LES COW BOYS de Thomas Bidegain ****
Une famille Ricorée idéale, papa Alain, maman, fifille Kelly et petit garçon Kid, se rend à la fête annuelle des amateurs de country. Cela se passe en France dans l'Ain (j'ai lu les plaques d'immatriculation) et on se croirait en plein Wyoming, grands espaces, stetsons, santiags, gadoue et air vif.
La musique country, les danses folkloriques, le rodéo mécanique, le barbecue ribs de porc and wings de poulet... tout est là et la fête bat son plein. Kelly danse avec son papounet d'amour. Et paf le chien... en pleine fête, Kelly 16 ans disparaît. On pense d'abord à une fugue. Mais rien ne laissait présager ce départ. Alain apprend que Kelly avait un petit ami, Ahmed, qui lui aussi a disparu. Rapidement, en fouillant la chambre de Kelly, ses parents découvrent des cahiers emplis de calligraphie arabe et de propagande de "barbus". Pas de doute, Kelly s'est convertie à l'Islam à l'insu de sa famille et a suivi son ami radicalisé... Alain, fou de douleur, de chagrin et de colère ne cessera plus un instant de chercher sa fille, brisant son couple, rejetant sa famille, ses amis, son travail et entraînant dans son enquête son fils Georges, surnommé Kid...
On passe sans problème, enfin moi je passe sans problème sur quelques facilités ou étrangetés, la facilité parfois à se retrouver sur la piste de Kelly (surtout au début), l'attitude étrangement détachée de la mère alors que le père agit, les nombreuses ellipses dans la seconde partie, une histoire d'amour prévisible et finalement très belle...
parce que ce film m'a embarquée et emmenée loin loin loin. Au propre et au figuré. Le réalisateur n'y va pas par quatre chemins et nous entraîne en Belgique, au Yémen, au Pakistan. Suivre la piste de Kelly est un combat de tous les instants et Alain abandonne tout, famille et patrie pour retrouver sa fille qui a pris un nom arabe, a emballé, dompté son abondante tignasse rousse dans un voile puis dans un niqab, et donne avec parcimonie des nouvelles de sa vie à sa famille lors de grands événements.
Les années passent, des avions percutent le World Trade Center, un avion déraille à Madrid, des attentats ont lieu à Londres... Chaque fois, Alain et Kid pensent que Kelly est impliquée. Ils ne lâchent rien. Et c'est absolument incroyable. Un film ample, foisonnant, documenté qui palpite à chaque instant. Un premier "petit" film français qui a tout d'un grand parce qu'enfin il ose, n'hésite pas et fonce comme son acteur François Damiens, transfiguré, enragé, ivre de chagrin suivi de près par une révélation à tomber, Finnegan Oldfield, docile, sacrifié et brusquement capable de dire "non"... et de poursuivre la quête au détriment de sa vie qu'il met sans cesse en danger.
Que dire encore pour vous appâter ? Qu'en plein mitan de ce film déjà bien chargé en péripéties et émotions fortes, le réalisateur se permet un twist saisissant qui laisse songeur, KO, stupéfait pendant un long moment. Mais il faut repartir, continuer la quête pour aboutir à une scène finale, muette, intense, d'une beauté à faire frémir les plus blasés.
Le film dit aussi que la conversion puis la radicalisation peut entrer dans n'importe quelle famille, la plus aisée, la plus "sans histoire", la plus aimante, que les ados ont une aptitude inouïe à cacher ce qu'ils font en dehors de leurs parents justement parce qu'ils savent qu'ils font quelque chose de pas ordinaire. Qu'il faut être d'une vigilance sans répit d'autant plus quand ils balancent leur tirade : "ouais mais han c'est ma vie han !" car les barbus avec leurs trente mots de vocabulaire connaissent leur cible et leur première mission est évidemment de détourner ces ados fragiles de leur famille.
Réussir un film aussi romanesque, constamment surprenant, bouleversant, poignant sur un thème aussi actuel chargé de tant de peur et d'actualité c'est vraiment très fort. Thomas Bidegain s'en empare avec fougue et une putain d'audace (excusez le mot !) et s'entoure d'un François Damiens solide, enfin beau, filmé comme une bête à l'affût, à la fois fort, excessif mais brisé (et bravo à lui de s'être rasé la tête... j'avais déjà constaté sa ressemblance avec Richard-Je t'aime d'amour-Dreyfuss, elle est ici évidente) et de Finnegan Oldfield (français malgré ce nom follement irlandais) d'une présence magnétique, mais aussi de John C. Reilly dans un rôle court de pourriture grandiose difficile à oublier...
Commentaires
J'ai entendu plusieurs fois le réalisateur à la radio. Je suis partagée entre l'envie de ne pas vouloir en entendre parler et l'inverse, ou bien sûr, je trouve que plus on verra de films et de livres sur le sujet, mieux ça vaudra. Là, tu viens de me donner une bonne poussée dans le dos.
Franchement, ça m'étonnerait que tu ne sois pas emportée par ce film.
Il me semble que j'ai réussi à le voir indépendamment du contexte même si j'y fais allusion.
C'est un beau film. Tout ce que j'aime.
Je vais regarder ce film....très important !!!!!!
Par contre quitté à déplaire....., les ados ils cherchent quoi?
Tu sais je lis BCP (même si ça pas l’air come ca) donc j’ai lu un papier fait par un recruteur pakistanais, sur recrutement des gens grandie dans le pays occidentales.
Toute leur technique se résume en 5 lignes.
Leur promettre,
Discipline,
Règles strictes
Valeurs morales
Repères Morales
Sentiment d’appartenir au une groupe,
Nulle part dans ce document ( 1.5 page) ce mec qui a recruter de milliers de gens de occident pour Jihad, il ne parle pas de l’amour, respect de autres etc.... donc si on veut limiter le dégât on doit peut être se dire que une famille est base de la vie en société, et que danser avec une plume dans le Q, moitié drogue, et faire politiquement correct, se ne pas forcement rêvé de tout les ados dans notre monde occidentale...
NB : Je ne veux pas blâmer les gens qui sont DIVORCES ou mères seules.....même après un Divorce, ou séparation pour mère célibataire le GENITEUR doit assumer sa rôle de père.....si non se un Conard.....
C'est tout à fait ce que les ados cherchent je pense, des limites, de la compréhension etc... et comme ils sont à une période difficile de leur vie, ils pensent parfois ne pas avoir ça chez eux. Les recruteurs sont très habiles.
Je n'ai pas bien compris ton dernier paragraphe mais je pense que les ados ou les jeunes adultes peuvent faire des mégateufs avec ou pas des plumes dans le cul et mener une vie responsable. Franchement, j'en ai deux exemples TRES TRES proches...
Ce serait couillon de blâmer les divorcés ou les familles monoparentales... chacun devrait... mais parfois les circonstances font que c'est très compliqué !
Je suis d'accord avec toi : François Damiens est beau dans ce film ... (tu dois aimer son nez, non ?) et Kid est parfait en fils, en baroudeur sale, puis en époux. En acteur quoi !!! Bon ... je n'ai pas bien compris ce qu'est venu foutre l'américain barbu dans le scénario. S'il avait pas été là, on aurait raté quoi ?? ... bon j'ai sûrement raté un truc ...
La fin ... j'ai retenu mon souffle et ravalé une grosse émotion qui m'est remontée du plancher pelvien jusque dans ma gorge. Vraiment ... waouh !!!
(bon, j'ai aussi ravalé mon envie de baffer les six vieux assis trop près de nous, qui ont commencé par bouffer bruyamment leur Magnum, et qui se sont permis plusieurs fois de faire des commentaires à haute voix) (pourtant lorsqu'ils se sont assis derrière nous, on a immédiatement déménagé de trois rangées vers l'avant, mais ça n'a pas suffi)
Merci !!!
Et oui tu as compris LE truc. Le nez de François est PARFAIT. Et il semble en être conscient
http://medias.unifrance.org/medias/51/199/116531/format_page/media.jpg
Et je le trouve encore mieux mis en valeur grâce à la barbe
http://img.20mn.fr/RyDSBm1mS3-b6WShEvo_GA/2048x1536-fit_francois-damiens-joue-alain-pere-va-rechercher-fille-pendant-douze-ans-cowboys.jpg
comme quoi, y'a barbu et barbu...
Je trouve le rôle de l'américain plutôt bien vu même si pas indispensable. En tout cas, ça permet une scène assez incroyable de corruption de police et la preuve qu'on peut croiser un salaud intégral partout.
La dernière scène, que dire de plus, elle est parfaite et devrait suffire à anéantir tous les points négatifs que je lis de ci de là.
Les vieux !!! Faudrait les noyer à la naissance j'ai toujours dit ! Et oui, parfois changer de place ne suffit pas.