PANIQUE de Julien Duvivier (1946) *** - LE GARCON SAUVAGE de Jean Delannoy (1951) ***- LUMIÈRE 2015 - GRAND LYON FILM FESTIVAL
DANS LA SECTION : Trésors des archives
DANS LA SECTION : Voyage dans le cinéma français par Bertrand Tavernier
PANIQUE de Julien Duvivier ***
En présence de Gérard Camy professeur et historien du cinéma qui pourrait nous parler de ce film qu'il affectionne partitulièrement pendant des heures. Duvivier revenait de quatre ans d'exil aux Etats-Unis et était donc considéré comme un traitre à l'instar de tous ceux qui avaient quitté le pays pendant la guerre. Contexte idéal pour adapter le roman de Simenon Les fiançailles de Monsieur Hire dans lequel un homme est accusé à tort...
C'est l'émoi dans ce quartier de Villejuif où une femme vient d'être retrouvée assassinée par des forains en train de s'installer sur la place. Seul Monsieur Hire, homme seul, cultivé et misanthrope ne porte aucun intérêt à l'événement. Peu bavard, solitaire et ne partageant pas les conversations et commérages de ses voisins, il est vite désigné comme le coupable idéal. Monsieur Hire préfère observer de sa fenêtre sa jeune et jolie voisine Alice qui vient de sortir de prison et retrouve son amant Alfred. Il cherche aussi à alerter la jeune femme sur l'honnêteté douteuse de ce dernier et lui avoue son amour. Mais comme souvent chez Duvivier la femme est une garce intégrale même si vers la fin elle développe mollement quelque culpabilité.
En tout cas ici tout le monde est moralement laid et le réalisateur ne porte aucune nuance sur ses personnages qui rassemblent tous les défauts de l'âme humaine. Et c'est Duvivier qui résume le mieux ce qu'il en pense : « Que dit Panique ? Il dit que les gens ne sont pas gentils, que la foule est imbécile, que les indépendants ont toujours tort... et qu'ils finissent inévitablement par marcher dans le rang. »
Beau twist final !
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LE GARCON SAUVAGE de Jean Delannoy ***
C'est avec beaucoup d'enthousiasme que Michèle Laroche nous présente ce joli film triste porté par Madeline Robinson, lumineuse comme jamais et le tout jeune et formidable Pierre-Michel Beck qui ne tournera pourtant que trois films et renoncera à sa carrière d'acteur à 17 ans...
Marie est une prostituée joyeuse et insouciante à Marseille. Elle a un fils de 11 ans, Simon, qu'elle a confié à une famille en Provence et qu'elle n'a vu que 9 fois (c'est Simon qui a compté). Elle le récupère pourtant auprès du berger (magnifique Edmond Beauchamp) qui s'occupe de lui depuis quelques mois. Après cette très belle scène, Marie et Simon partagent leur vie dans un petit appartement. C'est le bonheur. Le fils est fou de sa mère qui lui rend son amour. Hélas, Marie s'ammourache de Paul un petit malfrat sans envergure qui ne respecte ni la mère ni l'enfant. Mais l'amour ou ce qu'elle croit être de l'amour, est aveugle et Marie ne voit pas son fils devenir fou de jalousie. Il est aussi beaucoup plus clairvoyant que sa mère. Délaissé, Simon tente de se suicider et se lie d'amitié avec le capitaine d'un bateau auquel il rend régulièrement visite et qui finit par le prendre sous son aile en lui enseignant les rudiments de la navigation.
Ce film est vraiment beau, sensible et douloureux. Paul est une caricature absolue de sale type et l'acteur Frank Villard assume bravement toute la veulerie de son personnage minable. Son interprétation est réjouissante. Madeleine Robinson est l'amour personnifié, d'une gentillesse et d'une naïveté confondante parfois et jamais le réalisateur ne la juge tant sur le plan de sa profession que de ses défaillances de mère. On entre en totale empathie avec elle et sa joie de vivre contagieuse. Les tourments du jeune Simon sont un crève-coeur et son amour inconditionnel pour sa mère une leçon.