TEMPÊTE de Samuel Collardey ***
Avec : Dominique Leborne, Matteo Leborne, Mailys Leborne
A 36 ans, Dom est marin pêcheur en haute mer et ne rentre que quelques jours par mois à terre. En dépit de ses longues absences, il a la garde de ses deux enfants. Dom fait tout pour être un père à la hauteur. Il rêve même d’avoir sa propre affaire, un petit bateau de pêche à la journée qu’il exploiterait avec son fils.
Assez grands pour s’assumer, Mailys et Mattéo n’en sont pas moins deux adolescents qui font leurs propres expériences. L’une d’elles, malheureuse, va forcer Dom à faire un choix entre son métier au grand large et sa vie de famille.
Le réalisateur nous embarque dans une aventure inédite : raconter la vraie vie de vrais gens en la scénarisant un peu. C'est-à-dire qu'il s'agit d'un vrai film mais que ce qui s'y passe est vraiment arrivé aux personnages/acteurs du film qui ne sont pas des acteurs... Vous suivez ? Dominique le père et ses deux enfants Matteo et Mailys rejouent donc certains événements marquants de leur vie. Est-ce vraiment utile de savoir tout ça ? Je ne sais pas, je l'ai découvert par hasard. Est-ce que ma perception et mon avis sur le film en sont modifiés, je ne sais pas non plus. Il ne s'agit en aucun cas d'un documentaire, ni d'un docu-fiction. Bref, vous l'avez compris (ou pas)... c'est une aventure, une expérience et un vrai film en tout cas qui vaut largement le déplacement, le voyage.
Il m'arrive souvent, lorsque je vois une prestation d'acteur bluffante, de dire : "ah ben oui, acteur, c'est un métier". Sauf que là, Dominique Leborne n'est pas acteur mais qu'avec sa gueule de cinéma, son naturel et son charisme, il est absolument époustouflant. Il paraît même que grâce à sa performance, il a déjà reçu plusieurs prix d'interprétation.
Dom' a deux passions, la mer et ses enfants. A cause de son "grand métier" (formule des marins pour dire qu'ils partent en mer), il est parti pratiquement 6 mois par an. 10 jours consécutifs au moins puis retour deux jours à terre. Pendant ses absences, ses deux ados d'enfants se débrouillent. Lorsqu'il rentre, c'est la fête, au point de dormir ensemble tous les trois et d'avoir un mal de chien à se séparer après un si court week-end. C'est infiniment touchant, ça fend le cœur de les voir. Et même si le père, encore jeune (38 ans) est parfois plus gamin que ses propres enfants, il les entoure d'une affection sans limite. Les câlins et les bisous pleuvent sans réserve. Et c'est beau.
Il arrive un sale coup à Mailys et Dom' et après un loupé qui aura des conséquences dramatiques, il n'hésite plus, il abandonne "le grand métier", retourne à l'école, projette d'acheter un bateau pour y travailler avec son fils, son "gars" comme il l'appelle et être là pour Mailys qui en a plus que jamais besoin. Mais la poisse colle aux basques. Les services sociaux s'en mêlent. La mère des enfants qui n'a pourtant pas la garde des enfants, fait valoir ses droits. Nouveau crève cœur. Dom' doit prouver qu'il est là pour ses enfants, ce qu'un marin absent 6 mois par an ne peut faire. Et Dom' essuie plusieurs refus auprès d'une banque (scène vomitive), auprès des armateurs (scène hyper dure), il touche le fond, ne peut plus chauffer sa maison, survit grâce à des petits boulots, son fils le regarde avec mépris, sa fille le rejette...
Et lorsqu'on croit, comme Dom', aveugles que nous sommes, que Mailys vit une adolescence ordinaire avec toutes les incompréhensions et excès dont est capable une fille de 16 ans, c'est dans les bras de son père qu'elle vient expliquer le mal sincère et profond dont elle souffre. Scène bouleversante. Suivie d'une autre, tout aussi poignante chez un tatoueur.
Pronfondément ancré dans une réalité et un contexte sociaux difficiles, cette famille vit la Tempête autant en mer que sur terre. Les obstacles que Dom' rencontre pour faire face, pour se reconvertir paraissent insurmontables. A la fin on a simplement envie de s'inscrire sur Adoptenmarin.com et on espère sincèrement qu'aujourd'hui, tous les trois vont bien.
Commentaires
Le pêcheur Dominique a reçu le prix (mérité) d'interprétation à la Mostra de Venise !
Ils sont bien ces vénitiens :-)
J'ai bien aimé ce film et en plus dans la fête la vieille tante entonnait un "Chic à l'amour la violette..." un truc que je croyais réservé à notre groupe de copains.
Mouche disait : tempête en mars, t'en chie en avril !
Ouais j'ai pensé à toi !
Tu peux me le rechanter ?