 10 ans plus tard il remontait sur scène pour Underground. Wim Wenders, Steven Soderbergh étaient bien jeunes aussi. Nanni Moretti a oublié l'objet à l'aéroport alors qu'il avait pris grand soin de ne pas le mettre en soute mais dans un sac ordinaire pour ne pas attirer l'attention... Martin Scorsese a rangé la palme dans un endroit qu'il est le seul à connaître et il la regarde de temps en temps pour se rappeler que rien n'est acquis. Les Dardenne, doublement récompensés aussi pour Rosetta puis l'Enfant se livrent à leur incroyable et très amusant jeu de duettistes complémentaires et nous font rire en nous racontant que leur maman considère depuis, David Cronenberg (Président du Jury lorsqu'ils furent récompensés pour Rosetta) comme un ami. Jane Campion (primée pour Le piano), filmée dans son extraordinaire environnement, dans des paysages d'une beauté à couper le souffle, évoque simplement sa difficulté à être mise en lumière, les néo-zélandais sont plutôt humbles et aussi le drame qu'elle a vécu à la même époque, qu'elle a mis des années à surmonter et qui n'a pu lui faire apprécier tout le sel de ce prix. Mais le plus bouleversant est Apichatpong (primé pour Oncle Bonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures) qui doit être le seul à avoir été accueilli comme un paria dans son pays. En effet, lorsqu'il a reçu la Palme un drame épouvantable se déroulait en Thaïlande... Si vous êtes sages et que vous me le demandez gentiment, je peux vous dire où est cette palme....
Mais ce que ce documentaire nous révèle également c'est l'odyssée extraordinaire de la Palme en tant qu'objet. Et on peut être ravi qu'il s'agit d'un œuvre « équitable » qui permet à tout un village de Colombie de vivre. En effet, l'or, car la Palme est réellement en or, provient d'une mine de Colombie où les règles sociales et de sécurité sont respectées.
Très beau film visuellement, mais aussi drôle, émouvant et instructif.