FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY 2016 - MELBOURNE de Nima Javidi ****
FILM EN COMPÉTITION - IRAN
avec : Payman Maadi, Negar Javaherian, Mani Haghighi, Shirin Yazdanbakhsh, Elham Korda, Roshanak Gerami, Alireza Ostadi
Amir et Sarah, jeune couple, sont sur le point de quitter le pays pour poursuivre des études à Melbourne, en Australie. Ils finissent de vider leur appartement. La baby-sitter de leur voisin, ayant eu un besoin urgent de s’absenter, leur a confié le bébé endormi.
Comme elle tarde à revenir, Amir appelle le père de l’enfant pour lui demander de venir le prendre.
Dommage que l'internet du monde révèle ce qu'il vaudrait mieux ne pas savoir. Moi, je ne vous le dis pas. Ne cherchez pas à en savoir davantage. Même si l'événement inattendu et pour le moins dramatique qui justifie toute la suite arrive dans la première demi-heure, ne rien en savoir permet un choc pour le moins percutant.
Difficile de ne pas évoquer et aussi de ne pas penser au film époustouflant d'un autre iranien Asghar Farhadi Une séparation et on souhaite à celui-ci la même carrière que celle de son prestigieux aîné. Ici encore il s'agit d'un départ, mais cette fois, le couple décidé à quitter l'Iran s'aime.
Mis à part quelques signes, le foulard sur les cheveux de toutes les filles, l'absence de contact physique entre les hommes et les femmes... cette histoire aurait pu se passer dans n'importe quel pays tant le réalisateur s'applique (ou est-ce inconscient ?) à ne montrer pratiquement aucune particularité du pays où elle se déroule.
A partir d'un événement absolument incontrôlable, imprévu, éprouvant et dramatique, les deux jeunes gens vont s'acharner à prendre toutes les mauvaises décisions, à faire tous les mauvais choix possibles. D'un accident tragique dont ils auraient pu parler, ils vont s'orienter presque sans le choisir, vers une situation inextricable à force de mensonges et de dissimulations qu'on a d'abord du mal à comprendre et qui semblent peu à peu inévitables.
Un huis clos étouffant malgré la belle lumière du film où, dans un appartement de deux pièces qui se vide peu à peu, un couple s'enferme dans les tricheries et les tromperies. Allant jusqu'à se rejeter une faute qu'ils n'ont pas commise et faire le choix le plus immoral qui soit quitte à s'embourber dans la culpabilité.
Chaque scène semble entraîner la suivante inéluctablement. Comme il s'agit de leur dernier jour en Iran, le couple reçoit de nombreuses visites, un brocanteur, le propriétaire pour l'état des lieux, une voisine qui offre à manger... et à force toutes ces interventions orientent le couple vers une nouvelle décision.
Oppressant et surprenant jusqu'à la toute dernière scène.
Les deux acteurs principaux Payman Maadi (déjà le mari dans Une séparation) et Negar Javaherian sont magnifiques, impressionnants. Ils semblent se décomposer au fil de l'histoire comme si toute couleur disparaissait de leurs visages.
Commentaires
Encore sous le choc de ce film avec lequel j ai débuté mon week-end annonéen. Dans les premières minutes,la proximité avec "une séparation" et la présence du même acteur m ont perturbée mais très vite l habileté du scénario, de la mise en scène et des comédiens m ont totalement embarquée. Impossible de ne pas s identifier à ces personnages pris dans un engrenage de culpabilité et de responsabilité, qui s enfoncent à mesure qu ils se débattent comme des insectes pris au piège. Thème universel certes, mais on sent bien tout l arrière plan de l étouffante société iranienne que ces deux-là tentent de fuir, et sont sur le point de réussir leur évasion...et doivent à tout prix la réussir. Et le spectateur comme les deux héros est dans cette tension extrême, les nerfs vrillés par les sonneries de toute sorte dont la bande son est truffée, incapable comme eux de réfléchir, de prendre les bonnes décisions jusqu'à éprouver un troublant soulagement final. Du grand art....
L'acteur je me disais : je l'ai vu quelque part, c'est toi qui m'as mise sur la voie :-). Il est étonnant. Et elle aussi (et d'une beauté).
Mais quel stress pendant tout le film. Et tu as raison, les sonneries de téléphones, portables, porte, interphone sont un élément essentiel dont j'ai oublié de parler.
A quand ton blog ? :-)
Décidément, je ne connais pas beaucoup le cinéma iranien mais ce n'est pas léger on dirait : à l'image de la vie là-bas on dirait... Très intéressant le film "La séparation", j'avais bien aimé, ainsi que le plus récent "Taxi Téhéran"... Ton article donne envie de voir celui-ci ! En fermant les yeux et les oreilles avant, alors ! :)
Oui il ne vaut mieux pas connaître LE truc... sinon tu n'iras pas :-)