FESTIVAL INTERNATIONAL DU PREMIER FILM D'ANNONAY 2016 - SEA FOG LES CLANDESTINS de Sung Bo Shim ***
PREMIER FILM HORS COMPÉTITION
La vie privée du Capitaine Kang est une catastrophe. Seul son bateau de pêche lui donne satisfaction. Mais le propriétaire, jugeant l'activité du rafiot peu rentable, menace de le vendre.
Pour éviter d'en arriver à cette extrémité, Kang accepte ce qu'il avait toujours refusé jusque là : transporter des clandestins chinois pour renflouer les caisses.
Après un début de voyage relativement calme, la tempête se lève et les imprévus se succèdent.
J'ai parfois l'impression que dans le cahier des charges du cinéma coréen doit être mentionné : "surprendre le spectateur". Avec ce film la contrainte est parfaitement respectée.
Plusieurs films en un donc. La crise dans le milieu de la pêche en mer dans un pays mal connu où la pauvreté des travailleurs est un mal quotidien. Les premiers plans explorent la vie à bord. Chaque geste, chaque poste est suggéré au son d'une musique lyrique.
Puis après une brève escale sur terre lors de laquelle Kang est méprisé par son patron, trompé par sa femme... la décision est prise de faire monter à bord des clandestins. La scène où ils sont transférés d'une embarcation à l'autre est saisissante de réalisme. Totalement novices dans le transport de cette "marchandise" les marins se révèlent attentifs et attentionnés aux clandestins. A la grande surprise de ces derniers, on leur offre de la nourriture et des couvertures. Si ce n'est l'obsédé sexuel qui verrait bien l'opportunité de s'offrir les deux femmes à bord comme repos du pêcheur, l'ambiance est plutôt à la bienveillance. Le plus jeune des matelots ira même jusqu'à sauver de la noyade, puis cacher et protéger la plus jeune des deux passagères. Une improbable idylle va naître entre les deux jeunes gens et l'on se dit que même si la croisière n'aura rien d'idéal, elle s'annonce pour le moins originale.
C'est compter sans l'imagination délirante du réalisateur qui en plein cœur de son film et alors qu'on ne s'y attend vraiment pas, brouille tout, opère une rupture nette, démontre que la bonté humaine a des limites rapidement mise à l'épreuve et le cauchemar peut commencer...