FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY 2016 - ROSALIE BLUM de Julien Rappeneau ***
LE FILM D'OUVERTURE
Vincent n'a pas d'écailles et pas beaucoup d'envergure. Etouffé par sa mère qui vit dans l'appartement juste au-dessus du sien, ballotté par une petite amie qui s'éloigne de lui aussi bien géographiquement qu'affectivement, intrigué par son cousin et meilleur ami qui multiplie les aventures, il a repris le salon de coiffure de son défunt père et s'ennuie mollement dans tout ou plutôt dans le peu qu'il fait.
Un jour qu'il fait des courses dans l'épicerie du coin, il reste figé devant l'épicière Rosalie Blum qu'il est persuadé avoir déjà rencontrée. Elle le remet vite à sa place, mais Vincent n'a plus qu'une idée en tête, découvrir qui est Rosalie Blum qui apparaît très solitaire et mystérieuse. Il se met à la suivre et rencontre des personnes qui de près ou de loin gravitent autour de Rosalie.
En présence du réalisateur Julien Rappeneau (fils de) et d'Alice Isaaz
Hier encore, ce film me posait de gros problèmes après sa projection. Il semblait que j'aurais été la seule à y avoir émis quelques réserves... Et je m'en serais voulu de démolir un premier film que je trouvais franchement bon mais...
De toute façon, face à l'ovation qu'il a reçue, je n'ai aucun doute quant à sa carrière et son succès prochains puisqu'il sortira en salle le 23 mars.
Je commencerai donc par mes réserves. Elles pourraient être de taille mais sont tellement subjectives et encore plus subjectives que le simple fait d'aimer un film ou pas sans savoir dire forcément pourquoi qu'il faut que je les énonce clairement. D'autant plus que malgré ces réserves (quel suspense non ?), le film est vraiment mais VRAIMENT bon et plus encore, il a ce que j'appelle le second effet kiss cool qui fait qu'après une nuit de sommeil, il laisse un souvenir absolument délicieux.
Mon problème tient au casting. D'abord Noémie Llvosky dont les minauderies permanentes, les grimaces avant chaque parole ou chaque sourire, sa voix très Valeria Bruni-Tedeschi (gnangnan !) je n'en PEUX PLUS ! Le summum est atteint lorsqu'elle dit "on va à la mer ? on y est dans trois heures !" où elle réussit à rassembler tous ces/ses tics de phrasés et d'expressions en quelques mots ! L'autre problème vient de Kyan Khojandi dont je n'avais strictement jamais entendu parler parce que je n'ai pas Canal+ et donc jamais vu Bref. Sorte de François-Xavier Demaison apathique, il semble être absent et... vide ! Evidemment on peut me rétorquer que son personnage est particulièrement mou du genou et indécis voire facilement manipulable. Mais je pense qu'il confond mélancolie et léthargie, faiblesse et indolence. En gros, on dirait un opossum de Virginie. Et puis pour que les losers trentenaires me fassent encore lever une paupière, il faut qu'ils aient du génie ou un grain de folie tels que Orelsan et Gringe.
Voilà, le sort de ces deux là étant réglés autant dire qu'il faut que le film soit sacrément bon pour que j'aie réussi à dépasser mon hostilité. Et bon, il l'est et sacrément parce que jusqu'à l'admirable twist final, Julien Rappeneau nous ballade, à son rythme mais avec un sens du récit d'une maîtrise réjouissante. Ainsi il construit son film en trois chapitres et pour chacun donne le nom d'un des personnages, Vincent puis Rosalie (nos chers Kyan et Noémie...) puis Aude (la ravissante et formidable Alice Isaaz) et nous donne à voir et à revoir la même scène ou presque, les mêmes situations ou presque mais de trois points de vue différents. Loin d'être lassant, au contraire, le dispositif nous met face à notre propre façon d'appréhender ce que l'on voit ou croit voir. Ce qui est absolument fascinant car même en tant que spectateur, l'imagination vadrouille fortement et toutes les interprétations tombent les unes après les autres. C'est donc du grand art et jusqu'à la toute dernière minute, on va de surprises en surprises.
Entre les personnages qui se rencontrent au fur et à mesure que le mystère s'épaissit et se résout, se crée des liens que là non plus on n'attend pas forcément. Il y a de l'humanité, de l'humour et de la fraternité chez ces gens-là. Des seconds rôles haut de gamme Anémone en mère abusive, Philippe Rebbot en coloc' un peu fou mais très consolant (ce type peut être Jésus donc il est GéNIAL), et le copain de Vincent dont je ne parviens pas à retrouver le nom.
Ce film est tiré d'une BD en trois tomes de Camille Jourdy que j'ai désormais très envie de lire.
Et puis, ce film vous avez l'aimé parce qu'en plus de toutes ces bonnes choses qu'il distille, Noémie et Kyan vont vous toucher. Moi, c'est connu, je n'ai pas de cœur !
Commentaires
J'ai lu les 3 BD, qui ne m'avaient pas emballée, contrairement à beaucoup de blogueuses. Mais j'irai volontiers voir le film, je verrai si je partage tes réserves ... ou pas.
Si tu n'as rien contre Noémie, je pense que tu aimeras :-)
J'ai lu les 3 BD aussi et je les avais bien aimées, j'irai voir le film :)
C'est marrant pour Noémie Llvosky parce que moi aussi elle m'agace de plus en plus, alors que je l'aimais beaucoup avant. Je trouve comme toi qu'elle s'enferme dans des tics et c'est dommage !
Je la trouve meilleure quand elle joue une méchante comme dans "chocolat"...
mais dès qu'elle doit faire un personnage doux et sensible... elle grimace, minaude et fait sa petite voix et ses sourires forcés. Je peux plus !