4 NOVEMBRE 2015 - 17 MOIS... 1 AN ET 5 MOIS...
Le plus indispensable pour moi est il me semble de maintenir la force de ta présence. Certains, bien rares, l'ont tellement bien compris que ça me sidère littéralement.
Ivan m'envoie une chanson qui lui a fait penser à nous. Amélie et Salomé accrochent des photos de toi ou d'elles avec toi, c'est encore plus beau. Faustine t'a trouvé une étoile dans le ciel. Marlène me dit souvent "quel couple vous formiez !" Bibi et Carole me laissent parler de toi sans que jamais j'aie l'impression de les lasser. J'espère ne pas me tromper. C'est avec eux que je parle le plus de toi. Ton meilleur et ta meilleure amis. Et ils "relancent" la conversation, ajoutent leurs souvenirs aux miens. Carole passe même "te voir" au cimetière avant de rentrer chez elle loin dans sa Moselle sans charme ! Et elle envoie balader la rose sous plastique d'un voisin qui débordait un peu trop sur ton espace...
A ce propos, la personne qui a déposé la fleur rouge/rose dans le vase de Mouche est priée de se présenter à l'accueil :-)
Je sais, je continue de savoir, je me mets à la place de ceux qui hésitent et je comprends qu'il est difficile de savoir s'il faut me parler de toi, si c'est le bon moment pour me parler de toi. Moi évidemment je pense que ce n'est JAMAIS le mauvais moment mais ce n'est pas écrit sur ma face. Mais lorsque des personnes dont je n'ai pas entendu parler depuis des mois me contactent juste pour me demander de leur rendre service (et que je le fais, bonne poire que je suis), SANS T'EVOQUER, ou me parlent en pleurant de leurs soucis quotidiens (qui ne sont ni la maladie ni la mort, les pires choses non ?), ou me disent qu'un an c'est bien pour un deuil et que je peux passer à autre chose... celles là, j'aimerais mieux qu'elles fassent partie des gens qui se taisent et dont j'aimerais qu'ils ne se manifestent plus. J'ai même un peu honte pour eux.
J'ai changé. Je l'ai compris récemment. J'échange, je partage et j'aime encore des "gens" qui me font du bien. Ils m'écoutent, je les écoute. Si quelqu'un qui lit ces lignes trouve que je ne m'intéresse plus à eux me l'écrivent par mail uupascale@gmail.com
Mais j'ai changé c'est certain. j'ai vécu "quelque chose" qui n'était pas prévu, mais ce quelque chose fait partie de mon quotidien. Et je sais que désormais je vis avec un mort, avec une personne morte. Je ne sais si ça durera toute la vie, toute la mienne. Mais c'est un fait. Mouche est là, en moi, avec moi, à chaque instant. ça fait mal mais aussi, ça fait du bien. Pour moi, ça n'a rien de morbide, ni déplacé et encore moins malsain. Il est mort, Tu es mort. Jamais je ne dis "décédé", jamais je ne dis "disparu". Tu es MORT. C'est ainsi que ça s'appelle, c'est la mort, la fin de la vie, la "fin de toutes choses" comme tu disais. Je vis avec toi MORT, ça ne fait pas peur. Au contraire, je te parle et la façon dont tu te manifestes est absolument déconcertante. Je ne suis pas folle, c'est juste, simplement, bêtement et tout bonnement un fait. Je pense que c'est pour ça que je vais le mieux possible, et que ces 17 mois SANS TOI, je ne sais pas où ils sont passés. Et que je t'aime toujours, pour toujours...
Et puis il y certaines "choses" qui me donnent l'impression d'avancer. Qui m'aident en somme.
Récemment Joël m'a envoyé un article. Joël a été membre du jury avec Mouche au Festival d'Annonay en 2008. Il y avait Marine aussi cette année là. Je parle de ces deux là parce que vous devez les retrouver régulièrement dans les commentaires. Et sept ans de fidélité, ça compte.
Incroyable qu'il se soit lié avec trois des quatre filles, toutes jeunettes, du jury non ?
Mouche ne savait pas trop garder le contact. Moi si. Je sais faire. Et je pense que ce n'est jamais moi qui interromps une relation même, ou surtout, épistolaire (Mickaël, Matthieu... si vous me lisez bande de chiens galeux !).
Bref, nous sommes restés en contact et après j'ai pu rencontrer son adorable femme Catherine. On se voit au moins une fois par an à Annonay... mais il me semble que cette année, on approche l'overdose car nous nous sommes vus trois fois : à Annonay en février, à Beaune en avril où il avait des trucs coincés entre les dents du haut, à Nancy en septembre !
En m'envoyant cet article, Joël m'a dit laconiquement "cela devrait t'intéresser". Tu parles Charles ! Je l'ai lu, relu, en long, en large et en travers et j'ai commandé le livre qu'il évoque. Je suis allée voir la tête de Vinciane Despret. J'aime sa tête et elle semble aimer le rouge. Et elle est belge, donc je l'aime doublement. Et son article parle de MOI, DE NOUS !!! Et j'ai compris certaines choses que je sentais au fond de moi mais que j'avais l'impression d'être la seule à ressentir et du coup ne parvenais pas à les expliquer, ni même à exprimer de crainte qu'on ne m'enferme chez les oufs. Et je vous l'ai dit plus haut. Je vis avec Ma Mouche qui est mort et JAMAIS je ne ferai le deuil que certains me demandent de faire. C'est décidé. En partie grâce à cet article qui dit clairement que ce n'est pas OBLIGATOIRE ! Le deuil d'ailleurs... si au moins quelqu'un pouvait expliquer une bonne fois intelligemment et comme si j'avais quatre ans, de quoi il s'agit : refaire sa vie ? se débarrasser de la personne morte ? Y penser moins ? L'aimer moins ? Aller mieux ?
Comment faire pour aller mieux dans ces circonstances sachant que tu es mort le 4 juin, que je t'ai réduit en cendres le 10 (impossible pour nous d'imaginer pourrir sous terre) et que le 21 juin, le même mois de la même année Baptiste et Amélie se mariaient et que j'y étais et que c'était un beau mariage, fort et joyeux ? Début juillet de la même année je partais une semaine en vacances seule avec ma Poupée. En septembre de la même année, j'étais au Festival de Deauville, puis à Lyon en octobre etc... Alors il est où le deuil ? Je l'aurais fait entre le 4 et le 21 juin ? Trop forte.
Donc, qu'on ne me parle plus de deuil. J'étais habillée de blanc pour tes obsèques et je ne vois pas comment je pourrais être encore debout, en t'aimant autant et aussi exclusivement si tu n'étais pas près de moi ?
L'article (et le livre à venir) de Vinciane Despret envoyé par Joël donc... me confortent dans ces certitudes : "Les morts n'ont jamais disparu, ils étaient seulement plus discrets".
Ci-après l'interview de Vinciane Despret paru dans Libération du 30 octobre je crois et en vert les passages où elle parle de moi... et qui m'ont permis d'avancer, d'admettre, de comprendre... Et en rouge mes commentaires.
Cette non-reconnaissance s’est doublée d’une injonction plus psychologique à «faire son deuil» ?
Elle remonte en effet à l’époque de Freud, avec l’idée du deuil comme un processus de détachement. Le reste relève de l’irrationnel. Dans leurs recherches, le psychanalyste Jean Allouch et, à sa suite, la psychologue Magali Molinier, souligne la conjonction historique entre la diffusion des travaux de Freud et la laïcisation couplée à la rationalisation de la société. Ce qui va conduire à une véritable opération de domestication des psychés : l’injonction est d’accepter ce que l’on considère comme LA réalité. Mais le débat sur ce qu’est cette réalité n’est jamais ouvert. Il s’agit de la réalité des laïcs matérialistes.
Voilà, on "nous" intime presque de "faire le deuil" sans jamais expliquer de quoi il s'agit. Comme s'il s'agissait de se débarrasser du mort une bonne fois. Comme si vivre encore dépendait de cette obligation.
Qu’entendez-vous par domestication de la psyché ?
Par exemple, les psychologues peuvent proposer différentes étapes du deuil, assorties d’un timing relativement précis qui joue plus le rôle d’une prescription que d’une description (n'importe quoi : note de moi-même !!!). On peut extrapoler l’idée de Foucault d’un biopouvoir et envisager un psycho-pouvoir. La sociologue Dominique Memmi met aussi en évidence une obligation, qui pèse sur les gens, de se protéger des «maux psychiques». De même qu’il ne faut plus fumer et manger davantage de fruits et légumes, il ne faut pas non plus sombrer dans la tristesse. Selon ces conceptions, si vous continuez à entretenir des relations avec un proche après sa mort, vous ne pourrez pas faire votre deuil. Ces prophéties peuvent vite devenir autoréalisatrices. Et elles sous-entendent que certains entretiennent un monde d’illusion. L’accusation de régression ou d’infantilisme n’est jamais très loin. En désignant un processus de façon si négative, l’injonction de deuil est aussi très politique. L’acceptation de la «réalité», ainsi exigée, relève d’une forme de soumission.
Un timing précis ! ça me fait pouffer. Et là je me rends compte encore à quel point je suis "tombée" sur une psy qui me convient car à aucun moment elle ne m'a évoqué ce deuil et encore moins un timing précis à respecter.
Et non, je n'ai pas sombré dans la dépression et dans la tristesse dont j'essaie de n'encombrer personne même si seule dans notre maison je pleure énormément. Non je n'ai pas sombré dans la bêtise et régressé et je ne me sens pas soumise à une volonté ou à un pouvoir supra-naturel. Je me suis simplement avec ce que je suis et ce que nous étions, adaptée à cette situation très particulière, dramatique et inattendue.
Evidemment je ne prétends pas avoir LA solution pour vivre après la mort d'un être qu'on aime par l'infini et au-delà. Simplement c'est MA façon à moi et elle me convient et m'aide !
Vous parlez d’ailleurs de résistance face à cette injonction de deuil…
Les gens résistent aux prescriptions univoques. Ils ne cherchent pas forcément un réenchantement, mais ne se contentent plus d’une unique explication laïque et matérialiste. Tous les témoignages que j’ai récoltés pour ce livre en attestent. Normalement, on ne parle pas de la relation que nous entretenons avec les morts, l’opprobre social est trop fort. Or, nombreux sont ceux qui ont des histoires avec leurs morts. Parlez-en autour de vous, vous verrez. Et, surtout, les récits sont d’une intelligence incroyable. Ils s’établissent sur un continuum qui va du très rationnel à ce qui pourrait passer comme très déraisonnable.
Evidemment on pourrait croire que je fais de la "résistance à cette injonction de deuil" juste par provocation ou pour me faire remarquer. Il n'en est rien. Je pense qu'en 17 mois, j'aurais pu comprendre, entreprendre le deuil si j'avais réussi à comprendre de quoi il s'agit et surtout POURQUOI il FAUT le faire. Je pense qu'il ne faut pas faire quelque chose qui n'existe pas et qui n'a aucun sens. Pour moi c'est d'une simplicité et d'une évidence ! Je me sens même soulagée d'une certaine façon de ne plus avoir à me demander où j'en suis de ces étapes ! Mais encore une fois c'est MON point de vue. Si certains veulent, peuvent et doivent passer par les étapes obligatoires (déni, colère, marchandage, dépression, acceptation) et que ça les aide, je ne vais pas leur jeter la pierre, Pierre.
Les formes de ce dialogue avec les morts sont très variées. Certains vont porter les chaussures du disparu (je porte les vêtements de Mouche... note de moi-même) afin qu’il continue d’arpenter le monde. D’autres vont organiser des doubles funérailles : une crémation dans un premier temps puis un enterrement des cendres dans un caveau familial dans un deuxième temps. Les récits de simples apparitions sont plutôt rares, si ce n’est dans les rêves. Je raconte aussi l’histoire de cette femme qui avait promis à une amie de glisser la correspondance de son fils dans son cercueil. Au moment du décès, dans son désarroi elle a oublié de le faire. Mais, peu de temps après, le facteur de leur village meurt. Elle a donc demandé à la famille de déposer les lettres dans le cercueil de ce facteur qui s’était toujours fort bien acquitté de faire parvenir les missives aux bonnes personnes.
Je porte les pulls et les gilets de Mouche. J'ai l'impression d'être dans ses bras. C'est pas plus compliqué. J'enfouis toujours ma tête dans ses vêtements dans l'armoire. Je sais qu'il reste quelque chose de lui dans les étoffes. Et puis je vous ai raconté comment il m'a rapporté ma boucle d'oreille perdue, aidé à retrouver un papier perdu... C'est ainsi, pas des rêves, des faits ! Je vous assure que dès qu'il se manifestera physiquement ou sous forme d'hologramme, je vous raconterai.
Est-ce un autre monde ?
Non, c’est un monde très banal et très commun. Il y a quantité de rituels, comme marquer des anniversaires. L’un, par exemple, à chaque anniversaire de sa femme défunte, prépare son plat préféré, comme si elle était encore à la table familiale. A l’autre extrême du continuum, les gens sentent une présence ou ont le sentiment que le disparu est là. Ce qui s’accompagne la plupart du temps d’un sentiment de réconfort ou d’apaisement. Une de mes amies est partie escalader l’un des sommets les plus élevés de l’Everest avec l’urne de son père en bagage. Il ne s’agissait nullement de répandre les cendres dans ce paysage époustouflant, elle voulait regarder avec lui l’un des plus beaux levers de soleil. La démarche est inventive : c’est à la fois rendre honneur au défunt mais c’est aussi un geste esthétique, un acte de fiction. Tous ces récits sont d’une vraie intelligence, d’une vraie inventivité. C’est pour cette raison que tant de films et ainsi que des séries, de Six Feet Under àCold Case, des romans s’aventurent dans ce domaine.
Oui c'est un monde très banal et très commun. Singulièrement quotidien même. Et oui, j'ai ressenti à de nombreuses reprise sa présence à l'intérieur de moi. Une espèce de chaleur, une sensation de vibration comme si ma cage thoracique s'emplissait de quelque chose et oui... c'est un profond, intense et agréable sentiment de réconfort et d'apaisement.
Ces récits convoquent-ils un territoire imaginaire ?
Je n’emploierai pas les qualificatifs «imaginaire» ou «irrationnel». Ils sont chargés de condescendance ou impliquent un jugement. Ou alors il faudrait avoir au moins la politesse de définir au préalable ce qu’est le rationnel ou le réel. Je parlerais plutôt d’un discours plus inventif et plus libre, et d’une attention aux autres et à soi-même plus grande. Ce qui m’a le plus enchantée dans cette enquête, c’est que l’ambiguïté de certains de ces récits ouvre de nouvelles pistes de réflexion. C’est leur sophistication remarquablement plurivoque qui permet de maintenir l’ambiguïté, nous sommes très loin de tout infantilisme.
Bien sûr c'est terriblement difficile d'en parler et de faire comprendre de quoi il s'agit. C'est tout à fait nouveau, inédit. Je n'ai JAMAIS ressenti cela avec mes morts précédents.
Que pensez-vous des profils Facebook entretenus post mortem ou des sites commémoratifs ?
C’est toujours la même inventivité et la même résistance. J’y vois comme un détournement, un défi : vous vouliez du virtuel ? Voici du virtuel spectral ! On s’approprie de nouvelles technologies à des fins personnelles. Et ces nouveaux moyens permettent de nouveaux possibles. Cela me rappelle un propos de l’historien Pierre-Olivier Dittmar à propos de l’invention du téléphone : selon lui, on avait trouvé un nouveau moyen de communiquer avec l’invisible !
Curieusement avec mon blog je n'ai pas cette impression de partager avec Mouche mais bien de VOUS raconter ce que je vis, ce que je ressens. Sans doute aussi pour peut-être m'en souvenir même si pour l'instant je ne me relis jamais.
Faut-il avoir une expérience de la perte pour comprendre cette relation aux morts ?
Même quand nous n’avons pas vécu directement cette expérience, nous connaissons tous quelqu’un qui a perdu quelqu’un. Et les chagrins alimentent les histoires familiales. J’ai découvert d’ailleurs, au fil de cette enquête, à quel point ma génération était vouée à consoler les chagrins de la guerre. Tous les chercheurs que je cite ont perdu quelqu’un, ils ne le précisent pas forcément dans leur texte, mais ils partent souvent de cette épreuve.
Je sais que si on m'avait raconté de telles choses avant la mort de Mouche, j'aurais été très sceptique et j'aurais même pensé que la personne filait un mauvais coton... J'étais sans doute moins réceptive, moins empathique à ces manifestations. Mais il y a au moins deux personnes qui comprennent et ne sont jamais surprises (Carole et Bibi toujours) quand je leur raconte les détails.
Dialoguer avec les morts, n’est-ce pas une façon de se reconstituer un système de croyances, une façon de se réassurer dans un monde qui semble parfois incompréhensible ?
Je n’utilise jamais le mot croyance. Quand on parle des croyances d’un peuple ou d’une personne, c’est que l’on sous-entend déjà que cette personne croit à des phénomènes dont on sait qu’ils n’existent pas. Cette relation aux morts constitue plutôt une façon de remettre en cause une des idées maîtresses de notre modernité selon laquelle nous vivrions dans un univers unique. Il s’agit plutôt de parvenir à envisager une pluralité d’univers, ou alors donner à notre univers des dimensions multiples que nous ne connaissons pas forcément. De nouvelles expérimentations sont possibles. C’est ce que l’anthropologue britannique Maurice Bloch appelle «l’exploration des brèches de l’opposition entre l’être et le non-être». Et cela ne se réduit pas à croire ou non aux fantômes. Parmi tous ceux qui témoignent et qui entretiennent différents niveaux de relations avec leurs morts, je n’en ai rencontré aucun qui croyait aux fantômes.
Je ne cherche pas particulièrement à m'inventer un monde, à me rassurer... Tout ceci s'est imposé progressivement. Je suis incapable de dire si désormais je crois aux fantômes. Je suis sûre en tout cas de ne toujours pas croire en une vie après la mort mais la certitude qu'il se passe réellement quelque chose entre ce mort là précisément, entre Mouche et moi.
Comme l’Eglise juge-t-elle ces relations entre morts et vivants ?
Les catholiques n’ont jamais vu d’un bon œil ces contacts.
Cela ne m'étonne pas. IL faudrait peut-être que j'aille en parler au curé de ma paroisse. Juste pour voir.
Les deux mondes doivent rester étanches, avec un espace intermédiaire toutefois, sous la forme du purgatoire qui a permis aux morts de continuer à régler quelques affaires avec les vivants. Paradoxalement, les intérêts des laïcs et des catholiques convergent en faveur d’une impossibilité de contacts.
Le souvenir reste autorisé, pour les laïcs comme pour les chrétiens…
Les laïcs l’ont même encouragé. Le philosophe positiviste Auguste Comte instaure ainsi un véritable culte du souvenir. Mais il n’y a rien de mieux pour tuer une existence concrète que d’instaurer un culte du souvenir. Il ne reste qu’un substitut de cette personne. C’est aussi une forme de détachement.
J'ai donc cette ambivalence d'aller quand même très souvent au cimetière... J'y suis allée chaque jour pendant huit mois. J'y vais moins, mais toujours plusieurs fois par semaine. Mais de plus en plus je me dis que ce n'est pas là que Mouche se trouve. En fait j'ai l'impression qu'il m'y accompagne...
Nous ne sommes pas loin de la notion de devoir de mémoire. Vous préférez employer la notion de désir de mémoire ?
Les morts désirent être «souvenus», être oublié, c’est un peu mourir une deuxième fois. C’est réduire à néant une existence.
J'essaie de maintenir c'est sûr TOUTES les preuves de l'existence d'Hervé. D'avantage vis à vis des autres que de moi-même, puisqu'à moi elles s'imposent, elles sont une évidence.
Quand la personne meurt, ce désir ne s’éteint pas avec elle. Le désir n’est ni présent ni passé. Il est. Prendre acte de ce désir nous en rend dépositaire après la mort du défunt. Le désir de mémoire est partagé, le désir du mort d’être remémoré s’agence avec notre propre désir de se souvenir.
Pour ne pas perdre nos disparus une deuxième fois.
P.S. : Reçu ce midi. Hasard et coïncidence...
Commentaires
Je vis aussi avec mes morts, avec mes deuils qui ne finissent pas, mais qui me laissent peut-être un peu mieux vivre depuis quelques années. Mais je sais toujours quand je suis à mon bureau que c'est celui de mon père, ses tiroirs, je n'ai jamais pu vraiment me les approprier. Il y a même encore des objets à lui dedans. Evidemment ce n'est pas l'amour de ma vie ce mort, mais c'est sûrement quand même grâce à lui que je te comprends et ne me suis jamais dit que tu déconnais ou pétais un câble. Et lundi soir, quand je suis allée pour la première fois faire du sport avec des collègues, je me suis dit que ce jeudi, 4 du mois, je ne manquerais pas de te dire que mon t-shirt de sport, c'est maintenant un beau grand t-shirt avec une terre qui crie S.O.S. mais qui me dit que Mouche est un peu avec moi dans l'équipe. Je ne te lâche pas, je suis juste un peu suroccupée par un boulot et d'autres obligations qui me bouffent mon temps ces-temps-ci. Je suis contente que d'autres soient plus présents. Et la rose, c'est pas moi, promis. Je serais venue me faire payer un coup de gewürtz, tu me connais.
Justement pas plus tard qu'avant hier, je me disais que tu avais bien peu de temps à me consacrer (je sais je suis impitoyable) tout en comprenant et en le justifiant par le fait de ta suroccupation et en me disant aussi que je ne suis pas si exigeante...C'est d'ailleurs pour ça que j'ai arrêté mon envoi mailesque quotidien. ça me gênait, cette sensation de t'OBLIGER à penser à moi chaque jour. Voilà, c'est dit !
Quant à ton père, je crois que pas un jour ne se passe sans que tu parles de lui et lorsque nous sommes ensemble, il ne faut pas attendre des heures avant que tu dises "comme disait mon Père...". C'était beau cette relation.
C'est toi qui as le ti-shirt SOS ? Je ne m'en souvenais plus. Je suis contente que tu le portes en tout cas.
Quant à la rose/rouge, personne ne se manifeste.
Et j'ai transformé le Gewurst en Pinot Gris depuis peu. Trop bon aussi.
Chaque fois quand je lis ton écrit sur le Mouche ça me fait pleurer....
Je verse des larmes come une petite gamine !!! (Même pas honte)
Si non je t’encourage fortement de continuer parler avec Mouche...
Moi je parles pas mal avec mes morts à moi, et eux il sont vraiment de bon conseil .
Tu n'es qu'une midinette je le sais.
Je ne sais s'il est de bon conseil, en tout cas CHAQUE FOIS que j'entreprends ou que je change quelque chose, je me demande : comment aurait fait Mouche ? Est-ce qu'il aurait fait comme ça ? Est-ce qu'il serait d'accord ? Mouche ne serait sûrement pas d'accord... Certaines choses me font rire comme toutes les fleurs que j'ai collées sur la voiture pour cacher les coups... Sur d'autres je doute. Et parfois je lui dis : "oui ben c'est comme ça, et pas autrement". Et on se marre !
Faire son deuil...tout un programme. Le subir, peut-être, mais le faire... Pour ma part, je ne le fais pas et ne le ferai jamais car Il est en moi, dans ma tête, dans mon coeur, dans mon sang,dans mes entrailles. N'écoutez pas les donneurs de leçons et vivez avec lui si cela vous permet de vivre, justement.
Oui c'est exactement ça. Mais il faut un peu de temps, n'Est-ce pas, pour se positionner sur l'attitude à adopter.
Bon courage.
Eh ben non ... jamais ça ne m'ennuie quand tu parles d'Hervé. Tu ne te trompes pas. Et je suis prête à parier que ça n'emmerde pas Bibi (qui je le rappelle est l'homme le plus "tristement sincère" que j'ai vu de mes yeux aux obsèques d'Hervé) (il m'a bouleversée).
Parler d'Hervé et se souvenir de ce qu'il faisait, disait ... ça me fait du bien. Il était mon ami et on n'oublie pas un ami. C'est pas sa faute s'il est mort. Il nous a assez prouvé qu'il souhaitait rester parmi nous. Il nous a surtout prouvé combien il aurait mérité de rester avec nous. Un frisson me parcourt l'échine ...
Alors puisque c'est ainsi aujourd'hui, puisqu'il n'est plus là physiquement, eh ben nous on en cause. On se fait du bien, on rigole, on s'émeut ...
et on cuisine des p'tits artichauts violets ...
Ce n'est pas parce que tu couines en me lisant qu'il faut me rendre la pareille ou l'appareil je sais jamais ! P...que tu es !
Et puis toi tu as le chic... je m'absente un instant pour prendre une douche... ah non me sécher la touffe... et je te retrouve à feuilleter l'album "Mouche et Salomé toute une histoire" !!!
En tout cas c'est sûr, quand on est ensemble, il est avec nous.
Les ptits artichauts violets, il faudrait JAMAIS arrêter de les cuisiner.
Tu pourrais en refaire et faire des photos et on alimenterait la rubrique Master Mouche.
et t'as bien fait de passer au pinot gris. Le gewürtz c'est pour les tapettes.
Euuuuuuuuuu, Si vous permettrez Carole, se ne pas pacque tous le homes Portugais porte le moustaches pour rassembler à leur maman, que on se doit manquer des portugaises et de leur sois disant pilosité abondante..
Méfie toi Carole, Ivan connaît toutes les traditions des brushings de toutes les filles su monde entier.
"me sécher la touffe" ... tes visiteurs vont penser que tu es portugaise ... alors qu'il n'en est rien et que tu te fais juste un brushing ...
ok pour les artichauts. Faut attendre la saison (mai je crois). D'abord vient le foie gras et le pâté au pain d'épices (ce dernier, on l'avait mangé en été, dehors, avant la pierrade, avec des p'tits couteaux à beurre - depuis, je m'en suis acheté, j'avais trouvé le concept génial - sur le banc macdo qui fait mal au cul)
Ah oui je n'y ai pas pensé. Je n'ai tellement jamais eu de poils que je ne pense pas aux coussins que certaines ont entre les jambes. Même sous les bras j'ai que dalle.
Oh merde faut attendre, j'avais une envie d'artichauts...
Du foie gras j'en ai : cadeau de la Tata de Mister Loup :-)
Les ptits couteaux à beurre c'est INDISPENSABLE.
Le banc McDo a disparu, mais tu ne m'aimais plus cet été.
Le Gewürtz ??? C'est pour les bouffons !
Je suis content que cet article et le livre t’apporte un éclairage pour affronter les remarques idiotes, quoique la plupart du temps juste irréfléchies, des gens qui n'ont pas encore affrontés de disparition irréparables.
Et puis le père Hugo faisait bien tourner les tables et se livrait au spiritisme pour entrer en contact avec sa chère Léopoldine, sa fille disparue. Chacun sa méthode pour tenter de supporter l'insupportable.
Oui merci. Tu as tapé juste. C'est bien que tu restes rivé à ton bureau et ton ordinateur finalement :-) car je ne suis pas du tout à la recherche de ce genre de littérature mais franchement ça m'aide.
Ah que j'aimerais une rencontre du troisième voire du quatrième type !!!
Je ne connaissais pas Mouche, pourtant je pense à lui, et à vous deux, souvent. C'est comme un frère d'armes. La leucémie contre laquelle il s'est battue n'est pas la même que celle qui m'a attaquée, mais je sais, je comprends avec mes tripes, avec mon coeur.
J'imagine que tu dois reconnaître le parcours. C'est vrai que cette bestiole a diverses et de nombreuses formes. Je suis épatée que tu puisses lire ces lignes. En tout cas, c'est gentil de penser à nous deux.
(le gewürtz ... c'est pour les gros batards)
Le gëwürtz ??? Entschuldigung, c'est pour les ptits minables.
oh ... comme c'est bien dit ...
Vous me donnez faim les filles, j ai jamais eu le plaisir de gouter a la cuisine de Mouche et comme je le regrette...
Mais... Lors du millefeuille... t'as bien dû goûter à un ou deux trucs de Mouche... C'est vrai, ça fait peu :-(
Le Gewürtz ? ... c'est pour les pleureuses ...
Le Gewürtz ??? C'est pour les queutards.
Oui effectivement Monsieur Ivan ... parfois je me laisse emporter par certains à priori à la con ... il n'empêche que ... j'ai été conçue pour moitié par un espagnol et que j'ai eu recours à l'épilation définitive. Hasard ou vérité vraie ? La latine est poilue ... comme le gewürtzraminer c'est fait pour les gros enfoirés.
Madame Carole...Je suis d’accord avec vous sur deux point...... :-))))
Par contre Prix de l’épilation définitive 1500 euros!!!!!!! Es qu’un home mérite en tant de sacrifice financière?
Et d’ailleurs le mec qui ne supportée pas de voir une touffe ou qui jouer sont traumatiser, avec tous ces poils ou si il fait son gêner de voir une touffe une VRAIS touffe, et si en plus il boit de Gewurztraminer se ne pas un home se une tapette isn’t ....
Je savais que vous vous entendriiez bien.
Fermez la porte en sortant.
Et ARRÊTONS le Gewürtz !
Ah ben ça tombe bien ... on a arrêté le Gewürtz non ? ... on est passées au Pinot Gris il me semble.
Cher Monsieur Ivan, 1500 € ... vous n'êtes pas très loin de la vérité, mais tout dépend de l'étendue des dégâts. Et savoir si un homme mérite ou non que l'on s'épile la touffe (à ce prix-là), je laisse à chacune le choix de le faire ou non. Mais que viennent faire les hommes dans cette histoire ? :D
Et que vient faire cette histoire ici ???
Allez, bisous la compagnie !!
Oui si on pouvait continuer cette histoire ailleurs :-)
Le Gewurtz c'est pour les traitres.