LES CHEVALIERS BLANCS de Joachim Lafosse ***
Synopsis : Jacques Arnault, président de l’ONG "Move for kids", a convaincu des familles françaises en mal d’adoption de financer une opération d'exfiltration d'orphelins d’un pays d’Afrique dévasté par la guerre. Entouré d’une équipe de bénévoles dévoués à sa cause, il a un mois pour trouver 300 enfants en bas âge et les ramener en France. Mais pour réussir, il doit persuader ses interlocuteurs africains et les chefs de village qu’il va installer un orphelinat et assurer un avenir sur place à ces jeunes victimes de guerre, dissimulant le but ultime de son expédition...
En sortant de la séance je suis allée lire des documents à propos de l'affaire dont le film s'inspire. Il s'agit de l'opération menée par l'association humanitaire l'Arche de Zoé. A l'époque (2007), soit j'avais mal compris, soit ça avait été mal raconté, soit j'ai oublié depuis... en tout cas, je pensais qu'il s'agissait d'enfoirés de salauds qui étaient allés enlever des enfants au Tchad, orphelins ou pas, tout enfant faisant l'affaire, pour organiser une espèce de trafic d'adoptions en France.
Si le film reprend bien l'histoire, l'association appelée ici "Move for children" dirigée par un pompier, entouré de bénévoles, médecins, infirmières, pompiers, avait dans un premier temps pour objectif d'évacuer des enfants devenus orphelins dans un pays en guerre. Sur place, l'association découvre une situation désespérée où les mamans sont prêtes à se "débarrasser" de leurs enfants pour leur assurer des soins et la survie. Alors que faire ?
Face à un thème aussi inattaquable, difficile de rester de marbre. En tout cas moi j'ai été bouleversée par le sort de ces enfants malmenés (doux euphémisme) par la guerre, puis par leurs conditions de survie pour ceux qui s'en tirent, puis par les promesses qui leur sont faites d'une vie meilleure tout en les arrachant à leur pays, leur cadre de vie. Comment rester insensible ? Et pourtant Joachim Lafosse n'organise pas ce que j'appelle un chantage à l'affection en insistant sur le sort des enfants. On les voit certes, mais la plupart du temps comme tous les enfants, avec cette faculté d'adaptation incomparable qu'ils manifestent, même si les séquelles invisibles sont forcément ineffaçables. Il se place davantage du côté de Jacques (Vincent Lindon décidément et définitivement IMPERIAL) confronté à une abondance de sentiments et de situations contradictoires : mener à bien la mission qu'il s'est donné de sauver des enfants orphelins de moins de cinq ans dans le but de les faire adopter et découvrir par ailleurs qu'il est peut-être l'objet de marchandages de la part des chefs de village, puis qu'il se met hors la loi en mentant aussi bien aux autochtones qu'aux autorités françaises sur son objectif.
C'est très complexe et s'il ne s'agissait que d'une fiction, on se trouve forcément et sans hésitation du côté de Jacques. Sortir coûte que coûte les enfants de ce marasme, de cet horizon sans avenir au mépris des hautes valeurs morales. Alors évidemment, employer de grands mots en "isme" pour accuser et condamner tel que "néocolionalisme compassionnel" pour expliquer que de gentils bwanas blancs sont venus kidnapper de pauvres petits enfants noirs au nom de leur supériorité ça me paraît très intellectuel mais pas réaliste. Que faire alors ? Quand des gens qui font ce qu'ils peuvent et surtout ce qu'ils croient être "bien" se font arrêter, condamner et jeter en prison. Alors que paradoxalement on ne cesse de nous culpabiliser sur notre inertie. J'en ai jusque là, et même au-delà, de ceux qui brandissent leurs théories : "oui tu te donnes bonne conscience en versant quelques deniers à telle ou telle association !" Et bien oui, je donne à des associations, il en est même une qui me tient particulièrement à cœur car ce que l'on fait subir aux enfants de par le monde m'est absolument insupportable et pour celle-là j'ai même mis en place depuis plusieurs années un virement automatique mensuel parce que voilà, je n'essaie pas de me donner bonne conscience, c'est simplement que je ne suis pas une baroudeuse et que jamais, absolument jamais je n'irai dans un pays en guerre pour en extirper les innocentes victimes que sont les enfants. Alors si ma maigre contribution...
Bref, vous l'avez compris, ce film ne m'a laissée insensible et même m'a révoltée parce qu'il y a des gens qui mettent leur vie en péril pour faire ce qu'ils peuvent et ça me révulse qu'on les condamne. Voilà c'est simpliste, mais c'est moi.
Comme il s'agit aussi et avant tout d'un film et pas seulement d'un dossier, j'avoue que j'ai également été particulièrement sensible au traitement hyper réaliste des différentes situations et notamment des tensions entre les différents membres de l'association qui ne sont pas toujours d'accord avec les décisions du chef. Je vous laisse découvrir.
Une nouvelle fois Reda Kateb assure, malgré un rôle trop court, il est parfait. Mais l'interprétation de Vincent Lindon est au-delà des mots et des qualificatifs. Vincent jamais si crédible que quand il est calme, et à ce titre la confrontation avec un militaire américain est exceptionnelle, a dû être pompier travaillant dans l'humanitaire dans une autre vie. Connaissant le bonhomme, on imagine de toute façon son implication et sa révolte devant toutes ces horreurs et ces injustices, ce qui le rend idéal pour ce rôle !
"Chaleureux, robuste, il est terriblement sympathique... On l'aimera...
Un peu... impulsif..."
Vincent !!! Président !!!
Mais avant peut-être... Premier Ministre :
Commentaires
OBJECTION MADAME ! Vu le 13 novembre 2015 la date des... Une spectatrice m'a dit en sortant:" je 'en peux plus de Lindon et sa tête de Droopy". En tout cas, je m'attendais à un film passionnant et à la place c'est un film ennuyeux sur une histoire pourtant extraordinaire et qui aurait pu être captivant. Un vrai gâchis
Ah elle en peut plus de Lindon ??? Moi j'en redemande ! Et pour éviter de voir la tête de Droopy de Lindon, ça me paraît assez simple...
J'ai trouvé ce film vraiment bien fait. Il pointe les difficultés logistiques, la mésentente, les longues journées où il n'y a rien d'autre à faire qu'attendre, ce qui créé une grande tension. Très réussi mais pas spectaculaire.
J'ai envie de le voir ce film, pour Vincent et Reda. Je ne suis pas sûre que le film soit l'exact reflet de ce qui s'est passé, mais après tout ce n'est pas son rôle non plus et c'est compliqué.
Lindon est exceptionnel. Totalement différent de La loi du marché et pour cause... D'après ce que j'ai lu l'histoire ressemble beaucoup mais je te laisse découvrir.
J'ai trouvé ce film beaucoup trop énervé et pas très bien filmé. La scène longue et téléphonée de la fermeture du portail a achevé de m’ôter tout plaisir. Je lui reconnais une qualité, celle de faire réfléchir sur le charity business des ONG. Lindon est bon dans ce rôle d'énervé. Reda Kateb, j'aime bien.
Ben moi j'ai trouvé Lindon très calme.
Et Reda est parfait :-)
C'est un film plein de défauts mais effectivement QUE FAIRE putain ???