LES HUIT SALOPARDS de Quentin Tarantino ***
Synopsis : Quelques années après la Guerre de Sécession, le chasseur de primes John Ruth, dit Le Bourreau, fait route vers Red Rock, où il conduit sa prisonnière Daisy Domergue se faire pendre. Sur leur route, ils rencontrent le Major Marquis Warren, un ancien soldat lui aussi devenu chasseur de primes, et Chris Mannix, le nouveau shérif de Red Rock. Surpris par le blizzard, ils trouvent refuge dans une auberge au milieu des montagnes, où ils sont accueillis par quatre personnages énigmatiques : le confédéré, le mexicain, le cowboy et le court-sur-pattes.
Et ils vont devoir passer quelques heures voire quelques jours ensemble. Très rapidement tous les personnages se mettent à douter les uns des autres, de leur identité et du but de leur présence. En tout premier lieu ce qui surprend les nouveaux arrivants est l'absence de Minnie et de son mari, propriétaires de l'endroit.
Comment tout cela va-t-il finir ?
Dans un bain de sang !
Et le sang sur la neige : c'est joli.
Petite baisse de régime. Je n'irai pas jusqu'à dire que Quentin a perdu son mojo mais forcément de lui, on attend l'excellence. Voilà, c'est ainsi, certains réalisateurs n'ont pas droit à l'erreur. Comme je n'ai pas bac + 12 en psychologie et que je ne suis pas dans la tête de Tarantino, je laisse soin aux encartés de parler de sa mégalomanie mais aussi d'auto-parodie, d'auto-suffisance, de complaisance et j'en passe.
J'ai trouvé que le réalisateur conscient de ce qui le lie à ses fans avait réalisé un film pour ses fans et on peut donc facilement y trouver ses repères. Deux huit clos successifs donc. Le premier se passe dans une diligence, le second dans une auberge. Il y a deux passagers et un cocher. Puis en plein blizzard, Le Major Marquis demande "l'hospitalité" et plus tard le nouveau shérif de Red Rock où tout le monde a rendez-vous. Une vraie station de métro aux heures de pointe cette route où on ne devrait pas sortir compte tenu de la tempête. Pour entrer dans la diligence il faut montrer patte blanche, cela donne évidemment lieu à d'interminables palabres. Si on n'aime pas, autant sortir tout de suite. Les acteurs de Quentin manient cela avec grand art. Et si tout n'est pas hilarant, le voyage passe bien vite.
La nouveauté est cette femme en route vers la pendaison et que le chasseur de primes qui veut en tirer 10 000 dollars ne cesse de rudoyer avec une violence insensée. Là, si on ne saisit pas la provocation de Quentin, autant le traiter de misogyne immédiatement. Ce que subit la pauvre Daisy Domergue (Jennifer Jason Leigh, géniale) est à la limite du supportable. Mais on rit. Tant pis. Quentin nous rend cruels, c'est comme ça, et on aime ça. Les propos racistes font également partie du jeu. Et Samuel L. Jackson (qui n'est bon QUE chez Tarantino...) est le porte-parole de ce que les noirs ont subi pendant et jusqu'à la Guerre de Sécession qui vient de s'achever. Mais les choses ne sont pas encore bien claires entre les noirs les blancs, les yankees et les sudistes.
Lorsque tout ce joli monde arrive à l'auberge de Minnie, la cohabitation avec les quatre pensionnaires arrivés depuis peu n'est pas simple. Le partage de l'établissement en zones de guerre et zones neutres est tordant et un vrai cours de géopolitique sur la situation américaine en cette fin de XIXème siècle.
On est chez Quentin, on sait donc que tout le monde ne sortira pas vivant de l'endroit voire, comme pour les Highlanders qu'il n'en restera qu'un. Ou pas. Ce n'est pas spoiler que de le dire, c'est une évidence.
Pour le final dont on se doute qu'il se fera dans une explosion d'hémoglobine, Quentin a réellement lâché les chevaux et si on ne rit pas face à ces geysers de sang et de cervelle, on peut vomir et encore une fois on n'a rien à faire là ! Qui ne sait que le réalisateur s'en donne toujours à cœur joie dans la surenchère de violence et de sang ? Cette fois, il semble en remettre des litres et c'est comme s'il voulait donner satisfaction au fan club. Je l'interprète ainsi. Comme un jeu, un clin d'œil, un échange avec le public et malgré les morts, les blessés, l'originalité des blessures, c'est drôle, c'est Tarantinesque.
Et voilà, c'est aussi ça qui fait les limites de ce film. S'il ne passe pas par les codes, s'il ne nous donne pas ce qu'on attend de lui, on lui en voudra, mais à force de ne nous donner que ce qu'on attend, on n'a plus de surprise. Le procédé ressemble à Reservoir Dogs, mais Reservoir Dogs on le connaît par cœur et on est du coup ni étonné ni déconcerté comme on le fut alors. Par ailleurs moins spectaculaire, moins romanesque que Django unchained et Inglourious Basterds, moins et pas assez musical aussi, il réserve quand même quelques coups de théâtre avec des apparitions au casting alors qu'il ne reste qu'une demi heure de film et sa formule très éprouvée de chapitres et de retours en arrière explicatifs. Et ça, j'adore !
Côté casting ? Du bon et un sans faute pour Jennifer Jason Leigh, Kurt-Love-Russel, Tim Roth en mode Christoph Waltz, Michaël Madsen, Samuel L. Jackson et Bruce Dern et... chut. Mais big mistake à propos de Walton Goggins, Demian Bichir, James Parks... qui n'impriment guère la pellicule !
Enfin, mon radar à choupinous ne s'était encore pas mis en action devant Craig Stark qui avait dû disparaître sous une couche de crasse et de poils dans Django... mais ici malgré un rôle court et plutôt inattendu, il nous régale la rétine parce que pour sa longue scène trop néanmoins courte, il n'a pas le début de commencement d'un vêtement sur le corps !!! Merci Quentin.
Commentaires
De l'hémoglobine à gros volumes, et "who would have thought the old man to have had so much blood in him ?" once again. Moi le palabre ne me dérange pas, d'ailleurs tiens je me referais bien Reservoir Dogs juste pour quand Tim Roth était bon en mode Tim Roth, ou Inglorious Basterds pour cette scène imbitable avec Mike Meyers et Fassie.
Oui les Tarantino on peut se les refaire en boucle. Mais tant qu'à revoir Fassie je préfère la scène où il joue à chatouille moi les bollocks ave cte bombinette de August. Mike Myers i mfile un peu de l'urticaire
C'est pas pour Mike Meyers, c'est pour ce bout de dialogue de taré où il faut quasi un doctorat en cinéma pour comprendre les blagues qui les font marrer.
Mais tant qu'à revoir le film, je le reverrai en entier.
Ah ok, je ne me souviens plus de ce dialogue, je devais être muette d'admiration de voir mais qui c'est ti qui viens d'entrer dans la pièce où y'a ce mochtron de Mike ??? Et du coup, j'ai pas écouté, j'ai bavé, c'est tout.
Reservoir dogs époque Django c'est exactement comme cela que j'ai décris le film à une amie pour ne pas spoiler. Pas le meilleur Tarantino mais quand on aime on est pas trop regardant, on savoure ce qui serait son antépénultième film en espérant que les 2 suivants (les 2 derniers WTF !) seront mieux ....
Merci pour tes avis toujours éclairés !
Ah bon, lui aussi a prévu de s'arrêter à un nombre spécifique de films ? Comme Luc Besson ? (mouhahahaha !)
Ah bon ? IL veut s'arrêter à 10 ???
N'importe quoi.
Stupéfaction de ma part itou.
(Noooon tu critiques Walton :( Et même Demian :( En fait, j'ai aimé tout le casting :D ).
Pour ma part, comme tu le sais, j'ai adoré ce film, je l'aime de plus en plus car je revois dans ma tête des détails, des choses encore plus intéressantes qu'elles avaient l'air. Je comprends que le film puisse moins plaire (il y avait une sacrée attente !) mais perso je trouve que QT signe un film ambitieux, malin, mature, sombre, moins dans le "what the fuck" pour se concentrer des aspects plus riches et complexes, même si ça peut dérouter. J'arrive même à excuser les quelques passages longs et bavards. Et puis c'est si beau visuellement et la musique de Morricone est fabuleuse :)
Et oui je trouve ton Walton bien moche :-)
C'est cool, on ne se disputera pas sur les garçons. J'en ai d'autres en réserve.
C'est étrange, moi si sensible à la musique je n'ai pas "imprimé" celle d'Ennio !!!
Exactement, on ne se piquera pas nos mecs mouahahahahah !
C'est dommage pour Morricone :(