CHALEUR TORRIDE de Larissa Chepitko (1963) ** - LUMIÈRE 2015 - GRAND LYON FILM FESTIVAL
DANS LA SECTION : Histoire permanente des femmes cinéastes
Chaque année le festival met en lumière une réalisatrice. L'année dernière j'avais pu découvrir Ida Lupino. Cette fois il s'agit de cette réalisatrice ukrainienne, « étoile filante du cinéma russe » méconnue et oubliée.
Je m'en serais voulue de ne pas pouvoir découvrir au moins un film de cette réalisatrice. C'est donc sans billet car la séance était annoncée complète, que je me suis rendue dans la magnifique salle du Hangar du Premier Film, et à la faveur d'un désistement, d'un empêchement... bref j'ai pu entrer.
Le film est présenté par Thierry Frémaux, qui une heure plus tôt présentait le Ciné Concert et la Projection de la Passion de Jeanne d'Arc de Dreyer non merci à l'Auditorium, complet lui aussi. Il commence par pousser un salutaire coup de gueule en direction d'une personne du Conseil Municipal qui se répand fielleusement dans les pages du journal local pour dénoncer le scandale que chaque année le Prix Lumière revienne à un homme, car oui, Martin Scorsese est un homme. Il s'étonne également que cette personne n'assiste pas à toutes les projections de films qui rendent hommage aux femmes, (cette année Sophia Loren, Larissa Chepitko, Géraldine Chaplin.
Le film est également présenté par Delphine Gleize, cinéaste passionnée et passionnante qui est tombée amoureuse de la filmographie de Larrisa Chepitko. Elle nous parle du film que nous allons voir qui est un film de fin d'étude. Il s'agit pour elle d'un film libre. Une liberté que les réalisateurs (et trices) ont du mal à retrouver dans leurs réalisations suivantes. Elle évoque les mouvements de caméra sublimes, la jeunesse de l'équipe (le jeune acteur principal du film n'a que 17 ans, est élève à l'école dont elle sort elle-même et deviendra un réalisateur réputé : Bolotbek Chamchiev...).
Hélas, si je suis d'accord sur la beauté des paysages, une steppe perdue au fin fond de nulle part et du kirghiztan où un jeune homme vient travailler et se joint à une petite équipe (deux femmes et trois hommes) de travailleurs, la splendeur des nuages. Si je trouve les acteurs particulièrement beaux et parfaitement dirigés... J'ai eu un peu de mal à entrer véritablement dans la narration dont je n'ai pas toujours bien compris où elle voulait en venir. Et puis, et ce n'est nullement la faute au noir et blanc que j'adore, mais j'ai trouvé ce film daté, comme s'il sortait des années trente alors qu'il date de 1963. Sorry.
Voici l'avis paru sur le site du Festival Lumière :
"Premier long métrage de la réalisatrice ukrainienne, Chaleur torride est son film de fin d’études. Étudiante au VGIK, l’Institut national de la cinématographie, elle y est l’élève de Dovjenko et de Mikhaïl Romm. Elle décide de s’inspirer d’un récit du célèbre écrivain kirghize Tchinguiz Aïtmatov (qui inspira de nombreux cinéastes comme Kontchalovski ou Chamchiev). Elle tourne ainsi dans la steppe kirghize avec une équipe très jeune : l’interprète principal, l’ingénieur du son, le décorateur, sont tous à leurs débuts.
Dans cette œuvre sensible et vibrante, Larissa Chepitko suit un jeune homme empli d’espoir, découvrant la vie dans une collectivité rurale. Dans celle-ci, un homme irascible, revenu de tout, l’accuse de ne chercher que l’appât du gain. Chaleur torride est le récit d’un apprentissage, d’une formation à la vie à travers un travail harassant, mais aussi un questionnement, tout en finesse, sur le sens de l’existence.
Chaleur torride annonce un renouveau du cinéma soviétique et l’épanouissement d’une Nouvelle Vague (symbolisée deux ans plus tard par Le Premier Maître d’Andreï Mikhalkov-Kontchalovski). Larissa Chepitko y a magnifié la Nature rebelle et comme le souligne Marcel Martin, elle s’est « attachée à la plastique de sa mise en scène : raffinement du noir et blanc, photogénie des ciels nuageux et des couchers de soleil, brio des mouvements de caméra. » (Le Cinéma soviétique, L’Âge d’Homme)."