21 NUITS AVEC PATTIE de Jean-Marie et Arnaud Larrieu **
Caroline se rend dans le sud ouest de la France pour organiser les funérailles de sa mère, avocate fantasque et frivole dont elle n'avait plus de nouvelles depuis longtemps et qui ne s'est guère occupée d'elle sa vie durant.
Caroline s'étonne qu'une mère aussi voyageuse possède une aussi grande demeure capable d'accueillir 17 personnes. Elle rencontre Pattie, jeune femme libre qui s'occupait de l'entretien de la maison pendant les absences de la mère de Caroline, et avec qui elle était très amie. Pattie n'aime rien tant que raconter dans le détail ses diverses, variées et nombreuses aventures sexuelles avec les hommes de la région. Caroline sans désir depuis des années l'écoute avec surprise et intérêt. Mais alors que l'on ne parle que des prochains bals du 15 août, le corps de la défunte disparaît et l'enquête de la gendarmerie s'engage immédiatement sur la piste d'un amant éploré, nécrophage ou nécrophile ! Puis débarque un ami de la morte, écrivain qui se prénomme Jean et ressemble à s'y méprendre à JMG Le Clézio.
En allant voir ce film je me suis dit que j'allais voir tous les films des frères Larrieu et qu'à peu près aucun ne m'avait plu. Pendant la vision de celui-ci je me disais qu'enfin j'appréciais et qu'il obtiendrait trois étoiles sans hésitation... Et puis, quand j'ai cru que le film était fini (malgré quelques petites réserves), les frangins ne savaient plus conclure. Et donc, les fins successives au lieu de prolonger le plaisir ont fait arriver l'impatience et l'agacement. Pourquoi ajouter l'histoire de cet ado qui semblerait attiré par les femmes mûres et finalement pas... d'autant que la femme mûre est représentée par Isabelle Carré qui n'y peut rien mais ressemble toujours à une ado ce qui est encore accentué par les tenues qu'elle porte ? Quel est l'intérêt des scènes assez ridicules de ce dragueur des bals pops acteur déplorable au demeurant alors que les géniaux Denis Lavant (tordant, inénarrable, physique étrange, tête de ouf et sourire irrésistible) et André Dussollier sont sacrifiés ? Et puis cette misogynie m'insupporte !!! Pour une fois que des réalisateurs, et ces deux là ne s'en sont pas privés jusque là, ne déshabillent pas systématiquement les filles, au contraire, ce sont les garçons qui montrent le plus de centimètres carrés de peau, prétendre parler du plaisir féminin et ne trouver pour satisfaire les filles "qu'une bonne bite", c'est un peu court les garçons. Enfin, façon de parler, car on sait que Sergi Lopez est... parfait !
Alors voilà, un Larrieu de plus et une déception supplémentaire. Néanmoins j'ai passé de bien bons moments en compagnie de Karin Viard qui porte au sommet son désormais emploi de bombasse sexuellement décomplexée. L'entendre faire le récit avec gourmandise, la bave aux lèvres et le souffle court, de ses multiples expériences sexuelles absolument irrépressibles, est à la fois drôle, réjouissant et mille fois plus explicite que les scènes de cul totalement loupées dans 99 % des cas. Je ne sais qui lui a écrit ses tirades, mais elles sont superbement écrites, totalement décomplexées, pornos et Karine Viard se met tout ça en bouche avec un art qui touche au sublime.
C'est en fait la direction d'acteurs qui force l'admiration. André Dussollier, Denis Lavant (aaaah Denis Lavant !) et Laurent Poitrenaux font chacun un grand numéro. Karin Viard est au-delà des mots... Quant à Isabelle Carré, elle semble errer dans un film qui ne lui appartient pas, c'est étrange comme sensation. Il y a aussi des paysages superbes (mais il faut aimer la montagne), de bien jolies scènes de fantômes dansant et beaucoup, beaucoup de soleil.
Commentaires
Je suis d'accord avec toi sur quasiment tout. Les films des Larrieu m'ont toujours laissée sur ma faim et celui-là encore plus que les autres. Avec un casting pareil ! (c'est Denis Lavant qui m'a décidée à y aller). Plus la séance avançait, plus je me demandais qui pouvait se sentir concerné par une histoire aussi nulle ... Tu es généreuse, je ne lui aurais mis qu'une étoile.
Je suis indulgente en effet. Leur soi disant épicurisme commence vraiment à me soûler aussi. Mais les récits de Karine Viard et Laurent Poitrenaux le gendarme sobt vraiment réjouissants. Denis Lavant me fait mourir de rire, m'impressionne... C'est exceptionnel ce qu'il fait ici.